Article paru dans le Petit Journal d'Istanbul du 27 avril 2023
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Article paru dans le Petit Journal d'Istanbul du 27 avril 2023
Article complet publié dans Le Petit Journal d'Istanbul du 09.03.2023
À la découverte des sept collines d’Istanbul
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La cinquième colline d’Istanbul : Yavuz Sultan Selim
La cinquième colline porte le nom du sultan Selim 1er ou « Yavuz sultan Selim », ( « le brave ») ; elle est chapeautée par la mosquée éponyme, édifiée en son honneur, au XVIe siècle, par son fils, le sultan Soliman. A côté de la mosquée, on découvre la citerne byzantine à ciel ouvert Aspar ou « Sultan Selim Çukurbostan », désormais utilisée comme parc de promenade en pleine ville.
Ce tertre abrite également la mosquée de Fethiye, récemment restaurée, qui, chez les Byzantins, était l’église Théotokos Pammakaristos, soit « la très sainte Mère de Dieu », dont des panneaux de mosaïques sont bien conservés.
Sur le pan de la colline face à la Corne d’Or, on peut découvrir l’immense Lycée grec de Fener, construit en briques rouges de Marseille entre 1880 et 1882, et les bâtiments du Patriarcat œcuménique de Constantinople, avec sa célèbre cathédrale Saint-Georges, qui conserve la Colonne de la Flagellation.
La sixième colline d’Istanbul : Edirnekapı
La sixième est celle de la porte d’Edirne ou Edirnekapı, la plus haute, qui culmine à soixante-dix mètres et comportait chez les Byzantins la citerne à ciel ouvert d’Aetius, Çukurbostan ou « le jardin enterré », devenue stade de Vefa.
Et aussi le palais impérial des Blachernes, dont ne subsiste aujourd’hui que le bâtiment tardif de « Constantin Porphyrogénète » (« Tekfur Sarayi », en turc), converti en musée.
On peut aussi y voir un autre chef-d’œuvre de l’art byzantin, la mosquée Kariye, qui fut le monastère de Saint-Sauveur-in-Chora, dont les fresques et les mosaïques du XIV siècle sont célèbres dans le monde entier.
Non loin de là se dresse une des créations de l’architecte Sinan, la sublime mosquée de la sultane Mihrimah, fille unique du sultan Soliman et de la sultane Hürrem appelée « Roxelane » en Europe.
La septième colline d’Istanbul : Kocamustafapaşa
Pour terminer, la septième colline, celle de Kocamustafapaşa, tournée vers la Thrace, était celle, à l’époque romaine, du Forum d’Arcadius, dont ne reste que le sous-bassement très endommagé de la colonne d’Arcadius, coincé entre deux maisons, appelé plus tard, chez les Ottomans, la « pierre du marché aux esclaves », car, comme le raconte Lamartine, c’était là que se déroulait la vente des esclaves de sexe féminin.
La plus grande des quatre citernes byzantines à ciel ouvert, celle de Mocius (Altımermer Çukurbostanı ou « le jardin des sept marbres »), dont les murs ont survécu, est désormais utilisée comme terrain de sport. Deux grandes œuvres de l’époque ottomane ont fait la réputation de cette colline : le magnifique complexe religieux de la sultane Hürrem, édifié par Sinan, « Haseki Hürrem Sultan Külliyesi », le terme « Haseki » désignant celle qui avait donné des fils au sultan, et la mosquée de Cerrahpaşa, construite par un élève de Sinan, Davud Ağa, en s’inspirant de la fameuse Selimiye d’Edirne.
Une excursion sur chacune des sept collines vous permettra de découvrir ou de revoir, puisque la plupart des édifices cités dans cet article se visitent, les inégalables vestiges historiques de la ville d’Istanbul…
Article publié dans Le Petit Journal d'Istanbul du 09.03.2023
Les sept collines d’Istanbul
La péninsule historique de la ville d’Istanbul fut, comme Rome, construite sur sept collines. À l’origine divisée en deux, à l’instar du Tibre, par la rivière Lycus, elle comptait sept buttes tournées vers la Marmara ou la Corne d’Or, arasées au fil des siècles, bien que l’on puisse encore en deviner l’existence par les pentes et dénivelés. De nombreux changements ayant été effectués dans le temps, il n’est pas toujours aisé de reconstituer la typographie byzantine des « régions » de la cité, par comparaison avec celle de l’époque ottomane, en attribuant à chaque sommet ses constructions d’origine ; c’est ce que j’ai tenté de faire en consultant les écrits des spécialistes, mais le sujet ayant peu de sources détaillées pour les périodes les plus anciennes, qu’on me pardonne une éventuelle approximation de géographie…
La première colline d’Istanbul : Sarayburnu
Comme la ville de Rome a débuté sur le mont Palatin, c’est, selon Eusèbe de Césarée, sur la colline de la Pointe du Sérail, qui porte aujourd’hui le nom de « Sarayburnu », haute de trente mètres, que, selon la légende, Byzas, fils de Poséidon et Céroessa, fonda, au VIIème siècle, la cité de Byzance. A partir du premier siècle, la cité grecque tomba sous la domination de Rome et lorsqu’en 324, Constantin se mit à régner seul, il ordonna à ses architectes de transformer la ville délabrée par les guerres en capitale impériale, jusqu’à l’investiture officielle, le 11 mai 330, de Constantinople comme « Nouvelle Rome », la capitale de l’Empire romain. C’est donc sur cette première colline que seront élevés une multitude d’édifices, le Grand Palais impérial, Sainte-Irène et Sainte-Sophie, l’hippodrome et le temple abritant la borne du Million, qui, à l’instar du Milliaire de Rome, servait de point de départ pour calculer toutes les distances.
Sainte-Sophie
On y trouvait, de plus, les citernes destinées à pourvoir la ville en eau, comme la Citerne-Basilique (Yerabatan, dont l’emplacement est parfois attribué à la deuxième colline) et celle de Philoxenos ( Binbirdirek).
Citerne de Philoxenos
Lorsque Mehmet le Conquérant prit la ville en 1453, nouveau « César des Romains », il poursuivit la tradition en entamant, en 1462, la construction du palais de Topkapi sur la Pointe du Sérail. Au XVIIe siècle, le sultan Ahmed 1er édifiera, face à Sainte-Sophie, la célèbre mosquée portant son nom, surnommée « la Mosquée bleue » par référence à ses carreaux de faïence et pourvue de six minarets.
La deuxième colline d’Istanbul : Çemberlitaş
La deuxième colline d’Istanbul, celle de Çemberlitaş, plus haute de dix mètres que la précédente, était celle du Forum de Constantin, qui y fit ériger sa statue, couronnant une colonne de porphyre rouge venue du temple d’Apollon de Rome, aujourd’hui appelée la « Colonne de Çemberlitaş » ou « Colonne brûlée », suite à un incendie qui l’endommagea.
Elle comportait aussi la citerne de Théodose (Şerefiye), où se déroulent actuellement des spectacles d’animation lumineuse. C’est là aussi que se trouve le Grand Bazar, à l’entrée duquel les Ottomans, construisirent, au XVIIIe siècle, la mosquée de Nuruosmaniye, la première en style baroque. Au pied de la colline se tiennent la Mosquée Nouvelle et le Marché Egyptien.
La troisième colline d’Istanbul : Bayezid
La troisième colline, haute de cinquante mètres, est celle de Bayezid. A côté de l’emplacement correspondant à l’ancien Forum de Théodose, dont subsistent encore des colonnes brisées, fut édifiée, en 1506, la mosquée de Bayezid, et en 1846, l’université d’Istanbul, la plus ancienne de l’Empire ottoman, reconnaissable à son monumental portail d’entrée.
Vestiges du Forum de Théodose
Chez les Byzantins, se situait sur cette colline l’église Theotokos Kyriotissa, datant des IX et Xe siècles, celle de « la Mère de Dieu assise sur son trône », devenue mosquée Kalenderhane, qui a conservé des marbres colorés d’époque. Aujourd’hui, le lieu est souvent appelé aussi « Colline de Süleymaniye », car c’est à son sommet que se dresse, visible de loin, la merveilleuse mosquée de Soliman le Magnifique, terminée en 1557 par l’architecte Sinan.
La quatrième colline d’Istanbul : Fatih
La quatrième colline, celle de Fatih, est, comme la première, particulièrement riche en édifices historiques de plusieurs époques. En effet, chez les Byzantins, elle comportait le monastère du Christ Pantépoptès, « celui qui voit tout », dont l’église est devenue la mosquée Eski Imaret, à l’architecture byzantine presque intacte ; le monastère de Lips ou mosquée de Fenari Isa ; et surtout, l’ancien monastère du Christ Pantocrator ou mosquée de Zeyrek, un des plus extraordinaires monuments byzantins d’Istanbul.
Avant la conquête, c’était aussi sur la quatrième colline que se situait la plus importante église byzantine après Sainte-Sophie, celle des Saints-Apôtres, aujourd’hui disparue, qui servit de modèle à la basilique Saint-Marc de Venise. Elle abritait des reliques insignes volées pendant la quatrième croisade et fut utilisée comme nécropole impériale pendant plusieurs siècles ; on peut encore en voir certains sarcophages de porphyre rouge à l’entrée du Musée archéologique d’Istanbul. C’est sur ses restes que Mehmet II édifia sa monumentale mosquée de Fatih ou Mosquée du Conquérant, entourée de jardins comportant des mausolées, dont le sien.
Suite dans le second article :
À la découverte des sept collines d’Istanbul (2)
Article paru dans le Petit Journal d'Istanbul du 23 mars 2023
https://lepetitjournal.com/istanbul/comprendre-turquie/les-mysterieux-portraits-de-la-sultane-roxelane-358154
Il y a bien longtemps, lorsque, fraîchement arrivée de Cannes, je me suis installée à Istanbul, je ne connaissais rien encore des quartiers de la ville. Il faut dire que j’habitais alors un appartement loué par un ami dans le quartier de Fatih, au rez-de-chaussée d’un immeuble traditionnel. En face, l’épicier, assis du matin au soir sur un petit tabouret. Il ne quittait son siège que pour remplir le panier d’osier accroché à une corde que les femmes faisaient descendre par leur fenêtre en criant : « Kémal, un kilo de riz ! » Et moi, étrangère venue de la Côte d’Azur, je ne me lassais pas d’observer avec étonnement ce spectacle...
« La femme au panier », tableau de ma regrettée amie, l’artiste peintre Sedef Atabek.
Mais le soir où on m’invite à dîner dans un immeuble de Nişantaşi, j’éprouve un coup de foudre pour cet endroit inconnu et je décide de venir m’y installer. Cela fait maintenant trois décennies que je suis devenue « Nişantaşli» et c’est là que bat le cœur de mon Istanbul.
Les palais à chats dans mon quartier
Au début, j’ai aimé ce quartier parce qu’il était particulièrement européanisé et surtout parce que des gens d’origines différentes y vivaient dans la plus parfaite harmonie. Puis, un jour, une dame âgée de mes voisines, me dit : « Savez-vous qu’à quelques mètres de l’endroit où a été construit notre immeuble se trouvait dans ma jeunesse un merveilleux manoir entouré de tilleuls ? » Ma surprise fut telle que je me suis alors plongée dans les livres d’histoire pour mieux connaître le passé du secteur. A partir de ce moment, je me suis mise à rêver sur Nişantaşi jusqu’à en faire un des lieux où se déroule mon premier roman, Fenêtres d’Istanbul.
Au XVIIIe siècle, le quartier n’est qu’une étendue campagnarde où se trouvent des fermes produisant lait, yaourt et fromages. L’absence d’habitations et le caractère sauvage des lieux font que le sultan Selim III les choisit pour terrain de chasse et d’entraînement pour le tir. A l’époque, les "Padischah" ont coutume de commémorer par une pierre de tir soit l’endroit qu’ils ont pris pour cible soit celui où leur flèche est tombée. C’est dans les années 1790 que le sultan Selim III plante la première pierre de tir (dikilitaş, en turc), d’où le quartier tirera son nom. De plus, pour effectuer sa prière lors de ses promenades, il y édifie une petite mosquée en bois qui est le premier bâtiment du lieu.
Lorsque le sultan Abdülmecit quitte Topkapı pour s’installer au palais de Dolmabahçe et qu’il fait également édifier pour ses promenades le petit château d’Ihlamur Kasrı, ses proches et les dignitaires du palais commencent à édifier des manoirs, appelés «konak», à Nişantaşi pour se rapprocher de lui. A l’emplacement de la petite mosquée de Selim III, Abdülmecit fait d’ailleurs élever en 1854 la belle mosquée de Teşvikiye, où l’on peut voir aujourd’hui les célèbres pierres commémorant les tirs de Selim III et Mahmud II. De plus, en octroyant aux étrangers, à l’époque du Tanzimat, le droit de s’installer dans le secteur, le sultan donne naissance au quartier de Teşvikiye et en symbolise la création par la pose de deux autres pierres, l’une que l’on peut voir aujourd’hui devant le commissariat de Teşvikiye, l’autre au carrefour des rues de Teşvikiye et de Valikonağı, portant l’inscription : «Le quartier de Tesvikiye, fruit de l’amour sans borne du sultan Abdülmecid »…
La popularité de Nişantaşi et Teşvikiye ne cessera après de grandir avec l’installation d’Abdülhamid à Yıldız. C’est pour cela que jusqu’aux années trente, le quartier demeurera célèbres pour ses luxueuses demeures.
Mais après l’avènement de la République, les manoirs, désormais privés de leur raison d’être, s’envolent en fumée, tombent en ruine et vont laisser la place à des immeubles modernes. Bien vite, la zone devient une des plus connues d’Istanbul pour ses constructions dernier cri. Puis, dans les années 1970, les magasins de luxe désertant Beyoglu viennent s’y installer. Mais en dépit de cette modernisation et de la perte d’une partie de leur âme, ces quartiers ont conservé leurs amoureux inconditionnels, dont je suis.
Aujourd’hui, lorsque je vois une des pierres de tir, j’imagine le sultan entouré de sa troupe de cavaliers. Quand je passe devant le lycée de Sişli Terakki, je me dis qu’à son emplacement se dressait le somptueux château du Pacha Halil.
Le manoir du Pacha Halil en 1900
Ou lorsque j’aperçois, près du Centre commercial City’s, l’Académie de mode d’Istanbul, je me souviens que la demeure appartenait à l’un des plus célèbres ministres du sultan Abdülhamid, Sait Pacha, connu pour avoir fait édifier sur la place le manpird’Izmir la légendaire Tour de l’Horloge.
Le manoir de Sait Pacha
La rue où j’habite se nommait jadis « Rue des potagers ». Cela m’a rappelé que le célèbre poète français Lamartine, se rendant en 1850 de Taksim à Ihlamur Kasri, le Château des tilleuls, qu’il nomme « Kiosque de Flamour », pour rencontrer le sultan Abdülmecid, emprunte ce qu’il appelle « la route des collines » (ma rue) et décrit en ces termes son passage à Nişantaşi : « Nous nous serions crus dans une vallée de Suisse... on n’entendait aucun bruit que le murmure d’un filet d’eau sur les cailloux et des oiseaux chantant dans les feuilles. On n’apercevait aucun mur, aucun toit, aucune barrière, aucune trace d’habitation... »
Le Nişantaşi que j’aime n’est pas seulement celui des immeubles bourgeois et des boutiques de luxe. C’est aussi celui dans lequel dort le souvenir nostalgique des palais de bois sculpté et des jardins pleins de glycines et de tilleuls. Avec un peu d’imagination, peut-être pourrons-nous voir passer le fantôme d’un pacha ou la silhouette d’une dame à la voilette rose...
Article paru dans Le petit journal de Turquie du 25.03.2021
Contrairement aux pays européens, la Turquie n’a pas beaucoup pratiqué l’art de l’héraldique ; l’art se concentrait surtout sur les travaux d’ornementation, souvent merveilleux, d'ailleurs.
Avant le XIXe siècle, les emblèmes les plus communs étaient ceux des étendards, les sceaux ou le fameux « Tugra », le monogramme propre à chaque sultan, décliné sur de nombreux parchemins.
Le premier souverain à faire réaliser ses armoiries fut Mahmud II et il les fit sculpter dans le bois de son trône de cérémonie.
Un peu plus tard, lors de la Guerre de Crimée en 1854, le sultan Abdülmecid fit alliance avec les Français, Anglais et Italiens contre les Russes. Suite à la défaite russe, les Français lui remirent la Légion d’Honneur et la reine Victoria le décora dans l’ordre de la Jarretière. Mais comme elle demandait au sultan ses armoiries personnelles pour les accrocher, conformément à la tradition, au mur de l’église Saint-Georges de Windsor, celui-ci répondit qu’il n’en avait pas fait confectionner…
Cela ne découragea pas la reine qui dépêcha sur-le-champ un spécialiste d’héraldique à Istanbul. Ce fut ainsi que naquirent les célèbres armoiries, inspirées de celles de Mahmut II. A l’exception du changement de signature, elles demeurèrent presque identiques jusqu’à la fin de l’Empire ottoman, la dernière version connue étant celle de 1882, sous le sultan Abdülhamid II, qui les fit apposer sur tous les bâtiments officiels, où elle demeurèrent jusqu’à la fondation de la république.
Quelle est leur signification ? De haut en bas, le soleil figure le padichah éclairant l’empire, le croissant de lune soutenant le Tugra incarne l’Islam ; la coiffe enturbannée est celle d’Osman, fondateur de la dynastie ; le drapeau rouge orné de l’étoile et du croissant est celui de l’Empire ottoman, le vert, celui du califat. Sur les côtés, on remarque une Corne d’abondance évoquant la prospérité et un flambeau, métonymie du progrès ; le fût de canon et les lances représentent l’armée impériale, un pistolet ayant été ajouté en 1840 pour montrer la modernisation des militaires ; l’ancre désigne la marine ; la balance, la justice ; le livre, le Coran. Sous les armoiries sont pendues les décorations ottomanes les plus prestigieuses. Même si la plupart de ces emblèmes furent enlevés en novembre 1922 lorsque la monarchie fut abolie, on peut cependant en voir quelques exemplaires bien conservés, comme sur la porte d’entrée de Nuruosmaniye, au Grand Bazar ou au Musée de la Marine à Besiktas.
Après la proclamation de la république, c’est le drapeau rouge orné d’un croissant de lune et d’une étoile de couleur blanche, déjà utilisé auparavant, qui devint le symbole du pays. Atatürk ajouta sur l’oriflamme de son automobile un sceau présidentiel, toujours utilisé actuellement : il représente un soleil alternant huit rayons longs et huit rayons courts, entouré de seize étoiles symbolisant seize empires turcs de l’Histoire.
Quant à l’actuel logo d’Istanbul, dont on peut voir maints exemples dans la ville, il a été créé en 1969. Au centre, les triangles représentent les sept collines de la ville surmontées par les minarets des mosquées ; les deux remparts du bas, la rive européenne et la rive asiatique séparées par le Bosphore, les créneaux rappelant les forteresses de Rumélie et d’Anatolie ; la forme générale évoque une tulipe, fleur emblématique de la Turquie mais aussi symbole religieux, puisqu’en ottoman, le mot « lale » a une valeur numérique identique à celle du mot « Dieu ».
Les curieux peuvent aussi découvrir à Istanbul des blasons datant du Moyen-âge. Par exemple, dans le jardin du patriarcat orthodoxe de Fener, on peut admirer, gravé dans la pierre, celui de Michel Paléologue, lorsqu’il reprit, en 1261, la ville aux Latins qui l’avaient conquise en 1204, lors de la quatrième croisade. Il est orné d’une croix tétragrammique, avec quatre lettres grecques « B » résumant la devise de la famille, soit « Basilèus Basiléon Basiléuon Basileuónton » signifiant « Roi de rois, régnant sur les rois ».
Ce fut aussi cet empereur qui adopta l’aigle bicéphale comme effigie de l’empire byzantin restauré et l’on en trouve encore de multiples représentations à Istanbul, que ce soit dans des lieux illustres comme le Patriarcat ou l’Eglise Sainte-Marie de la Source, ou dans des églises plus modestes, qui édifiées au XIXe siècle, ont cependant reproduit cette prestigieuse allégorie.
A Galata, au-dessus de l’unique porte subsistant dans les vestiges des murailles génoises, celle de Yanikkapi, se trouvent les armes de Gênes, composées de trois écus, avec saint Georges, patron de la cité italienne, accompagné des armoiries des familles De Meruda et Doria. Mais victimes de leurs succès, elles ont, à maintes reprises, été la proie de pillards tentant d’arracher le panneau de pierre si bien qu’en 2019, on les a emprisonnées sous une grille de fer !
Toujours à Galata, au coin de la rue Bankalar Caddesi et Eski Banker sokak, vous pourrez apercevoir, très haut sur la façade de l’Immeuble Saint-Pierre, les armoiries du comte de Saint-Priest, ambassadeur de France à Istanbul ; ce bâtiment, édifié en 1314 par les Génois puis propriété consulaire française restaurée par le comte au XVIIIe siècle, est aussi la maison natale d’André Chénier, comme l’atteste une plaque commémorative posée par le célèbre architecte Alexandre Vallaury. Il est actuellement en restauration pour abriter le Conservatoire de l’Université de Bahçesehir.
Si, au fil de vos promenades dans Istanbul, vous y prêtez attention, vous pourrez encore découvrir bien d’autres emblèmes et vous livrer au plaisir de tenter de les décrypter !
Saint Nicolas (245-363), né dans une riche famille de la ville lycienne de Patara, était un jeune homme épris de mysticisme qui n’aimait rien tant que la fréquentation des églises. Après avoir étudié la théologie au monastère de Xanthos, il devint prêtre de l’église de Myra ou Demre et se fit rapidement connaître pour ses innombrables miracles : sauver ses concitoyens de la famine, arrêter une tempête juste avant que le bateau ne fasse naufrage…
On raconte qu’un père désespéré de ne pouvoir, faute d’argent, constituer le trousseau de ses trois filles, envisageait de vendre l’une d’entre elles au marché aux esclaves pour doter les deux autres lorsque saint Nicolas leur jeta à travers la fenêtre, sans se faire voir, une bourse pleine d’or…
Saint Nicolas consacra toute sa fortune à secourir les miséreux. Protecteur des marins, des commerçants, des indigents mais surtout des enfants, saint Nicolas est l’objet de nombreuses légendes, dont la plus célèbre raconte qu’après sa mort, une source d’huile bienfaisante opérant des guérisons inespérées jaillit de son tombeau.
Pour commémorer la mort du saint, la ville de Demre organise chaque année, le 6 décembre, la journée du Père Noël. Les âmes romantiques n’ayant rien perdu de leur imagination d’enfant ont même la possibilité de se marier dans l’église Saint Nicolas.
L’Église Saint Nicolas de Demre, édifiée après la mort du saint et le Musée du Père Noël comptent en effet parmi les plus célèbres lieux de pèlerinage en Turquie...
MES LIVRES
La trilogie d’Istanbul
La Trilogie d’Istanbul est une somme romanesque se déroulant à Istanbul entre 1985 et 2008.
Fenêtres d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2003) : Dans une rue enneigée d’Istanbul, Brave, l’épicier, observe les fenêtres de l’immeuble d’en face dont il connaît tous les occupants. C’est alors qu’apparaît le Tambour du Ramadan, un va-nu-pieds aux allures de Pacha… Une fiction sur l’Istanbul de la fin du XXe siècle, déchiré entre modernisme et traditions, avec son foisonnement baroque, ses paradoxes dans la condition des femmes, son incroyable diversité, sa mosaïque de croyances... Un conte moderne, à la fois réaliste et poétique, loin des stéréotypes sur la Turquie.
Grimoire d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2006) : Alice, franco-turque de 35 ans, prisonnière d’un passé qui la hante, regagne Istanbul, sa ville natale. Sa mission : remplacer un archéologue assassiné dans d’étranges circonstances. Dès lors, sa route va croiser celle de plusieurs personnages, tous en quête, pour des mobiles différents, d’un manuscrit ancien… Un roman d’aventures entraînant le lecteur sur les sites de Turquie témoins des débuts du christianisme ; un roman psychologique sur la complexité des sentiments et du désir, sur les fantômes du passé ; une réflexion éthique sur la tentation...
Secrets d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2009) : Alice trouve un jour dans un sac de voyage un mystérieux carnet qui va bouleverser son existence. Cette découverte marque le début d’une enquête où secrets de famille et tabous voleront en éclats… Un roman mettant en scène des héros torturés par un secret de famille… Leur quête de la vérité et de l’amour les contraindra à fouiller le passé pour élucider les mystères liés à leurs ancêtres, sur les traces de cinq personnages historiques connus pour avoir échafaudé des “châteaux en Turquie” : un soi-disant messie, un illustre poète français, un bâtisseur de phares, un peintre de la cour ottomane…
Deux romans historiques sur la Turquie du moyen-âge
Les deux romans La Sultane Mahpéri et Sultane Gurdju Soleil du Lion constituent les deux tomes de la suite romanesque « Dynasties de Turquie médiévale ». Ils se passent au XIIIe siècle à l’époque des Seldjoukides d’Anatolie et mettent en scène deux personnages historiques célèbres, la sultane Mahpéri et la sultane Gurdju.
La Sultane Mahpéri, (GiTa Yayınları, 2004) : Ce roman, fruit de longues années de travail, fait revivre quelques grands personnages historiques du Moyen Age turc : Alaeddin Keykubad, sultan prestigieux, infatigable bâtisseur, amoureux des arts et des lettres ; la princesse de Candélore, plus connue sous le nom de Sultane Mahpéri ; Saadeddin Köpek, architecte du palais de Kubad Abad ; le « Sultan des Savants, » père du célèbre poète Mewlânâ… Amour, haine, jalousie, ambition, intrigues, goût du pouvoir, les passions inassouvies conduisent à la violence et au crime...
Sultane Gurdju Soleil du Lion (GiTa Yayinlari d’Istanbul et Ataturquie, Paris, 2015) : A la mort de son époux, la sultane Mahpéri engage une lutte sans merci contre le redoutable vizir Kopek, pour fortifier le pouvoir de son fils, Giyaseddin. Lorsque le jeune sultan épouse la princesse géorgienne Tamara, désormais appelée Sultane Gurdju, un calme précaire s’installe. Mais d’effroyables dangers surgissent et vont précipiter l’Empire de Roum dans le chaos : la rébellion du derviche Baba Resul, les complots, l’attaque des Mongols… Ce deuxième tome des « Dynasties de Turquie médiévale » présente une autre héroïne inoubliable du XIIIe siècle turc, Sultane Gurdju, disciple du grand mystique Mevlânâ…
Mes Istamboulines
Mes Istamboulines, (GiTa Yayınları, 2010), est un recueil d’essais, récits et nouvelles de A à Z, entièrement illustré par d’anciennes cartes postales sur la ville d’Istanbul. « Un jour, j’ai découvert une ville qui m’émerveillait, me fascinait et parfois me chagrinait. Il s’est établi une correspondance parfaite entre ma sensibilité profonde et cette mégapole baignant dans l’eau, pétrie de souvenirs de toutes les cultures, constituée d’une mosaïque de gens différents. C’est la ville qui m’inspire en tant qu’écrivain. Je la ressens comme « ma » ville. Ce livre est le fruit de mes étonnements, de mes doutes et de mes bonheurs. Le miroir de l’Istanbul de Gisèle, stambouliote d’adoption. »
Janus Istanbul, théâtre musical, livre avec CD, musique et interprétation des chansons : Erol Köseoglu, (GiTa Yayınları, 2011)
Janus, le dieu aux deux visages, s’ennuie, les humains l’ont oublié. Jusqu’au jour où s’installe dans la maison construite sur les ruines de son temple, un jeune couple mixte, Chloé et Hakan. Voilà de quoi redonner de l’énergie, mais aussi des tourments, à ce gardien de la diversité. Car une nouvelle mission va lui incomber : aider Petit Janus, l’enfant du couple, à assumer la richesse de ses origines différentes. Mêlant satire et poésie, drame et comique, la pièce de théâtre musical, Janus Istanbul, soutenue par les compositions d’Erol Köseoglu, pose le problème de l’identité dans le mélange des cultures, de la tolérance et de l’acceptation des différences. Mais en musique…
Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère, L’Homme qui assassina, Roman et analyse. Edition Aksel Köseoglu (GiTa Yayınları, 2013)
L’Homme qui assassina, chef-d’œuvre turc de Claude Farrère, publié en 1907, est un roman de l’ombre. La ville d’Istanbul ensorcelle sur-le-champ Renaud de Sévigné et va définitivement bouleverser sa vie. Jusqu’où cet attaché militaire près l’Ambassade de France en Turquie va-t-il s’égarer, en compagnie de l’envoûtante Lady Falkland, dans la magie du vieux Stamboul ?
Le livre, entremêlant histoire d’amour, roman d’espionnage, intrigue policière et récit exotique, met en scène un univers romanesque inquiétant, évoqué avec passion par Claude Farrère, celui de la ville d’Istanbul dans les derniers fastes de l’Empire ottoman … Un roman culte pour les amoureux de l’Istanbul de Jadis…
La Côte d’Azur, guide touristique en turc, édition Aksel Köseoglu (GiTa Yayınları, 2018) : Ce guide de voyage en turc sur la Côte d’Azur a été écrit spécialement pour les voyageurs venus de Turquie à qui nous faisons partager notre longue expérience de cette région : moi parce que j’en suis native et m’y suis beaucoup promenée et Taceddin Koseoglu parce qu’il la visite depuis plus de trente ans…
Basilique byzantine, mosquée ottomane, musée de la république
Edifiée par Justinien en 537, Sainte Sophie ou la "Divine Sagesse" fut, pendant 916 ans, le symbole de l’orthodoxie et resta la plus grande église du monde jusqu’à l’achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.
Convertie en mosquée en 1453 à la conquête de Constantinople par Mehmet le Conquérant, elle devint un musée à l’époque d’Atatürk en 1934. Elle était considérée depuis comme le symbole du pluralisme religieux de la Turquie.
La réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman
Le vendredi 10 juillet 2020, le Conseil d’Etat turc a déclaré illégale puis annulé la décision de 1934 qui avait fait de Sainte-Sophie un musée « offert à toute l’humanité ». Un décret présidentiel a suivi pour remettre les clés du musée à la Direction des Affaires religieuses afin de rouvrir le lieu au culte, tout en s’engageant à ce qu’il reste ouvert à la visite pour tous, Turcs ou étrangers, musulmans et non musulmans ; la première prière y aura lieu le vendredi 24 juillet…
Depuis les trois décennies que je vis en Turquie, le sujet de la réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman a été débattu des dizaines de fois, voire utilisé par certains comme argument de campagne électorale destiné aux traditionnalistes, qui d’ailleurs, dès l’annonce de la décision, se sont assemblés devant le musée en criant « les chaînes ont été brisées ! », pour fêter ce qu’ils nomment une « résurrection ».
Le destin des mosaïques
Qu’en était-il exactement dans la réalité ? En dépit de son statut officiel de musée, depuis 1991, un emplacement de Sainte-Sophie, qui avait son propre imam, avait été affecté à la prière, dans l’espace jadis réservé au repos du sultan ; et depuis 1996, l’appel à la prière était lancé depuis l’un des quatre minarets.
Mais l’inquiétude des amateurs d’histoire porte désormais sur le destin des célèbres mosaïques, recouvertes de badigeon blanc pendant la transformation en mosquée puis dévoilées et restaurées à grands frais pendant des décennies lors de la période du musée ; les partisans de la reconversion en mosquée disent qu’elles se situent au- dessus des portes d’entrée des vestibules et surtout dans la tribune de l’étage, ce qui ne constitue pas un obstacle à la prière, puisqu’on ne les voit pas. Par contre, que deviendront la Vierge Marie et l’archange saint Michel de l’abside ? Certains proposent de les cacher par des projecteurs de lumière sombre lors de la prière. En ce qui concerne les quatre célèbres séraphins ornant les contreforts, à l’époque ottomane, on avait masqué leur visage avec des cabochons dorés (qui subsistent toujours, seule la face de l’un des quatre a été dévoilée.)
A la Sainte-Sophie de Trabzon, redevenue mosquée en 2013, des panneaux blancs délimitent les espaces réservés à la prière, ce qui permet d'apercevoir les fresques d’origine mais empêche désormais toute vision d’ensemble de l’édifice (Précisons au passage que les habitants de Trabzon, qui avaient milité pour que la Sainte-Sophie de leur ville soit réouverte au culte, ont vite déchanté car désormais, il n'y a plus de touristes... )
Mosaïque de l'entrée sud-ouest de Sainte-Sophie. Constantin présente à la Vierge une maquette de la ville de Constantinople et Justinien lui offre la basilique...
Quel avenir pour Sainte-Sophie ?
Jusqu’à ce jour, les deux lieux les plus visités de Turquie étaient le palais de Topkapi et Sainte Sophie, avec environ trois millions de visiteurs chacun par an. Sainte-Sophie redevenue mosquée, l’entrée en sera-t-elle gratuite ? La somme rapportée par les billets d’entrée ne manquera-t-elle pas pour entretenir le bâtiment ? Ajoutons cependant que des rumeurs affirment qu'il faut faire la différence entre "ouvrir au culte" et "transformer en mosquée" ; pour le moment, on est encore dans le premier cas de figure, ce qui n'empêche pas de faire payer l'entrée pour la visite... Mais ce ne sont que des suppositions...
L’Unesco, qui avait classé Sainte-Sophie sur la liste du Patrimoine mondial de l'Humanité, s’est déclaré déçu par l’absence de dialogue concernant son changement de statut. Quant aux professionnels du tourisme en Turquie, ils ne dissimulent pas leur désarroi…
Bon, disons que cette très vieille dame de Sainte-Sophie en a vu d’autres ; la première basilique de l’histoire chrétienne, élevée par l’empereur Constantin en 360 et nommée « Grande Eglise », brûla lors d’un soulèvement populaire. La deuxième, construite par Théodose en 415, disparut aussi dans un incendie en 532, lors de la sédition Nika, qui faillit renverser Justinien. Ce dernier confia alors au physicien Anthémius de Tralles et au mathématicien Isidore de Millet la réalisation de son pharaonique projet. Dix mille ouvriers travaillèrent durant cinq ans à l’édification de l’église actuelle, pour élever un sanctuaire « tel que depuis Adam, il n’y en eut jamais et qu’il n’y en aura jamais plus », doté d’une coupole d’or haute de cinquante-sept mètres symbolisant le passage de la terre au ciel.
En 1204, Sainte-Sophie fut entièrement pillée par les croisés de la Quatrième croisade, qui brisèrent même son autel. En 1453, après la conquête de Constantinople, elle fut convertie en mosquée ; en 1934, elle fut changée en musée… En 2020, elle est rouverte au culte musulman… Personne ne peut prévoir ce qu’il adviendra, dans les siècles à venir, d’un des plus prestigieux monuments de toute la planète…
En me concerne, je n’ai aucune intention d’alimenter les polémiques mais j’étais allée, il y a une dizaine de jours, profiter de Sainte-Sophie vide de touristes (en raison de la crise du Covid-19) et revoir une dernière fois « tel qu’il était » et « tel que je l’aimais », cet édifice exceptionnel dont la beauté UNIQUE au monde consistait justement en le mélange des symboles chrétiens et musulmans …
La Vierge Marie de l'abside, la célèbre Théotokos du lieu, les cartouches ronds et la chaire à prêcher, mélange parfait des deux religions...
« Je n’écris pas seulement pour mes lecteurs et lectrices. J’écris pour les disparus, pour ceux qui ont écrit avant moi ; j’écris pour les murs et les pierres, pour la mémoire gravée dans les strates de la ville ; j’écris pour tous les écrivains d’Istanbul ; j’écris pour les amoureux de l’Istanbul de demain… »
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