Journal Cumhuriyet Kitap du 28 juillet 2011
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Beaucoup de gens attendaient l’événement : Erol Köseoğlu sur la scène de Gezi Park, à Taksim, au centre d’Istanbul, dans le cadre des concerts de chansons françaises organisés par Lilakedi Event !
La scène de Gezi Park, sur la place de Taksim, organisation de Lilakedi Event.
Le réglage du son
Erol à l’état « normal »
Erol avant d’entrer en scène. Le trac ?
Le concert a commencé. Erol commence par interpréter des chansons françaises célèbres.
Puis, il enchaîne sur ses propres compositions.
Le public découvre en particulier sa nouvelle chanson « La Crise », qui parle de façon humoristique du chagrin d’amour ; des jeunes crient : « Tu es super, continue ! »
Belle façon pour Erol de fêter ses 20 ans.
Présentation d’Erol par lui-même :
Né le 14 juin 1991, je suis un passionné de musique. Je joue de la guitare depuis l’âge de dix ans, de l’accordéon depuis deux ans et je compose de la musique depuis 2007.
En effet, ma plus grande passion est de composer. Après mes premières expériences de scène au lycée, j’ai réalisé les arrangements des morceaux de la pièce L’Epopée d’Ali de Kechan, mise en scène par François Baril avec la troupe du Lycée Pierre Loti, qui a été jouée à Paris à l’automne 2009, dans le cadre de la saison de la Turquie et j’ai participé au spectacle en tant que batteur et guitariste.
Actuellement, je suis étudiant en seconde année d’Ingénierie informatique de l’Université de Galatasaray, à Istanbul. Durant l’été 2010, j’ai chanté le soir mes propres compositions au club Bistro de Bodrum, sur la côte turque. C’est depuis cette période que j’ai commencé à écrire moi-même les paroles de mes chansons.
Cette année, j’ai composé les musiques d’une pièce de théâtre musical, Janus, (de Gisèle Durero), qui va être éditée à la rentrée 2011. En mai, j’ai participé au concours de chansons Castarprod et j’ai été classé 5ème sur 50.
Mes projets immédiats : enregistrer en studio les musiques et chansons de Janus, continuer à composer et chanter cet été à Istanbul ou à Bodrum…
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PS : On pourra découvrir de nombreuses compositions inédites d’Erol en janvier 2012, dans le CD des musiques et chansons de la pièce de théâtre musical Janus (le CD sera contenu dans la couverture du livre).
Dimanche 19 juin 2011 a eu lieu à Istanbul, Gezi Park à Taksim, un concert de chansons françaises organisé par Lilakedi Event et donné par trois amateurs :
Florence Demirkan : Chant.
Professeur de Lettres au Lycée Pierre Loti d’Istanbul, Florence est passionnée de musique, de chant lyrique et de chansons de variété.
En 2004, elle a participé en tant que chanteuse à la pièce de théâtre musical Les Confessions d’une guinguette, mise en scène par Ayche Garcin.
Elle a chanté une quinzaine de chansons, accompagnée à la guitare par Erol Köseoglu et à l’accordéon par Gisèle Durero-Köseoglu.
Erol Köseoglu : Chant et guitare.
Etudiant à l’Université de Galatasaray, Erol, 20 ans, est un passionné de musique ; il compose depuis 2006. En 2009, il a réalisé les arrangements des morceaux de la pièce L’Epopée d’Ali de Kechan, mise en scène par François Baril avec la troupe du Lycée Pierre Loti et a participé au spectacle comme batteur et guitariste. En mai 2011, il a été classé 5ème au concours de musique Castarprod. Il vient de composer la musique de la pièce de théâtre musical Janus (auteur Gisèle Durero-Köseoglu) qui va être éditée (avec le CD) à Istanbul à l’automne 2011.
Il a chanté six chansons, dont trois de sa composition.
Gisèle Durero-Köseoglu : accordéon.
Auteur de ce blog… Professeur de Lettres au Lycée Pierre Loti d’Istanbul et écrivain, j’ai aussi la passion de l’accordéon mais je ne suis qu’un « accordéoniste amateur… »...
J'ai participé en tant qu’accordéoniste à deux pièces de théâtre musical : Les Confessions d’une ginguette, 2004 (mise en scène de Ayche Garcin) et L’Epopée d’Ali de Kechan, 2009 (mise en scène de François Baril).
Fransizca Şarkılar (amatör), Pazar 19 Haziran, saat 21’de, Taksim, Gezi Park :
Florence demirkan : şarkici
Erol Köseoglu : şarkıcı (ve gitar)
Gisèle Durero-Köseoglu : akordeon
Ce fut une merveilleuse aventure : participer à la pièce de théâtre musical montée à Istanbul en 2009 par François Baril avec la troupe du Lycée Pierre Loti. Notre metteur en scène avait choisi une célèbre pièce musicale turque traduite en français, l’Epopée d’Ali de Kechan.
La troupe des acteurs était constituée ; il ne restait plus qu’à trouver les musiciens. Aussi François Baril décide-t-il de faire appel à quelques professeurs du lycée passionnés de musique, amateurs ou « pro » mais tous volontaires enthousiastes pour se lancer dans cette formidable expérience.
Notre groupe en studio : De gauche à droite : Gisèle Durero-Köseoglu (moi-même, accordéon) ; François Baril, metteur en scène ; Daniel Chauchat, basse ; Erol Köseoglu, guitare électrique et batterie ; Frédéric Boerkmann, clavier ; José Blasco, guitare électrique ; Sebnem Poryali, flûte.
Quant aux arrangements destinés à adapter en rock ou funk les morceaux de musique turque, ils sont réalisés par Erol Köseoglu, mon fils cadet, que François Baril nomme sur-le-champ "chef d'orchestre".
Nous répétons tous ensemble d’octobre à mai, le lundi soir de 19h à 22h. Trois d’entre nous sont des « pros » par leur niveau (José et Sebnem) ou « presque pro » ( Erol) mais les trois autres, dont je fais partie, des amateurs.
Que d’heures de travail, d’un lundi à l’autre, pour arriver à préparer les morceaux ! Répéter et répéter encore des musiques parfois difficiles car le lundi, il faudra jouer « en groupe » et pour un amateur, cela implique de connaître les partitions par cœur, sinon, c’est « la purée » ... (Et puis, Erol nous a concocté de ces partitions pleines de dièses… Pour moi, les basses les plus malaisées de l’accordéon, j’en ai des sueurs froides, est-ce que mes doigts parviendront à voler sans encombre, le jour de la représentation, avec le stress, du « la dièse » au « la naturel » ? Sans parler de certains rythmes « alla turca » qu’il a conservés, du genre 6/8 ? Gloups ! Komen ke sa se jou se truc ? Quand on a des oreilles formées jadis au piano avec les exercices de Magdalena Bach ou les valses de Chopin...)
La satisfaction alterne avec le découragement mais nous savons que nous avons un défi à relever, il faut y arriver, nous y arriverons.
Je savoure cette chance unique qui m’est offerte de pouvoir jouer dans un groupe avec un de mes fils…
Les six musiciens de notre orchestre en « gitans des banlieues d’Istanbul », en mai 2009
Dernière répétition avant la représentation : concentration maximale
Sebnem et moi...
Daniel, José et Frédéric...
Erol
Bon, le défi a été relevé…
Et c’est déjà la dernière représentation…
Les acteurs vont poursuivre leur chemin et enchaîner sur nouvelle pièce, qui ne sera pas musicale, cette fois ; les musiciens « pro » ont leurs activités ; quant aux musiciens amateurs, nous nous sentons nostalgiques, « dans le vide ».
Vivement qu’un autre projet se présente pour qu’on puisse à nouveau « faire de la musique » !!!
Le numéro 308, de février 2011, de la revue du Türsab, Association des Agences de voyage de Turquie ( Türkiye Seyahat Acentaları Birliği ou Association of Turkish Travel Agencies) vient de mettre à l’honneur, en turc et en anglais, İstanbulin, version turque de Mes Istamboulines !
Une belle surprise en cette matinée d’hiver !
Merci aux agents de voyage turcs !
Türsab'a teşekkür ederim !
Pour informations sur mes livres, mon site : link
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Lorsque j’étais enfant, une de mes distractions favorites, quand nous partions nous promener en voiture, était de regarder les maisons.
A cette époque, la ville de Cannes comportait encore un nombre impressionnant de manoirs et châteaux entourés de jardins, que je détaillais avec passion car ils incarnaient les témoignages concrets des époques révolues dont l’histoire me passionnait déjà. Hélas, à partir des années 1970, à cause de l’avidité de certains, les maisons de légende ont disparu une à une, les arbres centenaires ont été coupés pour édifier de hideux immeubles qui ne feront plus jamais rêver personne.
Il en fut de même à Istanbul où le vingtième siècle, au nom du profit, a joué le funeste fossoyeur des merveilles du passé.
Ancienne vue de Nişantaşı, 1900
Comment imaginer aujourd’hui que les collines de Nişantaşı et de Teşvikiye étaient couvertes de palais et de manoirs ?
Carte réalisée en 1924 par Jacques Pervititch et représentant les demeures de Ferikoy et Nişantaşı
Konak de Süreyya Pacha, Photo du site Wowturkey
Rappelons brièvement que lorsque le sultan Abdülmecit quitte Topkapı pour s’installer au palais de Dolmabahçe, les dignitaires du palais commencent à édifier des "konak" à Nişantaşı pour se rapprocher du sultan. De plus, en octroyant aux étrangers, à l’époque du Tanzimat, le droit de s’installer dans le quartier, le padischah donne naissance à Teşvikiye et en symbolise la création par la pose des deux pierres, que l’on peut encore voir aujourd’hui devant le poste de police et au carrefour de Teşvikiye Caddesi et de Valikonağı. La popularité des quartiers de Nişantaşı et de Teşvikiye augmentera encore avec l’installation d’Abdülhamid à Yıldız. C’est pour cela que jusqu’aux années trente, ils demeureront célèbres pour leurs luxueux “konak” de bois.
Comme un enquêteur, je me suis lancée sur la piste de ces demeures. Et j’ai eu la chance de trouver sur le site Wowturkey d’anciennes photographies de ces merveilles qui ont fait jadis la gloire de notre quartier.
Quels étaient donc les plus célèbres de ces "konak" ?
Deux d’entre eux méritent une attention particulière car ce sont les seuls qui ont résisté aux ravages du temps et subsistent aujourd’hui.
Le palais du ministre Sait Pacha ( Sadrazam Sait Paşa Konağı)
Il fut édifié au XIXème siècle par Sait Pacha, qui fut durant de longues années un des plus importants ministres du sultan Abdülhamit II. Renommé pour son intelligence fine et son amour de l’intrigue, Sait Pacha est aussi célèbre pour avoir fait édifier sur la place d’Izmir la tour de l’horloge, dont l'horloge a été offerte à Abdülhamit pour les 25 ans de son règne par l’empereur allemand Guillaume II et pour avoir soumis au sultan un projet de pont sur le Bosphore imaginé par un architecte italien.
Le konak de Sait Paşa aujourd'hui ( Sait Paşa Konağı), devenu Académie de mode d'Istanbul
( Istanbul Moda Akademisi)
Ayşe Osmanoglu, une des filles d’Abdülhamid, précise dans ses souvenirs, Mon père le sultan Abdülhamid, que Sait Pacha était si cultivé que le sultan le surnommait « la bibliothèque ambulante ». Par contre, son avarice était telle, en dépit de la fabuleuse rente mensuelle versée par le sultan, qu’il n’hésitait pas à se présenter au palais dans des habits sales et élimés et emportait volontiers les vieux habits des petites sultanes pour vêtir ses propres filles. Son épouse ne put jamais porter la couronne de brillants offerte par Abdülhamid parce que Sait Pacha l’avait enfermée dans un coffre-fort !
Détruit par un incendie en 1988 puis somptueusement restauré, le konak de Sait Pacha abrite aujourd’hui l’Académie de mode d’Istanbul (Istanbul Moda Akademisi).
Le konak du Pacha Echref ( Eşref Paşa Konağı)
Le konak du Pacha Echref (1820-1907), fut construit par Echref Pacha, célèbre pour avoir été maire d’Izmir jusqu’en 1907 et y avoir fait édifier l’hôpital de lutte contre la peste qui porte encore son nom. Restauré en 1995, le konak renferme aujourd’hui la plus importante salle de vente aux enchères de la ville, Antik Palace.
Le konak de Echref Pacha aujourd'hui, devenu Antik Palace.
Le Pacha Echref
Et puis il ya tous les autres, ceux qui ont disparu et dont ne subsistent que les photos décolorées et les fantômes…
Le palais de la Sultane Valide ( Valide Sarayı ou Maçka Sarayı)
Il fut édifié en 1850 pour la sultane Perestu, (son poétique prénom signifait en persan « l’hirondelle »), mère adoptive du sultan Abdülhamid II. Comme le jeune homme, qui avait perdu Tirimujgan, sa mère biologique, à dix ans, aimait beaucoup Perestu, elle devint Sultane Valide lors de l’accession au trône d’Abdülhamitd en 1876. D’après Ayşe Osmanoglu, Perestu était une Circassienne d’une exceptionnelle beauté, appréciée de tout le palais pour sa douceur et sa gentillesse. Elle aima d’autant plus Abdülhamid qu’elle n’avait pas pu avoir d’enfant. Ses tenues sont demeurées célèbres : elle portait souvent une robe constituée de quatre jupes superposées, une toque de dentelle blanche ornée de broches en émeraude et des souliers de daim blanc.
Le palais de la Sultane Valide, photo du site Wowturkey
Elle aimait beaucoup son palais de Maçka, construit à l’origine par le sultan Abdülaziz mais ne pouvait s’y rendre autant qu’elle le souhaitait car Abdülhamid exigeait qu’elle reste tout le temps après de lui. Elle parvenait parfois à s’y rendre en cachette le vendredi après la cérémonie du Selamlık mais dès que le sultan se rendait compte de son absence, il envoyait une calèche pour la ramener. Le jour où elle sentait que la mort approchait, Perestu s’échappa car elle voulait mourir à Maçka. Ce palais qu’elle aimait tant fut détruit en 1920.
Le manoir du prince héritier Mehmet Selim Efendi ( Şehzade Mehmet Selim Efendi Konaği), fils ainé du sultan Abdülhamit II.
Il se trouvait au croisement de Teşvikiye Caddesi et Hüsrev Gerede, à l’emplacement où fut édifié ensuite Narmanlı Apartimanı. Je n’en ai pas trouvé de photo mais les témoignages de l’époque disent que c’était un somptueux palais.
Mehmet Selim Efendi était le second enfant et le premier fils d’Abdülhamid. Né en 1870 à Dolmabahçe, il a donné au sultan Abdülhamid son premier petit-enfant en 1888, Nemika Sultan. Après la chute de l’empire, Mehmet Selim Efendi a vécu en exil à Bayrouth puis été enterré à Damas dans le jardin de la mosquée du Sultan Selim, où reposent de nombreux membres de la dynastie ottomane morts après 1923.
Le palais de la sultane Şadiye ou Palais de Nişantaşı (Nişantaşı Sarayı)
Il a été construit en 1878 et donné plus tard en cadeau à Şadiye Sultan, neuvième enfant et cinquième fille d’Abdülhamid, née en 1886 de la sultane Emsalinur, au palais de Yıldiz. Partie en exil à Salonique avec son père, Şadiye obtient en 1910 l’autorisation de retourner à Istanbul pour se marier avec Ahmet Fahir Bey. Elle s’installe dans son palais de Nişantaşı qu’elle décore à son goût et y retrouve un train de vie princier. Elle y reçoit tous les lundis et passe son temps libre à jouer du piano. L’été, elle se rend dans son manoir de Erenkoy.
Palais de la sultane Şadiye photo Wowturkey
Devenue veuve, elle se remarie avec un diplomate, Reşat Halis Bey et vit à l’étranger, en particulier à Paris. En 1963, la revue Hayat lui propose de réaliser un reportage sur son passé. Ce sera le matériau d’un livre intitulé La vie au harem sous le règne d’Abdülhamid. (II.Abdülhamid Devrnde Harem Hayatı) Quant au merveilleux palais de Nişantaşi, il fut détruit en 1920, deux ans après la mort d’Abdülhamid.
La sultane Şadiye
Le palais de Ahmed Reşid Pacha (Ahmed Reşid Bey Konagı)
Ce palais, édifié en 1869 et détruit en 1939, fut la demeure de Ahmet Reşit Rey (1870-1956), haut fonctionnaire ottoman, père du compositeur Cemal Reşit Rey. Ahmed Reşid Pacha fut pendant quatorze ans le secrétaire d’Abdülhamid II et a aussi occupé de hautes fonctions dans plusieurs pays étrangers, jusqu’à sa démission au Traité de Sèvres, date après laquelle il abandonne la politique et se consacre à la littérature en exerçant le métier de professeur au Lycée de Galatasaray. Ahmed Reşid Pacha est l’auteur de nombreuses études littéraires, en particulier sur la littérature française et il a publié plusieurs œuvres littéraires sous le pseudonyme de Nazım.
Palais de Ahmed Reşid Pacha, photo Wowturkey
Le palais du Pacha Reşid Mümtaz (Reşid Mümtaz Paşa Konağı)
Edifié en 1860, il fut construit pour le pacha Reşid Mümtaz, ministre des Affaires intérieures sous Abdülhamid II puis maire d’Istanbul entre 1906 et 1908. Ce fut un incendie qui, en 1940, fit disparaître ce somptueux édifice, qui avait abrité, dans les années 1930, le lycée de Şişli terakki.
Palais du Pacha Reşid Mümtaz, photo Wowturkey
Le palais du Pacha Halil Rıfat Paşa (H alil Rıfat Paşa konağı)
Le Pacha Halil Rıfat (1827-1901) est un haut fonctionnaire ottoman, qui après avoir occupé la fonction de préfet de Sivas et d’Izmir devint pendant six ans ministre du sultan Abdülhamid II. Il est connu pour avoir fait tracer des centaines de kilomètres de routes. Son merveilleux palais, édifié en 1895, abrita dans les années 1930 le lycée de Şişli Terakki, avant d’être détruit en une seule nuit en 1944.
Konak de Pacha Halil Rıfat, photo Wowturkey
Pacha Halil Rıfat
Penser que toutes ces demeures de légende ont disparu procure une effroyable nostalgie. Orhan Pamuk l’appelle, dans Istanbul, Souvenir et Ville, « la tristesse des palais de pachas qu’on détruit… »
Je dois avouer que j’en suis fière. Car cela fait toujours plaisir à un écrivain de voir reconnaître son travail. Fière de quoi ? D’apprendre que des universitaires ont fait de ma Trilogie d’Istanbul un de leurs sujets d’étude.
En effet, cette semaine, je découvre avec plaisir dans la revue Synergies, émanant du Gerflint ( Groupe d’Etudes et de Recherches pour le Français Langue Internationale ), une étude intitulée Représentations de l’Autre dans le conte moderne de Gisèle : Fenêtres d’Istanbul et réalisée par les professeurs Emine Bogenç Demirel, de l’Université technique de Yıldız et Arzu Kunt, de l’Université d’Istanbul.
La lecture de ce texte m’a passionnée. J’y ai découvert des aspects de ce livre dont je n’avais pas conscience.
Cela me rappelle une question que me posent souvent mes élèves :
Est-ce que l’auteur a pensé à tout cela en écrivant ?
RAPPEL SUR LA TRILOGIE D'ISTANBUL
La Trilogie d’Istanbul (Editions GiTa Yayinlari, Istanbul), est une somme romanesque se déroulant à Istanbul entre 1985 et 2009. Elle est composée de : Fenêtres d’Istanbul (2003, réédition 2006), Grimoire d’Istanbul (2006) et Secrets d’Istanbul (2009).
Le fil conducteur des trois tomes de la Trilogie d’Istanbul est le personnage nocturne du Tambour du Ramadan ; dans Fenêtres d’Istanbul, il marche seul dans la nuit au fil des rues et tombe amoureux d’une fille à sa fenêtre, Lune-de-Tulle ; il devient chauffeur d’un antiquaire dans Grimoire d’Istanbul et brocanteur dans Secrets d’Istanbul…
Une autre analyse, portant sur les trois tomes de La Trilogie d'Istanbul, avait été présentée en turc au Symposium de littérature de l’Université de Beykent au printemps 2010, par Şenay Ulucan, de l’Université de Dicle à Diyarbekir : La multiplicité des cultures dans La Trilogie d’Istanbul.
Au printemps 2010, je participe au Symposium de littérature de l’Université de Beykent pour parler de Marc Hélys lorsque je découvre que la jeune femme venue de l’université de Dicle va faire une conférence sur La Trilogie d’Istanbul ! Un grand moment d'émotion ! Que va-t-elle donc dire sur mes trois volumes ? Je me souviens de mon bonheur à la fin de son intervention. Le message de fraternité et tolérance dont j'avais fait ma ligne de conduite dans les trois romans avait constitué le point central de son étude.
En fin de compte, merci à ces personnes qui ont consacré du temps à mes livres et finalement, les connaissent maintenant mieux que moi !
L’auteur écrit puis il jette sa bouteille à la mer. Chaque lecteur réinvente son propre livre ; ce sont ces multiples métamorphoses qui font du livre ce qu’il est.
TurquieVision est une nouvelle agence de voyages, crée par des professionnels spécialistes de longue date de la Turquie. Le catalogue 2011, illustré de magnifiques photos, vient de paraître.
Je suis heureuse d’y avoir apporté une modeste contribution en écrivant l’introduction consacrée à la ville d’Istanbul.
Mais ce n’est pas tout : cette agence offrira Mes Istamboulines à chaque voyageur visitant la Turquie avec TurquieVision.
Pour ceux et celles qui n’auraient à ce jour ni découvert la Turquie ni lu Mes Istamboulines, voilà l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Qu’on se le dise !
link Catalogue de TurquieVision
Un jour de septembre 1983, je me suis embarquée sur un ferry-boat appelé l’« Istanbul », qui effectuait l’aller-retour entre Marseille et Izmir. Ce fut le premier jour de ma nouvelle vie. Un accouchement ou une renaissance. Je tournais une page. Repartir à zéro. S’habiller d’une autre peau. Je ne savais pas si elle serait plus confortable que l’ancienne. Mais je voulais la revêtir.
Méditerranéenne, fille de la Côte d’Azur et de Provence, je venais de subir un an d’exil dans les brumes du Pas-de-Calais, ma première mutation de professeur. Les trois jours de navigation en pleine mer me permettaient de dresser le bilan de ma vie. Le bilan. Enfin... Ou, déjà. Je me penchais sur ma prime jeunesse et se dressaient dans ma mémoire les monolithes de ce que je considérais comme mes échecs. Un des plus blessants pour mon amour-propre, écrivaine ratée. A mon actif, à cette époque, quatre recueils de poésies entassés dans mes tiroirs et un coup de couteau dans le cœur, le refus de Gallimard de les éditer. Plus un premier roman inachevé, que j’avais l’intention de finir en Turquie. Je me disais donc que je n’avais rien à perdre. Sur le plan professionnel, j’avais trouvé un poste dans un lycée franco-turc d’Istanbul. De toute façon, rien ne pouvait être pire que ma solitude dans le Nord de la France. Sur le plan sentimental, j’avais peut-être enfin trouvé l’amour mais loin, trop loin...
Parfois, je montais sur le pont du ferry-boat et je restais appuyée au bastingage à regarder les vagues. Je rêvais, je méditais. Puis, j’allais dans ma cabine et je brodais des violettes, ma fleur préférée, sur un napperon.
Le dernier jour de la traversée, j’ai mis une robe rouge à pois blancs et dès l’aube, suis allée me poster à l’avant du bateau, pour jouer à la figure de proue. Je voulais voir s’approcher peu à peu la terre où j’allais tenter de me transplanter, ne serait-ce que pour quelques mois. Consciente du risque. Quand le ferry-boat a pénétré dans le port d’Izmir, je tentai de distinguer sa silhouette, de l’apercevoir. Lui. Celui pour lequel j’étais venue. Je me demandais ce qu’il devait penser en cet instant précis. Que peut ressentir un homme attendant une femme qui vient de tout quitter pour lui et qui arrive, un matin de septembre, avec sa voiture bourrée de livres et de quelques bibelots, inséparables témoins de ma route ? Importance ? Incertitude ? Peur de s’être un trop engagé ? Je le savais, ses doutes n’étaient pas moindres que les miens...
Quelques messages envoyés sur mon site Internet me posent une question récurrente : Pourquoi, où, quand et comment écrivez-vous ?
Pourquoi ?
Enfant, j’étais une dévoreuse de livres ; c’est l’amour de la lecture qui m’a conduite à l’écriture. Bien vite, j´eus épuisé toutes les ressources de la bibliothèque familiale. Je peux dire sans exagération que je passais tout mon temps libre à lire.
A dix ans, je n´avais qu´une ambition, écrire un roman. J’ai réalisé mon rêve pendant les vacances de Pâques. Je crois que c´est en écrivant mon nom sur la page de garde de ce petit ouvrage que je me suis mariée à l’écriture. A partir de cette époque, je n´ai plus jamais cessé d´écrire. Quand je m´ennuyais en classe, j´écrivais. Je noircissais de poèmes les pages de mes classeurs. Au lycée, mes camarades de classe m’avaient surnommée « Mademoiselle George Sand ».
Depuis, je n’ai jamais cessé de m’adonner à ma passion. C’est mon ivresse quasi quotidienne. « L’écriture c’est l’inconnu de soi, dit Duras dans Ecrire. C’est une sorte de faculté qu’on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d’une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible…»
Comment devient-on écrivain ? A cause d’une envie, une motivation assez dévorante pour accepter de sacrifier tout un pan de sa vie à des heures solitaires devant une page blanche. Ecrire, c’est quand rien ne rend plus heureux que rester attelé à une table de travail. C’est de la persévérance transformée en manie.
Carte de 1907
Où ?
Je préfère écrire dans les lieux clos que dans la nature. Le premier est mon petit bureau. C’est une pièce minuscule, l’ancienne chambre de domestique d’un appartement des années soixante. Les murs en sont tapissés d’étagères où se trouvent mes livres et mes dossiers. C’est mon domaine personnel. Je travaille devant un grand bureau ancien sur lequel se trouve mon ordinateur. Mais j’adore aussi écrire dans les cafés, comme je l’explique dans Mes Istamboulines. Je m’assois à une table, pose ma feuille et attends. C´est un rite. Qu´y attends-tu ? me dira-t-on. J´y attends l´inspiration. Celle qui me viendra en observant les gens assis autour de moi.
Car le romancier est une éponge. Il s´imbibe de tous les petits faits qui paraissent anodins aux autres et se gonfle jusqu´à ce qu´il ne lui reste plus qu´un seul moyen de s´en libérer, les coucher sur le papier. Un fait divers, une conversation, une vision entrevue, une plume d´oiseau volant dans les airs, un simple mot glané dans une conversation, un bruit entendu en écho dans un bar, une scène de rue, tout est prétexte pour l´écrivain à élaborer un univers.
Ecrire dans un café constitue un plaisir extrême. Vous captez les échos des conversations sans y participer, vous vous isolez au milieu d´inconnus qui ne soupçonnent pas l´activité à laquelle vous êtes en train de vous livrer, vous braconnez un moment de leur vie mais sans leur porter un quelconque préjudice.
Carte de 1910
Quand ?
J’aime écrire le soir et particulièrement la nuit, quand tout le monde dort. Là, je travaille pendant plusieurs heures d’affilée. Je passe aussi toutes mes vacances à écrire, généralement jusqu’à quatre heures du matin.
En dehors de ces périodes privilégiées, comme je travaille dans un lycée, il ne m’est pas possible de consacrer de longues heures à l’écriture. Alors, j’écris par fragments à n’importe quel moment de la journée. Il est rare que je passe une journée sans noircir du papier car une partie de mon esprit écrit sans cesse, où que je sois, quoi que je fasse. J’écris dans le bus, dans le taxi, dans ma cuisine quand je prépare le repas, dans le lycée lorsque j’ai une heure de pause et même parfois lorsque je suis en compagnie, en notant de petits bouts de phrases sur mon carnet. Récemment, alors que je faisais un cours de littérature et que je notais rapidement une phrase, un de mes élèves m’a demandé : « Madame, vous êtes en train d’écrire, n’est-ce pas ? » C’était vrai. Cette « double vie » me passionne.
Comment ?
Pendant des années, j’ai écrit à la main. Puis, peu à peu, je me suis mise à utiliser l’ordinateur qui est un instrument magique pour effectuer des modifications sur un texte. Cependant, j’écris encore à la main lorsque je ne suis pas dans mon bureau et j’éprouve toujours le même immense plaisir à utiliser mon stylo à plume et son encre violette.
2003 : La Trilogie d’Istanbul I, Fenêtres d’Istanbul.
2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.
2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.
2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.
2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.
2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.
2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère, L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.
2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.