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27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 01:17

Article paru dans le Petit Journal d'Istanbul du 27 avril 2023

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24 avril 2023 1 24 /04 /avril /2023 11:15

Article complet publié dans Le Petit Journal d'Istanbul du 09.03.2023

À la découverte des sept collines d’Istanbul

Voir la première partie de cet article sur Overblog

À la découverte des sept collines d’Istanbul (1)

La cinquième colline d’Istanbul : Yavuz Sultan Selim

 

La cinquième colline porte le nom du sultan Selim 1er ou « Yavuz sultan Selim », ( « le brave ») ; elle est chapeautée par la mosquée éponyme, édifiée en son honneur, au XVIe siècle, par son fils, le sultan Soliman. A côté de la mosquée, on découvre la citerne byzantine à ciel ouvert Aspar ou « Sultan Selim Çukurbostan », désormais utilisée comme parc de promenade en pleine ville.

Ce tertre abrite également la mosquée de Fethiye, récemment restaurée, qui, chez les Byzantins, était l’église Théotokos Pammakaristos, soit « la très sainte Mère de Dieu », dont des panneaux de mosaïques sont bien conservés.

Sur le pan de la colline face à la Corne d’Or, on peut découvrir l’immense Lycée grec de Fener, construit en briques rouges de Marseille entre 1880 et 1882, et les bâtiments du Patriarcat œcuménique de Constantinople, avec sa célèbre cathédrale Saint-Georges, qui conserve la Colonne de la Flagellation.

 

La sixième colline d’Istanbul : Edirnekapı

 

La sixième est celle de la porte d’Edirne ou Edirnekapı, la plus haute, qui culmine à soixante-dix mètres et comportait chez les Byzantins la citerne à ciel ouvert d’Aetius,  Çukurbostan ou « le jardin enterré », devenue stade de Vefa.

Et aussi le palais impérial des Blachernes, dont ne subsiste aujourd’hui que le bâtiment tardif de « Constantin Porphyrogénète » (« Tekfur Sarayi », en turc), converti en musée.

On peut aussi y voir un autre chef-d’œuvre de l’art byzantin, la mosquée Kariye, qui fut le monastère de Saint-Sauveur-in-Chora, dont les fresques et les mosaïques du XIV siècle sont célèbres dans le monde entier.

Non loin de là se dresse une des créations de l’architecte Sinan, la sublime mosquée de la sultane Mihrimah, fille unique du sultan Soliman et de la sultane Hürrem appelée « Roxelane » en Europe.

 

À la découverte des sept collines d’Istanbul (2)

La septième colline d’Istanbul : Kocamustafapaşa

 

Pour terminer, la septième colline, celle de Kocamustafapaşa, tournée vers la Thrace, était celle, à l’époque romaine, du Forum d’Arcadius, dont ne reste que le sous-bassement très endommagé de la colonne d’Arcadius, coincé entre deux maisons, appelé plus tard, chez les Ottomans, la « pierre du marché aux esclaves », car, comme le raconte Lamartine, c’était là que se déroulait la vente des esclaves de sexe féminin.

La plus grande des quatre citernes byzantines à ciel ouvert, celle de Mocius (Altımermer Çukurbostanı ou « le jardin des sept marbres »), dont  les murs ont survécu, est désormais utilisée comme terrain de sport. Deux grandes œuvres de l’époque ottomane ont fait la réputation de cette colline : le magnifique complexe religieux  de la sultane Hürrem, édifié par Sinan, « Haseki Hürrem Sultan Külliyesi », le terme « Haseki » désignant celle qui avait donné des fils au sultan, et la mosquée de Cerrahpaşa, construite par un élève de Sinan, Davud Ağa, en s’inspirant de la fameuse Selimiye d’Edirne.

 

Une excursion sur chacune des sept collines vous permettra de découvrir ou de revoir, puisque la plupart des édifices cités dans cet article se visitent, les inégalables vestiges historiques de la ville d’Istanbul…

 

 

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19 avril 2023 3 19 /04 /avril /2023 09:24

Article publié dans Le Petit Journal d'Istanbul du 09.03.2023

À la découverte des sept collines d’Istanbul

Les sept collines d’Istanbul

 

La péninsule historique de la ville d’Istanbul fut, comme Rome, construite sur sept collines. À l’origine divisée en deux, à l’instar du Tibre, par la rivière Lycus, elle comptait sept buttes  tournées vers la Marmara ou la Corne d’Or, arasées au fil des siècles, bien que l’on puisse encore en deviner l’existence par les pentes et dénivelés. De nombreux changements ayant été effectués dans le temps, il n’est pas toujours aisé de reconstituer la typographie byzantine des « régions » de la cité, par comparaison avec celle de l’époque ottomane, en attribuant à chaque sommet ses constructions d’origine ; c’est ce que j’ai tenté de faire en consultant les écrits des spécialistes, mais le sujet ayant peu de sources détaillées pour les périodes les plus anciennes, qu’on me pardonne une éventuelle approximation de géographie…

À la découverte des sept collines d’Istanbul (1)

La première colline d’Istanbul : Sarayburnu

 

Comme la ville de Rome a débuté sur le mont Palatin, c’est, selon Eusèbe de Césarée,  sur la colline de la Pointe du Sérail, qui porte aujourd’hui le nom de « Sarayburnu », haute de trente mètres, que, selon la légende, Byzas, fils de Poséidon et Céroessa, fonda, au VIIème siècle, la cité de Byzance. A partir du premier siècle, la cité grecque tomba sous la domination de Rome et lorsqu’en 324, Constantin se mit à régner seul, il ordonna à ses architectes de transformer la ville délabrée par les guerres en capitale impériale, jusqu’à l’investiture officielle, le 11 mai 330, de Constantinople comme « Nouvelle Rome », la capitale de l’Empire romain. C’est donc sur cette première colline que seront élevés une multitude d’édifices, le Grand Palais impérial, Sainte-Irène et Sainte-Sophie, l’hippodrome et le temple abritant la borne du Million, qui, à l’instar du Milliaire de Rome, servait de point de départ pour calculer toutes les distances.

Sainte-Sophie

On y trouvait, de plus, les citernes destinées à pourvoir la ville en eau, comme la Citerne-Basilique (Yerabatan, dont l’emplacement est parfois attribué à la deuxième colline) et celle de Philoxenos ( Binbirdirek).

Citerne de Philoxenos

Lorsque Mehmet le Conquérant prit la ville en 1453, nouveau « César des Romains », il poursuivit la tradition en entamant, en 1462, la construction du palais de Topkapi sur la Pointe du Sérail. Au XVIIe siècle, le sultan Ahmed 1er édifiera, face à Sainte-Sophie, la célèbre mosquée portant son nom, surnommée « la Mosquée bleue » par référence à ses carreaux de faïence et pourvue de six minarets.

 

La deuxième colline d’Istanbul : Çemberlitaş

 

La deuxième colline d’Istanbul, celle de Çemberlitaş, plus haute de dix mètres que la précédente, était celle du Forum de Constantin, qui y fit ériger sa statue, couronnant une colonne de porphyre rouge venue du temple d’Apollon de Rome, aujourd’hui appelée la « Colonne de Çemberlitaş » ou « Colonne brûlée », suite à un incendie qui l’endommagea.

Elle comportait aussi la citerne de Théodose (Şerefiye), où se déroulent actuellement des spectacles d’animation lumineuse. C’est là aussi que se trouve le Grand Bazar, à l’entrée duquel les Ottomans, construisirent, au XVIIIe siècle, la mosquée de Nuruosmaniye, la première en style baroque. Au pied de la colline se tiennent la Mosquée Nouvelle et le Marché Egyptien.

 

La troisième colline d’Istanbul : Bayezid

 

La troisième colline, haute de cinquante mètres, est celle de Bayezid. A côté de l’emplacement correspondant à l’ancien Forum de Théodose, dont subsistent encore des colonnes brisées, fut édifiée, en 1506, la mosquée de Bayezid, et en 1846, l’université d’Istanbul, la plus ancienne de l’Empire ottoman, reconnaissable à son monumental portail d’entrée.

Vestiges du Forum de Théodose

Chez les Byzantins, se situait sur cette colline l’église Theotokos Kyriotissa, datant des IX et Xe siècles, celle de « la Mère de Dieu assise sur son trône », devenue mosquée Kalenderhane, qui a conservé des marbres colorés d’époque. Aujourd’hui, le lieu est souvent appelé aussi « Colline de Süleymaniye », car c’est à son sommet que se dresse, visible de loin, la merveilleuse mosquée de Soliman le Magnifique, terminée en 1557 par l’architecte Sinan.

 

À la découverte des sept collines d’Istanbul (1)

La quatrième colline d’Istanbul : Fatih

La quatrième colline, celle de Fatih, est, comme la première, particulièrement riche en édifices historiques de plusieurs époques. En effet, chez les Byzantins, elle comportait le monastère du Christ Pantépoptès, « celui qui voit tout », dont l’église est devenue la mosquée Eski Imaret, à l’architecture byzantine presque intacte ; le monastère de Lips ou mosquée de Fenari Isa ; et surtout, l’ancien monastère du Christ Pantocrator ou mosquée de Zeyrek, un des plus extraordinaires monuments byzantins d’Istanbul.

À la découverte des sept collines d’Istanbul (1)

Avant la conquête, c’était aussi sur la quatrième colline que se situait la plus importante église byzantine après Sainte-Sophie,  celle des Saints-Apôtres, aujourd’hui disparue, qui servit de modèle à la basilique Saint-Marc de Venise. Elle abritait des reliques insignes volées pendant la quatrième croisade et fut utilisée comme nécropole impériale pendant plusieurs siècles ; on peut encore en voir certains sarcophages de porphyre rouge à l’entrée du Musée archéologique d’Istanbul. C’est sur ses restes que Mehmet II édifia sa monumentale mosquée de Fatih ou Mosquée du Conquérant, entourée de jardins comportant des mausolées, dont le sien.

Mosquée de Fatih

Mosquée de Fatih

Suite dans le second article : 

À la découverte des sept collines d’Istanbul (2)

http://gisele-ecrivain-istanbul.over-blog.com/2023/04/a-la-decouverte-des-sept-collines-d-istanbul-2.html

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23 mars 2023 4 23 /03 /mars /2023 02:04

Article paru dans le Petit Journal d'Istanbul du 23 mars 2023

https://lepetitjournal.com/istanbul/comprendre-turquie/les-mysterieux-portraits-de-la-sultane-roxelane-358154

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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 11:55

Le 17 décembre, pour célébrer l’anniversaire de la mort du célèbre poète et philosophe mystique Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ,  ont lieu dans de nombreux endroits de Turquie, les cérémonies nocturnes de Şeb-i Aruz, soit, la « nuit de noces » ou « la nuit de l’union », appelée ainsi par les croyants qui considèrent que c’est la date à laquelle Mevlânâ a rejoint Dieu.

 

Cette envoûtante cérémonie est effectuée par des « derviches tourneurs » qui sont d’authentiques « semazen », ceux qui pratiquent la danse giratoire appelée « sema », célébrant ainsi de tout leur cœur la mémoire du célèbre philosophe qui, au XIII e siècle, créa leur confrérie.

Précisons que les « semazen » dont je parle sont éloignés de tout fanatisme religieux, ont la particularité de vénérer la République fondée par Atatürk, dont ils prient pour le repos de l’âme et considèrent les femmes comme leurs égales, ce qu’ils prouvent en les acceptant dans la cérémonie du « sema » ( ce qui n’est pas le cas de tous les derviches tourneurs). Ils se nomment eux-mêmes les « amoureux universels de Mevlânâ », dont ils propagent le message de paix, fraternité, tolérance et amour.

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Pour tenter de faire comprendre leur passion, je me contenterai de citer une anecdote que m’a racontée un « semazen » avec lequel j’ai eu la chance de parler :

Un homme, arrivant près du couvent de la confrérie, remarque des tombes sur lesquelles figurent des dates de mort telles que : « 3 ans », « 7 ans », « douze ans »…

Intrigué, il demande aux membres de la confrérie pourquoi leur cimetière renferme tant de tombes d’enfants. Y-a-t-il eu une catastrophe ? Une épidémie ?

-Non, répond un derviche. C’est que la date réelle de la naissance d’une personne ne signifie rien pour nous. Pour nous, la vraie date de naissance, c’est celle où la personne a « rencontré » Mevlânâ.  C’est pour cela que nous indiquons la durée de vie en nombre d’années passées à pratiquer le « sema »…  

 

Je n’oublierai jamais la première fois où je me rendis à Konya, au début de mon installation en Turquie. A cette époque, je ne savais presque rien de Mevlânâ, sauf qu’il était le fondateur de l’ordre des Derviches Tourneurs. Mais lorsque je fus entrée dans le mausolée, appelé « türbe », j’ai été si impressionnée par l’atmosphère qui s’en dégageait que j’ai tout de suite éprouvé le besoin de mieux connaître ce poète et philosophe. Je me suis alors plongée dans la lecture de ses livres essentiels, le Mesnevi et le Divan-ı Kebir que depuis, je n’ai jamais cessé de relire.

           Ancienne carte postale de la tombe de Mevlânâ

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Si on me demandait ce que la lecture de Mevlânâ a apporté à ma vie, la première réponse serait : il m’a émerveillé par sa tolérance. Au XIIIe siècle où, dans le reste du monde, on se battait souvent au nom de la religion, il n’hésite pas à prêcher l’amour et le respect de l’autre, quel qu’il soit. D’ailleurs, sa citation la plus célèbre, que l’on trouve reproduite dans une infinité de livres n’est-elle pas : « Viens, viens, viens ! Qui que tu sois, viens ! Que tu sois infidèle, idolâtre, païen, viens ! Notre confrérie n’est pas la confrérie du désespoir. Même si tu as renié cent fois ta parole, viens quand même… »

C’est après avoir effectué des recherches sur Mevlânâ que j’ai ensuite écrit deux romans historiques sur les Seldjoukides d’Anatolie, La Sultane Mahpéri et Sultane Gurdju Soleil du Lion…, dont Mevlânâ est un des personnages puisqu’il inspire tous ceux et celles qui le rencontrent…

 

A l’automne 2018, j’ai eu la chance d’être invitée par l’université de Selçuk à Konya pour parler de mes livres.
 

 

Les personnes qui m’ont merveilleusement reçue m’ont conduite dans tous les lieux « mystiques » de Konya, pour les voir ou revoir…

Ici, sur la tombe d'Eva de Vitray-Meyerovitch, la grande spécialiste du soufisme, qui avait émis le voeu d'être inhumée à Konya non loin du mausolée de Mevlânâ...

...

 

Le merveilleux musée de Konyanuma qui offre des panoramas géants sur l’histoire du lieu…

 

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15 mars 2022 2 15 /03 /mars /2022 20:30

Ballade contre la guerre en Ukraine ou comment on se fait arnaquer, nous, les humanistes pacifistes…

On a grandi dans le refrain du « plus jamais ça ».

Quarante ans après, nos grands-mères stockaient encore le tissu dans l’armoire,

Le savon sous le lavabo

Et chuchotaient toujours le martyre d’Hélène Vagliano,

A Cannes, son corps brûlé au fer des forçats,

Villa Montfleury de maudite mémoire.

Nos parents effaçant la vengeance

Fredonnaient « Give Peace a Chance ».

Le soir, il y avait un vieux copain de mon père qui venait boire

pour oublier ses cauchemars

D’Indochine et quand il était ivre,

Il racontait des histoires d’infirmières empalées

sur des bambous poussant d’un mètre en une nuit, 

D’araignées géantes tuées au fusil.

Moi, je jouais avec mon livre.

On disait : « Elle est trop petite, elle ne peut pas comprendre, elle lit ses contes de fées »…

Après, nos profs en hypokhâgne disaient qu’il n’y aurait plus jamais de guerre

Parce qu’on était tous solidaires.

Mais quand on regardait les livres sur l'étagère,

Il y avait des listes : Israël, la Corée, l’Algérie, le Vietnam, le Liban, le Biafra  et chaque jour la mort de Gavroche.

Il y avait les « boat people », les caboches écrasées au Cambodge à coup de  pioche.

Je me revois un dimanche dans la rue avec ma tirelire, « Un franc pour un enfant »…

Puis, la vie a continué cahin-caha, bon an, mal an, 

Avec l’Afghanistan, l’Iran et l’Irak, le Golfe, la Yougoslavie, la Tchétchénie,

Le Zaïre, l’Irak, le Tchad, la Somalie, le Yemen,  la Syrie, la Lybie, le Mali

Et Dieu sait combien j’en omets

Tant sont nombreux ceux qui se sont étripés.

Les migrants, on leur a vendu des gilets de sauvetage bourrés de coton

Des pneumatiques à l’abandon.

Pendant qu’on sirotait un pot au bord de mer,

On envoyait des mercenaires

Pour couler leurs bateaux

En Méditerranée-tombeau,

Ou on les a vendus aux portes de l’Europe,

Contre un migrant, un euro et des breloques.

Cedric Herrou a été jugé, Carola Rackete interpellée

Délits de solidarité.

Aujourd’hui, on exhume la hache mal enterrée

Le calumet a cessé de fumer.

Il y en a qui veulent la guerre en feignant d’œuvrer  pour la paix.

Et nous, marionnettes manipulées

On n’a plus qu’une seule vérité,

Un monolithe manichéen

Corseté d’airain.

Pourtant, la vérité  n’est ni blanche ni noire elle est multicolore ou grise.

Je hais les propagandes et leur emprise.

Ça me laisse perplexe que des dames qui auraient laissé crever de faim un migrant sur leur seuil

Cousent de petits sacs à dos 

Et des drapeaux

A clouer sur les cercueils.

Tant mieux si les cœurs cadenassés se déverrouillent

Mais ils ne s’ouvrent qu’à l’endoctrinement

Parce qu’ils ont vu les réfugiés avec des chats blancs

Et des chiens morts de trouille.

Pauvres civils ukrainiens suppliciés,

Immolés par la grande assemblée des nations

« On n’arrive pas à faire de négociations »,

Rackettés par des bandits

« File-moi tes dollars ou ton cul et je t’emmène loin d’ici »,

De quelle machination êtes-vous le jouet ?

A qui profite le chaos ?

Demain, lorsque les marchands d’armes et les va-t’en guerre auront gagné

Quand on sera étranglé au garrot,

Ukraine exterminée, Russie anéantie, Europe ensevelie, Afrique affamée,

On pourra toujours faire apprendre aux enfants « Barbara » de Prévert.

« Oh Barbara

Quelle connerie la guerre »…

 

 

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6 décembre 2021 1 06 /12 /décembre /2021 13:12

Article publié le 12 décembre 2021 dans Le petit Journal d'Istanbul...

 https://lepetitjournal.com/istanbul/communaute/bicentenaire-flaubert-les-frasques-de-gustave-istanbul-326792

 

Né le 12 décembre 1821 à Rouen, Gustave Flaubert, comme de nombreux écrivains de cette époque, est animé dès l’enfance par le désir de partir en Orient. C’est l’année de ses vingt-huit ans qu’il réalise son rêve, car, si le voyage en Orient faisait partie de ses grands mythes personnels, il obéit aussi à une nécessité plus profonde. Flaubert a perdu son père, sa sœur, son meilleur ami, son livre La Tentation de Saint-Antoine a été jugé impubliable et il vient de vivre une rupture douloureuse avec sa maîtresse, « la Muse », Louise Colet. « J’ai en moi, au fond de moi, un embêtement radical, intime, âcre et incessant, qui m’empêche de rien goûter et qui me remplit l’âme à la faire crever », dit-il de lui-même. C’est pourquoi, au grand dam de sa mère, avec laquelle il vit, il décide, pour oublier, de partir avec Maxime du Camp :  « Je vais faire un voyage dans tout l’Orient. J’étais né pour y vivre… » écrit-il peu avant son départ.

Portrait de Flaubert à 28 ans... (daguerréotype)

Après avoir traversé l’Egypte, la Palestine, le Liban et la Syrie, Flaubert arrive à Istanbul le 13 novembre 1849 et, d’après son journal, y reste jusqu’au 16 décembre. Ses visites touristiques suivent les sentiers battus des voyageurs français : derviches hurleurs de Scutari, derviches tourneurs de Galata, Eaux-Douces d’Asie, grandes mosquées d’Istanbul, spectacles en français, séances de narguilé, voyage en caïque à la résidence d’été des ambassadeurs de France à Tarabya.

 

Mais s’il aime les cimetières dans lesquels il se promène à cheval, trouve « charmante » la mosquée de Soliman et s’extasie sur les murailles de Constantinople, « les murailles de Constantinople ne sont pas assez vantées, c’est énorme ! », peu de lieux  trouvent vraiment grâce à ses yeux. Il décrit Sainte-Sophie comme un « amalgame disgracieux de bâtiments » et le palais de Topkapi comme un magasin de brocante : « c’est enfantin et  caduc, on y sent l’influence de je ne sais quel Versailles éloigné, apporté là par je ne sais quel ambassadeur à perruque. »

 

En réalité, les sites touristiques ne sont pas ce qui intéresse le plus Flaubert. La lecture en parallèle de son journal et de ses lettres est édifiante car il ne raconte pas dans le premier -dont il destine peut-être la lecture à de tierces personnes-, ce qu’il confie dans ses missives à son ami intime, Louis Bouilhet. Les lettres montrent que, comme dans les autres pays qu’il a traversés, Flaubert cherche surtout à se perdre dans les bas-fonds de Constantinople, pour s’y encanailler le plus possible, en écumant tous les bouges de Galata, alors quartier des maisons closes.

 

Ce qu’il raconte est choquant pour une sensibilité moderne car, bien que fils de médecin ayant grandi dans l’hôpital de Rouen, il n’hésite pas à avoir des relations sexuelles avec des filles de quinze ans sans jamais de soucier de leur transmettre sa syphilis - il décrit soigneusement l’évolution de ses chancres-, ou d’assister à d’équivoques spectacles de danse du ventre donnés, selon sa propre expression, par des « bambins » travestis ; comme si le fait de se trouver loin de sa Normandie natale rendait licite ce qui ne l’était pas dans son propre pays. On sait bien que littérature et morale n’ont jamais fait bon ménage… mais ses écrits d’Orient couraient aujourd’hui le risque d’être frappés d’anathème…

Bicentenaire Flaubert : les frasques de Gustave à Istanbul

En ce qui concerne les femmes turques, Flaubert est fasciné par leur voile. « Comme leurs yeux brillent ! » dit-il et il aimerait bien « vivre avec une odalisque ravie ». En bon misogyne de son époque, il n’hésite pas à écrire : « Dans cent ans, le harem sera aboli en Orient, l’exemple des femmes européennes est contagieux, un de ces jours, elles vont se mettre à lire des romans. Adieu, la tranquillité turque ! »…

 

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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 21:04

Il y a bien longtemps, lorsque, fraîchement arrivée de Cannes, je me suis installée à Istanbul, je ne connaissais rien encore des quartiers de la ville. Il faut dire que j’habitais alors un appartement loué par un ami dans le quartier de Fatih, au rez-de-chaussée d’un immeuble traditionnel. En face, l’épicier, assis du matin au soir sur un petit tabouret. Il ne quittait son siège que pour remplir le panier d’osier accroché à une corde que les femmes faisaient descendre par leur fenêtre en criant : «  Kémal, un kilo de riz ! » Et moi, étrangère venue de la Côte d’Azur, je ne me lassais pas d’observer avec étonnement ce spectacle...

« La femme au panier », tableau de ma regrettée amie, l’artiste peintre Sedef Atabek.

 

 

Mais le soir où on m’invite à dîner dans un immeuble de Nişantaşi,  j’éprouve un coup de foudre pour cet endroit inconnu et je décide de venir m’y installer. Cela fait maintenant trois décennies que je suis devenue « Nişantaşli» et c’est là que bat le cœur de mon Istanbul.

Les palais à chats dans mon quartier

Au début, j’ai aimé ce quartier parce qu’il était particulièrement européanisé et surtout parce que des gens d’origines différentes y vivaient dans la plus parfaite harmonie. Puis, un jour, une dame âgée de mes voisines, me dit : « Savez-vous qu’à quelques mètres de l’endroit où a été construit notre immeuble se trouvait dans ma jeunesse un merveilleux manoir entouré de tilleuls ? » Ma surprise fut telle que je me suis alors plongée dans les livres d’histoire pour mieux connaître le passé du secteur. A partir de ce moment, je me suis mise à rêver sur Nişantaşi jusqu’à en faire un des lieux où se déroule mon premier roman, Fenêtres d’Istanbul.

 

Au XVIIIe siècle, le quartier n’est qu’une étendue campagnarde où se trouvent des fermes produisant lait, yaourt et fromages. L’absence d’habitations et le caractère sauvage des lieux font que le sultan Selim III les choisit pour terrain de chasse et d’entraînement pour le tir. A l’époque, les "Padischah" ont coutume de commémorer par une pierre de tir soit l’endroit qu’ils ont pris pour cible soit celui où leur flèche est tombée. C’est dans les années 1790 que le sultan Selim III plante la première pierre de tir (dikilitaş, en turc), d’où le quartier tirera son nom. De plus, pour effectuer sa prière lors de ses promenades, il y édifie une petite mosquée en bois qui est le premier bâtiment du lieu.

 

La mosquée actuelle...

La mosquée actuelle...

Lorsque le sultan Abdülmecit quitte Topkapı pour s’installer au palais de Dolmabahçe et qu’il fait également édifier pour ses promenades le petit château d’Ihlamur Kasrı, ses proches et les dignitaires du palais commencent à édifier des manoirs, appelés «konak», à Nişantaşi pour se rapprocher de lui. A l’emplacement de la petite mosquée de Selim III, Abdülmecit fait d’ailleurs élever en 1854 la belle mosquée de Teşvikiye, où l’on peut voir aujourd’hui les célèbres pierres commémorant les tirs de Selim III et Mahmud II. De plus, en octroyant aux étrangers, à l’époque du Tanzimat, le droit de s’installer dans le secteur, le sultan donne naissance au quartier de Teşvikiye et en symbolise la création par la pose de deux autres pierres, l’une que l’on peut voir aujourd’hui devant le commissariat de Teşvikiye, l’autre au carrefour des rues de Teşvikiye et de Valikonağı, portant l’inscription : «Le quartier de Tesvikiye, fruit de l’amour sans borne du sultan Abdülmecid »…

La popularité de Nişantaşi et Teşvikiye ne cessera après de grandir avec l’installation d’Abdülhamid à Yıldız. C’est pour cela que jusqu’aux années trente, le quartier demeurera célèbres pour ses luxueuses demeures.

 

Mais après l’avènement de la République, les manoirs, désormais privés de leur raison d’être, s’envolent en fumée, tombent en ruine et vont laisser la place à des immeubles modernes. Bien vite, la zone devient une des plus connues d’Istanbul pour ses constructions dernier cri. Puis, dans les années 1970, les magasins de luxe désertant Beyoglu viennent s’y installer. Mais en dépit de cette modernisation et de la perte d’une partie de leur âme, ces quartiers ont conservé leurs amoureux inconditionnels, dont je suis.

 

La belle porte d'un immeuble ancien

La belle porte d'un immeuble ancien

Aujourd’hui, lorsque je vois une des pierres de tir, j’imagine le sultan entouré de sa troupe de cavaliers. Quand je passe devant le lycée de Sişli Terakki, je me dis qu’à son emplacement se dressait le somptueux château du Pacha Halil.

Le manoir du Pacha Halil en 1900

Ou lorsque j’aperçois, près du Centre commercial City’s, l’Académie de mode d’Istanbul, je me souviens que la demeure appartenait à l’un des plus célèbres ministres du sultan Abdülhamid, Sait Pacha, connu pour avoir fait édifier sur la place le manpird’Izmir la légendaire Tour de l’Horloge.

Le manoir de Sait Pacha 

La rue où j’habite se nommait jadis « Rue des potagers ». Cela m’a rappelé que le célèbre poète français Lamartine, se rendant en 1850 de Taksim à Ihlamur Kasri, le Château des tilleuls, qu’il nomme « Kiosque de Flamour », pour rencontrer le sultan Abdülmecid,  emprunte ce qu’il appelle « la route des collines » (ma rue) et décrit en ces termes son passage à Nişantaşi : « Nous nous serions crus dans une vallée de Suisse... on n’entendait aucun bruit que le murmure d’un filet d’eau sur les cailloux et des oiseaux chantant dans les feuilles. On n’apercevait aucun mur, aucun toit, aucune barrière, aucune trace d’habitation... » 

 

Le Nişantaşi que j’aime n’est pas seulement celui des immeubles bourgeois et des boutiques de luxe. C’est aussi celui dans lequel dort le souvenir nostalgique des palais de bois sculpté et des jardins pleins de glycines et de tilleuls. Avec un peu d’imagination, peut-être pourrons-nous voir passer le fantôme d’un pacha ou la silhouette d’une dame à la voilette rose...

 

Une autre belle porte ancienne...

Une autre belle porte ancienne...

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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 12:50
Né le 21 octobre : Lamartine, un amoureux de la Turquie…

Alphonse de Lamartine est venu deux fois en Turquie. La première fois en 1833, à la fin de son « grand tour » en Orient, où, réfugié dans un « yali » de Buyukdere pour s’adonner au chagrin causé par la mort de sa fille Julia, il n’en éprouva pas moins un « coup de foudre » pour la Turquie. La deuxième fois en 1850, lorsque, déçu par  son échec aux élections présidentielles, il décida de se mettre au service du sultan, qui finit par lui octroyer un immense domaine dans les environs de Tiré. Mais bien vite, faute d’argent, Lamartine réalisa qu’il serait incapable d’exploiter les terres et dut renoncer à ce que ses adversaires nommaient ses « châteaux en Orient ».

"Si je n'avais qu'un seul regard à poser sur le monde, ce serait sur Istanbul"...

Saisi par sa détresse, le sultan mit les terres en location et lui en versa la rente jusqu’à la fin de sa vie. Pour remercier son bienfaiteur, Lamartine entreprit alors la rédaction de son immense « Histoire de la Turquie ». Il devint aussi une sorte de galérien de l’écriture, obligé, jusqu’à son dernier souffle, d’écrire sur commande pour gagner sa vie…

L’histoire de Lamartine en Turquie fait l’objet du second chapitre de Secrets d’Istanbul (troisième tome de La Trilogie d’Istanbul) : Le Palais mystique de Sabattaï Tsevi, La Principauté d’Alphonse de Lamartine, Les Phares du Bosphore de Michel Pacha, L’Œuvre perdue de Pierre Désiré Guillemet…

Première édition du roman

 

Couverture de la nouvelle édition

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Lien sur ma vidéo, Lamartine en Turquie : https://www.youtube.com/watch?v=cx3IyPu-5K4

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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 13:20

Si la crise de Coronavirus n’a épargné personne, elle a aussi généré des sources de complications inédites pour les Français de l’étranger résidant hors d’Europe, qui n’en étaient déjà pas exempts. Et voilà que, lorsqu’arrive enfin le moment tant espéré des retrouvailles avec la famille, se dresse devant eux le nouvel épouvantail du Pass sanitaire, qui dès le 1er août, va devenir indispensable pour mener une « vie normale » en France. Certes, le Secrétaire d’Etat chargé du Tourisme et des Français de l’étranger a déclaré se pencher sur le sujet. Mais nous attendons une décision rapide et efficace, sinon, nous serons victimes d’une discrimination de plus !

Car n’oublions pas, que, nous, Français de l’étranger résidant en Turquie, avons déjà subi de nombreuses injustices !

D’abord, ce fut, en janvier 2021, la mesure nous stigmatisant en nous imposant un motif impérieux pour entrer dans notre propre pays ; ensuite, ce fut l’obligation de la quarantaine de dix jours en dépit des deux tests PCR négatifs imposés avant et après le voyage ; en ce qui me concerne, après mon arrivée en France début juin, la gendarmerie est venue me contrôler quatre fois, ce qui a suscité la défiance de mes voisins se demandant à juste titre pourquoi les forces de l’ordre  me rendaient visite un jour sur deux. Et maintenant, nous courons le risque de ne pas obtenir de Pass sanitaire vu que nos vaccins n’ont pas été faits en France ou n’y sont pas homologués !

Serons-nous pénalisés pour avoir été trop obéissants et avoir fait preuve de civisme ? En effet, dès le printemps, il a été conseillé aux Français de l’étranger de se faire vacciner, lorsque c’était possible, dans leur pays de résidence. Pour les résidents en Turquie, dont je fais partie, ce fut donc le vaccin chinois, puisque jusqu’en mai, seuls les soignants bénéficiaient d’autres produits. Or, comme il n’est pas reconnu par la France, nous ne pouvons pas, pour le moment, obtenir de Pass sanitaire. Je me suis rendue dans différents centres de vaccination dans le but, soit de faire valider mes vaccinations soit d’obtenir un rappel me permettant d’accéder à l’incontournable laissez-passer. Mais les médecins concernés, après avoir examiné d’un air suspicieux mon Pass vert, dont ils ont trouvé la forme très esthétique, n’en ont pas moins déclaré le fond nul et non avenu. J’ai ainsi découvert avec stupeur que la condition pour obtenir le sésame était d’avoir été vacciné en France ! Pourtant, est-il utile de rappeler au passage, que beaucoup de Français de l’étranger sont astreints, pour conserver leur sécurité sociale française, à de fortes cotisations, plus élevées que celle de leurs compatriotes ?

Sans Pass sanitaire, nos difficultés de déplacement entre la Turquie et la France risquent encore de s’aggraver et nous tomberons de Charybde en Scylla. Le séjour en France, tant attendu après une longue période d’empêchements, ne risque-il pas de se transformer en cauchemar s’il faut présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures chaque fois que l’on envisage un autre programme que celui de rester cloîtré ? Sans oublier que de nombreux Français de l’étranger profitent de leur séjour en France pour effectuer leurs contrôles médicaux ; or, sauf en cas d’urgence, on ne peut plus entrer dans un hôpital sans Pass sanitaire !

La solution – qui a été proposée par plusieurs associations- semble pourtant facile : réaliser une seule injection de vaccin homologué et donner un Pass à tous ceux et celles dont un test prouve qu’ils ont développé des anticorps grâce à leurs deux vaccins précédents !

Nous espérons donc qu’une décision sera vite prise, sinon, nous serons, une fois de plus, traités comme des citoyens de seconde zone !

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  • : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d’Istanbul
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Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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