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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 11:55

Le 17 décembre, pour célébrer l’anniversaire de la mort du célèbre poète et philosophe mystique Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ,  ont lieu dans de nombreux endroits de Turquie, les cérémonies nocturnes de Şeb-i Aruz, soit, la « nuit de noces » ou « la nuit de l’union », appelée ainsi par les croyants qui considèrent que c’est la date à laquelle Mevlânâ a rejoint Dieu.

 

Cette envoûtante cérémonie est effectuée par des « derviches tourneurs » qui sont d’authentiques « semazen », ceux qui pratiquent la danse giratoire appelée « sema », célébrant ainsi de tout leur cœur la mémoire du célèbre philosophe qui, au XIII e siècle, créa leur confrérie.

Précisons que les « semazen » dont je parle sont éloignés de tout fanatisme religieux, ont la particularité de vénérer la République fondée par Atatürk, dont ils prient pour le repos de l’âme et considèrent les femmes comme leurs égales, ce qu’ils prouvent en les acceptant dans la cérémonie du « sema » ( ce qui n’est pas le cas de tous les derviches tourneurs). Ils se nomment eux-mêmes les « amoureux universels de Mevlânâ », dont ils propagent le message de paix, fraternité, tolérance et amour.

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Pour tenter de faire comprendre leur passion, je me contenterai de citer une anecdote que m’a racontée un « semazen » avec lequel j’ai eu la chance de parler :

Un homme, arrivant près du couvent de la confrérie, remarque des tombes sur lesquelles figurent des dates de mort telles que : « 3 ans », « 7 ans », « douze ans »…

Intrigué, il demande aux membres de la confrérie pourquoi leur cimetière renferme tant de tombes d’enfants. Y-a-t-il eu une catastrophe ? Une épidémie ?

-Non, répond un derviche. C’est que la date réelle de la naissance d’une personne ne signifie rien pour nous. Pour nous, la vraie date de naissance, c’est celle où la personne a « rencontré » Mevlânâ.  C’est pour cela que nous indiquons la durée de vie en nombre d’années passées à pratiquer le « sema »…  

 

Je n’oublierai jamais la première fois où je me rendis à Konya, au début de mon installation en Turquie. A cette époque, je ne savais presque rien de Mevlânâ, sauf qu’il était le fondateur de l’ordre des Derviches Tourneurs. Mais lorsque je fus entrée dans le mausolée, appelé « türbe », j’ai été si impressionnée par l’atmosphère qui s’en dégageait que j’ai tout de suite éprouvé le besoin de mieux connaître ce poète et philosophe. Je me suis alors plongée dans la lecture de ses livres essentiels, le Mesnevi et le Divan-ı Kebir que depuis, je n’ai jamais cessé de relire.

           Ancienne carte postale de la tombe de Mevlânâ

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Si on me demandait ce que la lecture de Mevlânâ a apporté à ma vie, la première réponse serait : il m’a émerveillé par sa tolérance. Au XIIIe siècle où, dans le reste du monde, on se battait souvent au nom de la religion, il n’hésite pas à prêcher l’amour et le respect de l’autre, quel qu’il soit. D’ailleurs, sa citation la plus célèbre, que l’on trouve reproduite dans une infinité de livres n’est-elle pas : « Viens, viens, viens ! Qui que tu sois, viens ! Que tu sois infidèle, idolâtre, païen, viens ! Notre confrérie n’est pas la confrérie du désespoir. Même si tu as renié cent fois ta parole, viens quand même… »

C’est après avoir effectué des recherches sur Mevlânâ que j’ai ensuite écrit deux romans historiques sur les Seldjoukides d’Anatolie, La Sultane Mahpéri et Sultane Gurdju Soleil du Lion…, dont Mevlânâ est un des personnages puisqu’il inspire tous ceux et celles qui le rencontrent…

 

A l’automne 2018, j’ai eu la chance d’être invitée par l’université de Selçuk à Konya pour parler de mes livres.
 

 

Les personnes qui m’ont merveilleusement reçue m’ont conduite dans tous les lieux « mystiques » de Konya, pour les voir ou revoir…

Ici, sur la tombe d'Eva de Vitray-Meyerovitch, la grande spécialiste du soufisme, qui avait émis le voeu d'être inhumée à Konya non loin du mausolée de Mevlânâ...

...

 

Le merveilleux musée de Konyanuma qui offre des panoramas géants sur l’histoire du lieu…

 

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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 21:04

Il y a bien longtemps, lorsque, fraîchement arrivée de Cannes, je me suis installée à Istanbul, je ne connaissais rien encore des quartiers de la ville. Il faut dire que j’habitais alors un appartement loué par un ami dans le quartier de Fatih, au rez-de-chaussée d’un immeuble traditionnel. En face, l’épicier, assis du matin au soir sur un petit tabouret. Il ne quittait son siège que pour remplir le panier d’osier accroché à une corde que les femmes faisaient descendre par leur fenêtre en criant : «  Kémal, un kilo de riz ! » Et moi, étrangère venue de la Côte d’Azur, je ne me lassais pas d’observer avec étonnement ce spectacle...

« La femme au panier », tableau de ma regrettée amie, l’artiste peintre Sedef Atabek.

 

 

Mais le soir où on m’invite à dîner dans un immeuble de Nişantaşi,  j’éprouve un coup de foudre pour cet endroit inconnu et je décide de venir m’y installer. Cela fait maintenant trois décennies que je suis devenue « Nişantaşli» et c’est là que bat le cœur de mon Istanbul.

Les palais à chats dans mon quartier

Au début, j’ai aimé ce quartier parce qu’il était particulièrement européanisé et surtout parce que des gens d’origines différentes y vivaient dans la plus parfaite harmonie. Puis, un jour, une dame âgée de mes voisines, me dit : « Savez-vous qu’à quelques mètres de l’endroit où a été construit notre immeuble se trouvait dans ma jeunesse un merveilleux manoir entouré de tilleuls ? » Ma surprise fut telle que je me suis alors plongée dans les livres d’histoire pour mieux connaître le passé du secteur. A partir de ce moment, je me suis mise à rêver sur Nişantaşi jusqu’à en faire un des lieux où se déroule mon premier roman, Fenêtres d’Istanbul.

 

Au XVIIIe siècle, le quartier n’est qu’une étendue campagnarde où se trouvent des fermes produisant lait, yaourt et fromages. L’absence d’habitations et le caractère sauvage des lieux font que le sultan Selim III les choisit pour terrain de chasse et d’entraînement pour le tir. A l’époque, les "Padischah" ont coutume de commémorer par une pierre de tir soit l’endroit qu’ils ont pris pour cible soit celui où leur flèche est tombée. C’est dans les années 1790 que le sultan Selim III plante la première pierre de tir (dikilitaş, en turc), d’où le quartier tirera son nom. De plus, pour effectuer sa prière lors de ses promenades, il y édifie une petite mosquée en bois qui est le premier bâtiment du lieu.

 

La mosquée actuelle...

La mosquée actuelle...

Lorsque le sultan Abdülmecit quitte Topkapı pour s’installer au palais de Dolmabahçe et qu’il fait également édifier pour ses promenades le petit château d’Ihlamur Kasrı, ses proches et les dignitaires du palais commencent à édifier des manoirs, appelés «konak», à Nişantaşi pour se rapprocher de lui. A l’emplacement de la petite mosquée de Selim III, Abdülmecit fait d’ailleurs élever en 1854 la belle mosquée de Teşvikiye, où l’on peut voir aujourd’hui les célèbres pierres commémorant les tirs de Selim III et Mahmud II. De plus, en octroyant aux étrangers, à l’époque du Tanzimat, le droit de s’installer dans le secteur, le sultan donne naissance au quartier de Teşvikiye et en symbolise la création par la pose de deux autres pierres, l’une que l’on peut voir aujourd’hui devant le commissariat de Teşvikiye, l’autre au carrefour des rues de Teşvikiye et de Valikonağı, portant l’inscription : «Le quartier de Tesvikiye, fruit de l’amour sans borne du sultan Abdülmecid »…

La popularité de Nişantaşi et Teşvikiye ne cessera après de grandir avec l’installation d’Abdülhamid à Yıldız. C’est pour cela que jusqu’aux années trente, le quartier demeurera célèbres pour ses luxueuses demeures.

 

Mais après l’avènement de la République, les manoirs, désormais privés de leur raison d’être, s’envolent en fumée, tombent en ruine et vont laisser la place à des immeubles modernes. Bien vite, la zone devient une des plus connues d’Istanbul pour ses constructions dernier cri. Puis, dans les années 1970, les magasins de luxe désertant Beyoglu viennent s’y installer. Mais en dépit de cette modernisation et de la perte d’une partie de leur âme, ces quartiers ont conservé leurs amoureux inconditionnels, dont je suis.

 

La belle porte d'un immeuble ancien

La belle porte d'un immeuble ancien

Aujourd’hui, lorsque je vois une des pierres de tir, j’imagine le sultan entouré de sa troupe de cavaliers. Quand je passe devant le lycée de Sişli Terakki, je me dis qu’à son emplacement se dressait le somptueux château du Pacha Halil.

Le manoir du Pacha Halil en 1900

Ou lorsque j’aperçois, près du Centre commercial City’s, l’Académie de mode d’Istanbul, je me souviens que la demeure appartenait à l’un des plus célèbres ministres du sultan Abdülhamid, Sait Pacha, connu pour avoir fait édifier sur la place le manpird’Izmir la légendaire Tour de l’Horloge.

Le manoir de Sait Pacha 

La rue où j’habite se nommait jadis « Rue des potagers ». Cela m’a rappelé que le célèbre poète français Lamartine, se rendant en 1850 de Taksim à Ihlamur Kasri, le Château des tilleuls, qu’il nomme « Kiosque de Flamour », pour rencontrer le sultan Abdülmecid,  emprunte ce qu’il appelle « la route des collines » (ma rue) et décrit en ces termes son passage à Nişantaşi : « Nous nous serions crus dans une vallée de Suisse... on n’entendait aucun bruit que le murmure d’un filet d’eau sur les cailloux et des oiseaux chantant dans les feuilles. On n’apercevait aucun mur, aucun toit, aucune barrière, aucune trace d’habitation... » 

 

Le Nişantaşi que j’aime n’est pas seulement celui des immeubles bourgeois et des boutiques de luxe. C’est aussi celui dans lequel dort le souvenir nostalgique des palais de bois sculpté et des jardins pleins de glycines et de tilleuls. Avec un peu d’imagination, peut-être pourrons-nous voir passer le fantôme d’un pacha ou la silhouette d’une dame à la voilette rose...

 

Une autre belle porte ancienne...

Une autre belle porte ancienne...

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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 12:50
Né le 21 octobre : Lamartine, un amoureux de la Turquie…

Alphonse de Lamartine est venu deux fois en Turquie. La première fois en 1833, à la fin de son « grand tour » en Orient, où, réfugié dans un « yali » de Buyukdere pour s’adonner au chagrin causé par la mort de sa fille Julia, il n’en éprouva pas moins un « coup de foudre » pour la Turquie. La deuxième fois en 1850, lorsque, déçu par  son échec aux élections présidentielles, il décida de se mettre au service du sultan, qui finit par lui octroyer un immense domaine dans les environs de Tiré. Mais bien vite, faute d’argent, Lamartine réalisa qu’il serait incapable d’exploiter les terres et dut renoncer à ce que ses adversaires nommaient ses « châteaux en Orient ».

"Si je n'avais qu'un seul regard à poser sur le monde, ce serait sur Istanbul"...

Saisi par sa détresse, le sultan mit les terres en location et lui en versa la rente jusqu’à la fin de sa vie. Pour remercier son bienfaiteur, Lamartine entreprit alors la rédaction de son immense « Histoire de la Turquie ». Il devint aussi une sorte de galérien de l’écriture, obligé, jusqu’à son dernier souffle, d’écrire sur commande pour gagner sa vie…

L’histoire de Lamartine en Turquie fait l’objet du second chapitre de Secrets d’Istanbul (troisième tome de La Trilogie d’Istanbul) : Le Palais mystique de Sabattaï Tsevi, La Principauté d’Alphonse de Lamartine, Les Phares du Bosphore de Michel Pacha, L’Œuvre perdue de Pierre Désiré Guillemet…

Première édition du roman

 

Couverture de la nouvelle édition

Couverture de la nouvelle édition

Lien sur ma vidéo, Lamartine en Turquie : https://www.youtube.com/watch?v=cx3IyPu-5K4

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 14:57

Ma vidéo :

Si Istanbul était un livre...

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22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 12:18

MES LIVRES

La trilogie d’Istanbul

 

La Trilogie d’Istanbul est une somme romanesque se déroulant à Istanbul entre 1985 et 2008.

 

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Fenêtres d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2003) : Dans une rue enneigée d’Istanbul, Brave, l’épicier, observe les fenêtres de l’immeuble d’en face dont il connaît tous les occupants. C’est alors qu’apparaît le Tambour du Ramadan, un va-nu-pieds aux allures de Pacha… Une fiction sur l’Istanbul de la fin du XXe siècle, déchiré entre modernisme et traditions, avec son foisonnement baroque, ses paradoxes dans la condition des femmes, son incroyable diversité, sa mosaïque de croyances... Un conte moderne, à la fois réaliste et poétique, loin des stéréotypes sur la Turquie.

Grimoire d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2006) : Alice, franco-turque de 35 ans, prisonnière d’un passé qui la hante, regagne Istanbul, sa ville natale. Sa mission : remplacer un archéologue assassiné dans d’étranges circonstances. Dès lors, sa route va croiser celle de plusieurs personnages, tous en quête, pour des mobiles différents, d’un manuscrit ancien… Un roman d’aventures entraînant le lecteur sur les sites de Turquie témoins des débuts du christianisme ; un roman psychologique sur la complexité des sentiments et du désir, sur les fantômes du passé ; une réflexion éthique sur la tentation...

Secrets d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2009) : Alice trouve un jour dans un sac de voyage un mystérieux carnet qui va bouleverser son existence. Cette découverte marque le début d’une enquête où secrets de famille et tabous voleront en éclats… Un roman  mettant en scène des héros torturés par un secret de famille… Leur quête de la vérité et de l’amour les contraindra à fouiller le passé pour élucider les mystères liés à leurs ancêtres, sur les traces de cinq personnages historiques connus pour avoir échafaudé des “châteaux en Turquie” : un soi-disant messie, un illustre poète français, un bâtisseur de phares, un peintre de la cour ottomane…

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Deux romans historiques sur la Turquie du moyen-âge

Les deux romans La Sultane Mahpéri et Sultane Gurdju Soleil du Lion constituent les deux tomes de la suite romanesque « Dynasties de Turquie médiévale ». Ils se passent au XIIIe siècle à l’époque des Seldjoukides d’Anatolie et mettent en scène deux personnages historiques célèbres, la sultane Mahpéri et la sultane Gurdju.

La Sultane Mahpéri, (GiTa Yayınları, 2004) : Ce roman, fruit de longues années de travail, fait revivre quelques grands personnages historiques du Moyen Age turc : Alaeddin Keykubad, sultan prestigieux, infatigable bâtisseur, amoureux des arts et des lettres ; la princesse de Candélore, plus connue sous le nom de Sultane Mahpéri ; Saadeddin Köpek, architecte du palais de Kubad Abad ; le « Sultan des Savants, » père du célèbre poète Mewlânâ… Amour, haine, jalousie, ambition, intrigues, goût du pouvoir, les passions inassouvies conduisent à la violence et au crime...

Sultane Gurdju Soleil du Lion (GiTa Yayinlari d’Istanbul et Ataturquie, Paris, 2015) : A la mort de son époux, la sultane Mahpéri engage une lutte sans merci contre le redoutable vizir Kopek, pour fortifier le pouvoir de son fils, Giyaseddin. Lorsque le jeune sultan épouse la princesse géorgienne Tamara, désormais appelée Sultane Gurdju, un calme précaire s’installe. Mais d’effroyables dangers surgissent et vont précipiter l’Empire de Roum dans  le chaos : la rébellion du derviche Baba Resul, les complots, l’attaque des Mongols… Ce deuxième tome des « Dynasties de Turquie médiévale » présente une autre héroïne inoubliable du XIIIe siècle turc, Sultane Gurdju, disciple du grand mystique Mevlânâ…

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

 Mes Istamboulines

Mes Istamboulines, (GiTa Yayınları, 2010), est un recueil d’essais, récits et nouvelles de A à Z, entièrement illustré par d’anciennes cartes postales sur la ville d’Istanbul. « Un jour, j’ai découvert une ville qui m’émerveillait, me fascinait et parfois me chagrinait. Il s’est établi une correspondance parfaite entre ma sensibilité profonde et cette mégapole baignant dans l’eau, pétrie de souvenirs de toutes les cultures, constituée d’une mosaïque de gens différents. C’est la ville qui m’inspire en tant qu’écrivain. Je la ressens comme « ma » ville. Ce livre est le fruit de mes étonnements, de mes doutes et de mes bonheurs. Le miroir de l’Istanbul de Gisèle, stambouliote d’adoption. »

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Janus Istanbul, théâtre musical, livre avec CD, musique et interprétation des chansons : Erol Köseoglu, (GiTa Yayınları, 2011)

Janus, le dieu aux deux visages, s’ennuie, les humains l’ont oublié. Jusqu’au jour où s’installe dans la maison construite sur les ruines de son temple, un jeune couple mixte, Chloé et Hakan. Voilà de quoi redonner de l’énergie, mais aussi des tourments, à ce gardien de la diversité. Car une nouvelle mission va lui incomber : aider Petit Janus, l’enfant du couple, à assumer la richesse de ses origines différentes. Mêlant satire et poésie, drame et comique, la pièce de théâtre musical, Janus Istanbul, soutenue par les compositions d’Erol Köseoglu, pose le problème de l’identité dans le mélange des cultures, de la tolérance et de l’acceptation des différences. Mais en musique…

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère, L’Homme qui assassina, Roman et analyse. Edition Aksel Köseoglu  (GiTa Yayınları, 2013)

 

L’Homme qui assassina, chef-d’œuvre turc de Claude Farrère, publié en 1907, est un roman de l’ombre. La ville d’Istanbul ensorcelle sur-le-champ Renaud de Sévigné et va définitivement bouleverser sa vie. Jusqu’où cet attaché militaire près l’Ambassade de France en Turquie va-t-il s’égarer, en compagnie de l’envoûtante Lady Falkland, dans la magie du vieux Stamboul ?

Le livre, entremêlant histoire d’amour, roman d’espionnage, intrigue policière et récit exotique, met en scène un univers romanesque inquiétant, évoqué avec passion par Claude Farrère, celui de la ville d’Istanbul dans les derniers fastes de l’Empire ottoman …  Un roman culte pour les amoureux de l’Istanbul de Jadis…

 

 La Côte d’Azur, guide touristique en turc, édition Aksel Köseoglu  (GiTa Yayınları, 2018) : Ce guide de voyage en turc sur la Côte d’Azur a été écrit spécialement pour les voyageurs venus de Turquie à qui nous faisons partager notre longue expérience de cette région : moi parce que j’en suis native et m’y suis beaucoup promenée et Taceddin Koseoglu parce qu’il la visite depuis plus de trente ans…

 

 

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu
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16 mars 2020 1 16 /03 /mars /2020 12:38

Lorsque le président de la république française a annoncé jeudi 12 mars 2020 que les écoles fermaient pour éviter la propagation du Covid-19 sur notre territoire, en précisant que « chacun d’entre nous déteint une partie de la protection des autres », tout le monde s’attendait à ce qu’il reporte les élections municipales du 15 mars. Que nenni ! Après nous avoir apeurés avec des propos alarmants pour nous convaincre que nous étions en danger, le président nous a asséné la conclusion surprise :

 « Rien ne s'oppose à ce que les Français se rendent aux urnes » !

En argumentation, on appelle non sequitur ce genre de raisonnement fallacieux dont la conclusion ne suit pas les prémisses.

Le raisonnement logique aurait dû être :

-Le Covid-19 est dangereux, donc nous fermons les écoles, donc nous reportons les élections…

Mais là, coup de théâtre argumentatif :

Le Covid-19 est dangereux, donc nous fermons les écoles, donc nous maintenons les élections !

Tout cela conforté par un bel argument d’autorité : « en suivant l’avis des scientifiques »…

 

Dangerosité du Covid-19 : de l’art d’embrouiller les esprits…

Samedi soir, l’annonce par le premier ministre de la fermeture à minuit des magasins, cafés et restaurants, bref, de tous les lieux « non indispensables à la vie du pays », n’a fait que renforcer le brouillamini. Voilà un beau carrosse de Cendrillon ! Vilaine citrouille à minuit et tout requinqué le matin pour aller aux urnes !

Si dans une dizaine de jours, en France, le nombre de cas de contamination au Covid-19 a dépassé celui de l’Italie, il ne faudra pas vitupérer contre l’inconséquence des Français qui ont été des milliers à aller prendre le soleil aux Buttes-Chaumont ou sur les bords de la Seine au lieu de « rester à la maison ». Car ce sont les plus hautes sphères de l’Etat qui ont brouillé le message avec leur attitude du « Fais ce que je te dis mais ne fais pas ce que je fais »…

Photo du Nouvel Obs...

Photo du Nouvel Obs...

La décision de maintenir les élections municipales,  alors que l’OMS vient de décréter la pandémie, se rangera-t-elle un jour dans la liste des grands scandales sanitaires français, après celui du sang contaminé ou celui du nuage de Tchernobyl contournant notre pays ? On peut se souvenir que le scandale du sang contaminé s’est quand même soldé par un procès pour homicide involontaire même si les accusés ont été relaxés. Et qu’on a frôlé le procès pour les mensonges au sujet du nuage atomique.

Le maintien des élections municipales, par ses contradictions, a malheureusement rendu caduque le conseil de prudence, relayé par des centaines de médecins français suppliant de reporter les élections, que voulait faire passer le chef de l’état ; comment peut-on  d'un côté demander aux gens de ne pas sortir et de l'autre leur dire qu'il n'y a aucun obstacle à aller voter ? De nombreux Français, circonspects face à cette politique du « deux poids deux mesures », ont d'ailleurs choisi la prudence puisque le taux d’abstention aux municipales du 15 mars est estimé à 55.36 %. Mais pour les 44.6 % d’autres, le message a été galvaudé.

N’a-t-on pas vu fleurir hier soir sur les réseaux sociaux, dans les communes où le candidat a triomphé au premier tour, de belles photos de victoire où tout le staff de la mairie, conseil municipal et sympathisants, pose en donnant l’accolade au maire ? Ah, la fameuse distance de un mètre !  Dans une commune de la Côte d’Azur, pour annoncer sa réussite, le maire a même fait retentir la sirène d’alerte des pompiers, créant la panique chez nombre d’habitants qui ne connaissaient pas cette « tradition » locale… Il est vrai que ce matin, suite aux protestations des citoyens, on s’est empressé d’effacer nombre de ces photos donnant le « mauvais exemple »…

Espérons désormais que les « scientifiques » qui ont conseillé le maintien de cet inhabituel rassemblement de population causé par les élections et pensé que les assesseurs des milliers de bureaux de vote bureaux n’étaient pas en danger, aient eu raison et qu’on se soit alarmé pour rien… Dans le cas contraire, on ne peut que souhaiter bon courage à notre héroïque personnel de santé, dont l’abnégation quotidienne est déjà remarquable, pour aller carrément au sacrifice en affrontant la vague qui va suivre…

Seuls les jours prochains permettront de répondre à cette angoissante question.

Espérons aussi que toutes ces incohérences n'auront pas l'honneur de figurer plus tard dans les pages des livres d'Histoire de la France au XXIe siècle...

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9 mars 2020 1 09 /03 /mars /2020 11:54

Un des plus beaux textes de la littérature est sans doute le très célèbre « roseau pensant » de  Blaise Pascal.

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature…. Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour l’écraser »…

Car d’une certaine façon, il a l’art de remettre les pendules à l’heure ;  dans notre civilisation ultra modernisée, mécanisée, technologique, nous avons eu tendance à oublier que nous ne sommes pas les maîtres de la nature et qu’effectivement, la petite « vapeur » d’un virus, pour reprendre la métaphore pascalienne, peut avoir en quelques jours raison de notre civilisation matérialiste, de notre économie, voire de nos vies. On a cru que nos progrès sanitaires nous protégeraient désormais des grands fléaux et on se retrouve avec des médecins italiens manquant d’appareils de ventilation artificielle et devant choisir qui sauver entre un patient de 40 ans et un de 60...

Comment la crise du Covid-19 nous contraint à méditer sur nos modes d’existence…

Sur le plan économique, on se souvient des fameux « plans sociaux » entre les années 1980 et 2005, qui ont mis au chômage des millions d’ouvriers et surtout d’ouvrières ; personne n’a oublié les images tragiques des femmes licenciées à quelques années de la retraite et pleurant à l’entrée des usines qui fermaient. Car à cette époque, il fallait délocaliser là où la main d’œuvre était bon marché, mondialiser pour réaliser de plus grands profits, gagner de l’argent, de plus en plus d’argent, encore plus … quitte à ruiner l’économie de son pays. Aujourd’hui, suite à la pénurie de certaines substances venues de pays lointains, on réalise qu’on a « peut-être » commis une erreur en « délocalisant ». N’a-t-on pas ainsi atteint le comble de l’absurde ? De plus, on vitupère contre les migrants dénués de tout qui se pressent aux portes de l’Europe mais on ne peut même pas imaginer de manquer de pâtes ou de papier toilette, comme le montrent les razzias effectuées par certains dans les supermarchés.

La crise du Covid-19 va nous forcer à remettre en question les valeurs de notre existence ; sans tomber dans les excès de certains sociologues qui jouent les Cassandre en prédisant la fin du capitalisme tout entier, la crise économique qui se profile va faire se poser les questions essentielles. Veut-on encore d’un monde où 2153 personnes possèdent à elles seules autant d’argent que 60% de la population mondiale ? Ou les multinationales pillent les pays pauvres pour enrichir toujours plus un groupe de privilégiés ? Où on prive de travail des familles entières pour économiser quelques sous sur un produit que l’on envoie fabriquer au bout du monde ? Où on détruit systématiquement les merveilles de notre planète sans se soucier de l’héritage empoisonné qu’on lèguera à nos descendants ? Où on est capable de se disputer cruellement dans un supermarché pour du papier toilette ?

Si on en revient encore à Pascal, certes, « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant »… A nous d’exercer notre intelligence et notre humanisme pour savoir dans quel monde nous voulons vivre demain et retrouver un peu d’éthique, au lieu de se vautrer dans le matérialisme et la surconsommation…

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13 février 2020 4 13 /02 /février /2020 10:53
Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu

« Je n’écris pas seulement pour mes lecteurs et lectrices. J’écris pour les disparus, pour ceux qui ont écrit avant moi ; j’écris pour les murs et les pierres, pour la mémoire gravée dans les strates de la ville ; j’écris pour tous les écrivains d’Istanbul ; j’écris pour les amoureux de l’Istanbul de demain… »

La Trilogie d’Istanbul :

Fenêtres d’Istanbul 

Grimoire d’Istanbul 

Secrets d’Istanbul 

 

La Sultane Mahpéri

Sultane Gurdju Soleil du Lion

 

Mes Istamboulines

Janus Istanbul

Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu
Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu

Mes livres sur Internet

http://www.gitayayinlari.com/fr/

Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu
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Editions franco-turques GiTa Yayinlari d’Istanbul

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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 21:04

Cela fait plusieurs décennies que je partage ma vie entre la France et la Turquie. Voilà mon témoignage sur ma vie entre deux pays sur le site des Turquoises, initiatives culturelles éphémères...

 

 

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9 décembre 2019 1 09 /12 /décembre /2019 11:39

C’est au mois de mai 2019 que j'ai eu le plaisir et l'honneur de participer au reportage de la chaîne Arte, "Simenon à Istanbul", destiné à l'émission "Invitation au voyage". Le temps était très orageux ce jour-là, et nous avons bien souvent failli nous envoler sur le pont du bateau.

Georges Simenon à Istanbul, Arte, Invitation au Voyage

Mais ce fut une belle journée, en compagnie de Chenel Kilinç, l’organisatrice à Istanbul (à gauche), Anne Gautier, la réalisatrice (à droite), et Gabriel, le cameraman.

Georges Simenon à Istanbul, Arte, Invitation au Voyage

Simenon à Istanbul

Georges Simenon, auteur de 192 romans et 158 nouvelles, vient à Istanbul du 1 juin au 19 juillet 1933. Arrivé de Marseille sur le paquebot Angkor, il veut effectuer, pour le quotidien Paris-Soir, une interview de Léon Trotsky qui est exilé depuis 1929 sur l’île de Buyuk Ada. Le 6 juin, Simenon prend le bateau  et part rencontrer Trotsky, qui, redoutant un assassinat, vit cloîtré dans une pièce entourée de livres et ne sort du manoir que pour aller à la pêche, comme le montrent les journaux turcs de l'époque...

La maison où demeura Trotsky à Buyuk Ada, aujourd'hui en vente mais en ruine, faute d'entretien...
La maison où demeura Trotsky à Buyuk Ada, aujourd'hui en vente mais en ruine, faute d'entretien...

La maison où demeura Trotsky à Buyuk Ada, aujourd'hui en vente mais en ruine, faute d'entretien...

Georges Simenon à Istanbul, Arte, Invitation au Voyage

Ensuite, Simenon se rend à Odessa, Batoum et Trabzon pour découvrir le monde soviétique puis revient à Istanbul et Ankara, où il prend plus de quatre cents photos. « Le tout début d’un roman, la graine, est un fait d’observation dans la rue »,  dit-il. Comme pour Zola avant lui, les photos constitueront une formidable source d'inspiration pour ses romans...

Le séjour stambouliote inspira à Simenon, qui y logeait au célèbre hôtel Pera Palas, plusieurs œuvres, dont le roman Les Clients d’Avrenos, traduit en turc par Cetin Altan en 1949, qui faisait l’objet de l’émission.

Georges Simenon à Istanbul, Arte, Invitation au Voyage

Un résumé de ma présentation du roman Les Clients d’Avrenos

Les endroits que Simenon choisit de décrire à Istanbul ne sont pas vraiment symboliques de la ville en 1933 mais plutôt des lieux appartenant au vieil Istanbul d’avant la république et qui ont déjà été évoqués dans les Voyages en Orient. Dans le roman Les Clients d’Avrenos, on semble très loin de la Turquie d’Atatürk et de la jeune république ; car en 1933, cela fait déjà 10 ans que la république existe, toutes les grandes réformes ont déjà été réalisées mais Simenon n'en parle jamais. Pour Simenon, Istanbul en 1933, c’est une ville où on loge au Pera Palas, où on se promène en caïque de nuit sur le Bosphore et aux Eaux-Douces d’Asie, où on va pratiquer le kief, s’enivrer, fumer du haschich dans un vieux "yali" du Bosphore ; c’est une image d’Istanbul déjà obsolète à son époque, une vision subjective nourrie par les récits d’écrivains-voyageurs.

Georges Simenon à Istanbul, Arte, Invitation au Voyage

Simenon décrit un monde en déliquescence, avec des personnages marginaux en décalage avec la nouvelle république ; ils appartiennent à la Turquie d’avant, ce sont des hommes de l'ancien monde, des beys, des pachas, qui ont perdu leur fortune, comme Mufti bey qui « avant la révolution, possédait plusieurs palais sur le Bosphore et des terrains immenses ». Cette dégringolade sociale les transforme en noceurs exclus de la nouvelle société qui se caractérise au contraire par la volonté des intellectuels de s'impliquer dans la nouvelle Turquie d'Atatürk. Quant au héros masculin, Jonsac, âgé de la quarantaine, accompagné de la danseuse Nouchi,  il  se définit comme « une sorte de raté qui traîne sa bohème ». Redoutant la solitude, il ne parvient pas à échapper, même s’il le souhaite, à l'emprise des membres du groupe qui le poussent à mener une vie de "patachon". Sa crise existentielle semble une métonymie de la crise de l’Europe en proie à la montée des fascismes en 1933.

 

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  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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