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15 mars 2022 2 15 /03 /mars /2022 20:30

Ballade contre la guerre en Ukraine ou comment on se fait arnaquer, nous, les humanistes pacifistes…

On a grandi dans le refrain du « plus jamais ça ».

Quarante ans après, nos grands-mères stockaient encore le tissu dans l’armoire,

Le savon sous le lavabo

Et chuchotaient toujours le martyre d’Hélène Vagliano,

A Cannes, son corps brûlé au fer des forçats,

Villa Montfleury de maudite mémoire.

Nos parents effaçant la vengeance

Fredonnaient « Give Peace a Chance ».

Le soir, il y avait un vieux copain de mon père qui venait boire

pour oublier ses cauchemars

D’Indochine et quand il était ivre,

Il racontait des histoires d’infirmières empalées

sur des bambous poussant d’un mètre en une nuit, 

D’araignées géantes tuées au fusil.

Moi, je jouais avec mon livre.

On disait : « Elle est trop petite, elle ne peut pas comprendre, elle lit ses contes de fées »…

Après, nos profs en hypokhâgne disaient qu’il n’y aurait plus jamais de guerre

Parce qu’on était tous solidaires.

Mais quand on regardait les livres sur l'étagère,

Il y avait des listes : Israël, la Corée, l’Algérie, le Vietnam, le Liban, le Biafra  et chaque jour la mort de Gavroche.

Il y avait les « boat people », les caboches écrasées au Cambodge à coup de  pioche.

Je me revois un dimanche dans la rue avec ma tirelire, « Un franc pour un enfant »…

Puis, la vie a continué cahin-caha, bon an, mal an, 

Avec l’Afghanistan, l’Iran et l’Irak, le Golfe, la Yougoslavie, la Tchétchénie,

Le Zaïre, l’Irak, le Tchad, la Somalie, le Yemen,  la Syrie, la Lybie, le Mali

Et Dieu sait combien j’en omets

Tant sont nombreux ceux qui se sont étripés.

Les migrants, on leur a vendu des gilets de sauvetage bourrés de coton

Des pneumatiques à l’abandon.

Pendant qu’on sirotait un pot au bord de mer,

On envoyait des mercenaires

Pour couler leurs bateaux

En Méditerranée-tombeau,

Ou on les a vendus aux portes de l’Europe,

Contre un migrant, un euro et des breloques.

Cedric Herrou a été jugé, Carola Rackete interpellée

Délits de solidarité.

Aujourd’hui, on exhume la hache mal enterrée

Le calumet a cessé de fumer.

Il y en a qui veulent la guerre en feignant d’œuvrer  pour la paix.

Et nous, marionnettes manipulées

On n’a plus qu’une seule vérité,

Un monolithe manichéen

Corseté d’airain.

Pourtant, la vérité  n’est ni blanche ni noire elle est multicolore ou grise.

Je hais les propagandes et leur emprise.

Ça me laisse perplexe que des dames qui auraient laissé crever de faim un migrant sur leur seuil

Cousent de petits sacs à dos 

Et des drapeaux

A clouer sur les cercueils.

Tant mieux si les cœurs cadenassés se déverrouillent

Mais ils ne s’ouvrent qu’à l’endoctrinement

Parce qu’ils ont vu les réfugiés avec des chats blancs

Et des chiens morts de trouille.

Pauvres civils ukrainiens suppliciés,

Immolés par la grande assemblée des nations

« On n’arrive pas à faire de négociations »,

Rackettés par des bandits

« File-moi tes dollars ou ton cul et je t’emmène loin d’ici »,

De quelle machination êtes-vous le jouet ?

A qui profite le chaos ?

Demain, lorsque les marchands d’armes et les va-t’en guerre auront gagné

Quand on sera étranglé au garrot,

Ukraine exterminée, Russie anéantie, Europe ensevelie, Afrique affamée,

On pourra toujours faire apprendre aux enfants « Barbara » de Prévert.

« Oh Barbara

Quelle connerie la guerre »…

 

 

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 15:55

Cela faisait longtemps que je souhaitais rencontrer Monsieur Armand Oliviero, mémoire vivante de Tende, pour lui faire part de mon admiration au sujet de son livre Souvenirs de la Roya, paru en 2012 aux Editions du Cabri.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

En effet, cet extraordinaire livre-album comporte 600 documents et photographies concernant les familles, les activités et les fêtes des villages de Breil-sur-Roya, Saorge, Fontan, La Brigue, Tende et leurs hameaux. 

Photo ancienne de la collection Oliviero

Photo ancienne de la collection Oliviero

Cet ouvrage constitue une œuvre mémorielle unique pour sauvegarder le passé de la Vallée de la Roya, qui était jadis un axe de communication majeur entre la Provence et le Piémont.  Et il permettra aux amoureux de cette belle région parfois injustement oubliée d’en retrouver désormais dans les bibliothèques le souvenir.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Si ce livre a été rendu possible, c’est grâce aux archives et aux collections personnelles de Monsieur Oliviero. Brocanteur à l’origine, il a collecté avec passion durant une quarantaine d’années les souvenirs de la vallée, parvenant à regrouper environ 15000 objets et 10000 documents, qu’il expose dans son Musée d’Art populaire à Tende.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Notons aussi que fin 2017, pour commémorer le soixante-dixième anniversaire du  rattachement de Tende et La Brigue à la France, la ville de Menton a exposé 500 précieux documents de la collection d’Armand Oliviero, dont le travail a été couronné par la Médaille du Département en 2014.  

Photo Nice-Matin de l'Exposition sur le rattachement

C’est donc par une neigeuse journée de janvier 2020 qu’avec mon cousin, nous nous sommes rendus à Tende pour rencontrer ce personnage emblématique de la Roya.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »
Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Très sympathique et éloquent, Monsieur Oliviero nous a fait visiter son musée et surtout découvrir  d’anciens documents, photographies d’époque et cartes postales que nous avons examiné plusieurs heures avec le plus grand intérêt.

 

Souhaitons longue et heureuse vie à Monsieur Oliviero et à son œuvre…

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

On ne peut que rendre hommage à son travail de collectionneur hors du commun…

Et acheter vite le magnifique livre Souvenirs de la Roya avant qu'il ne soit épuisé...

La carte publicitaire de mon trisaïeul, Francesco Durero (1842.1906), marchand de bois à Tende, que j’ai pu acheter chez Monsieur Oliviero et dont je suis désormais l’heureuse propriétaire…

 

 

PS : Collectionneurs passionnés par la Vallée de la Roya, sachez que Monsieur Oliviero vend une partie de ses documents et cartes postales…

 

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20 janvier 2016 3 20 /01 /janvier /2016 14:24

Comme tout le monde le sait, chaque semaine voit son lot de réfugiés noyés : la journée du 5 janvier fut un jour funeste : les corps sans vie de 31 migrants, pour la plupart des femmes et des enfants, sont venus s’échouer sur les plages d’Ayvalik, près d’Izmir, leur embarcation ayant coulé dans la tempête. Signalons que les gilets de sauvetage de ces pauvres victimes n’en étaient pas, des aigrefins privés de toute conscience morale (dont certains ont été arrêtés par la police) leur avaient vendu de soi-disant gilets mais… bourrés de coton !

Photo du Journal Hurriyet du 19 janvier 2016

Photo du Journal Hurriyet du 19 janvier 2016

Le jour de ce drame atroce, parmi les corps sans vie des migrants, les vagues ont apporté le journal intime d’une jeune fille, écrit en arabe. La traduction en turc des pages trempées d’eau de mer,  qui a été publiée hier dans la presse turque, a fait couler des larmes aux lecteurs. Car la jeune fille (dont on ne sait si elle fait partie des victimes ou si elle est encore en vie) y confie son espoir fou de parvenir à fuir la guerre avec son amoureux puis raconte ensuite comment il a réussi à s’échapper en Allemagne mais sans elle, en l’abandonnant !

Photo du Journal Hurriyet du 19 janvier 2016

Photo du Journal Hurriyet du 19 janvier 2016

Le journal, commencé en 2013, est le témoin de son grand amour pour celui qu’elle nomme « Besil », qui commence pendant la guerre civile de Syrie. La jeune fille parvient à le rejoindre à Damas et finalement, ils fuient tous les deux vers la Turquie. Mais là, son amoureux l’abandonne pour passer en Allemagne et c’est par les réseaux sociaux qu’elle apprend qu’il est arrivé à bon port :

La Méditerranée-tombeau 3 : Une larme de plus pour le journal du désespoir !

Je regarde ton Facebook. En constatant qu’il est actif, il me semble que je retourne à la vie, je deviens heureuse. Les jours où je suis loin de toi, je meurs mille fois.  Quand je suis loin de toi, je ne peux plus vivre comme un être normal, je suis comme morte… Tu m’as laissée pour partir en Allemagne.  Comme tu es cruel ! Est-ce que tu imagines combien j’ai souffert, quel a été mon chagrin ? Est-ce que tu t’es libéré de moi en partant ?  Tu vis dans mon cœur et dans ma vie. Je voudrais être près de toi à chaque minute. Je vis en pensée avec toi.  

Elle finit en espérant qu’il lise un jour son cahier : 

Un jour, en lisant ce journal, tu comprendras ce que j’ai vécu. Car viendra forcément le jour où tu le liras. Cet amour ne t’a pas fait autant souffrir que moi. Je sais que j’aurais dû essayer de t’oublier mais je ne t’oublie pas. Tu me manques, mon cœur veut te voir. Je voudrais entendre ta voix. Maintenant, tu es très loin de moi. Là où tu es, tu commences une nouvelle vie. Quant à moi, je ne t’ai pas oublié, un vide habite mon cœur, je ne veux personne d’autre que toi, je n’ai aimé personne d’autre que toi. 

Pauvre couple d’amoureux !

J’imagine le dilemme du jeune homme, qui a peut-être été confronté au choix le plus déchirant de sa vie, parvenir à s’échapper, mais seul, car les passeurs rechignent à embarquer des femmes ( la plupart des noyés sont des femmes et des enfants qui n’ont pas la force de nager dans les vagues en cas de naufrage…) !   

J’imagine le désespoir de la jeune fille, abandonnée sur une terre étrangère par celui avec lequel elle était parvenue à fuir l’horreur !

Pauvre couple d’amoureux, victimes de la barbarie des hommes qui ont érigé la guerre en banale habitude !

Il n’y a rien à ajouter, seulement une larme !

La Méditerranée-tombeau 3 : Une larme de plus pour le journal du désespoir !

Cet article a été écrit à partir des informations données par la presse turque, en particulier l’article de Taylan Yildirim dans le journal Hurriyet du 19 janvier 2016 et dont j’ai traduit les citations du cahier en français.

Mes autres articles sur le drame des réfugiés en Egée et en Méditerranée :

« Necromare », la Méditerranée-tombeau, notre honte à tous ! 3.09.2015 http://gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com/2015/09/necromare-la-mediterranee-tombeau-notre-honte-a-tous.html

La Méditerranée-tombeau 2 : Et pourtant, ne le savait-on pas déjà ? 4.09.2015

http://gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com/2015/09/la-mediterranee-tombeau-2-et-pourtant-ne-le-savait-on-pas-deja.html

 

 

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 18:13

 

Ataturk-Meclis-in-C-k----jpg

 

Atatürk sortant de l'Assemblée nationale turque

 

 

        Il a proclamé l’égalité entre les hommes et les femmes.

 

             “Si elles montrent leurs visages à la patrie et que leurs yeux puissent regarder la patrie avec attention, il n’y a plus rien à craindre.”(1935)

 

images.jpg

 

        Il a enlevé aux femmes turques le voile symbolisant leur oppression.

 

            “Je vois parfois des femmes, un foulard sur la tête, qui se cachent la face avec une écharpe ou une pièce de tissu ressemblante... Que signifie ce bizarre accoutrement, cette sauvage tenue  pour une mère civilisée, une fille de notre patrie ? Il ne fait que rendre comique notre nation et doit être changé sur-le-champ.” (1925)

 

Ataturk.jpg

 

        Il leur a permis d’étudier, de posséder un métier, d’être l’unique épouse de leur conjoint, d’hériter, de voter.

 

           “La cause de l’échec de notre société  vient du manque d’intérêt que nous avons manifesté aux femmes et de la place subalterne à laquelle nous les avons reléguées. Vivre signifie être en activité. Ce qui veut dire que si une partie de la société est en activité pendant que l’autre ne peut pas travailler, cette société est paralysée.”(1925)

 

Fotoğraf T.C Başbakanlık Basın yayın ve Enformasyon G.

Atatürk et sa fille adoptive Sabiha Gökçen, première femme pilote de Turquie

Fotoğraf T.C Başbakanlık Basın yayın ve Enformasyon G.M

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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 08:54
La Méditerranée-tombeau (2) : Et pourtant, ne le savait-on pas déjà ?

(Finalement, on peut se poser une question : cela fait des mois, voire des années, qu’on nous montre dans la presse et les réseaux sociaux des photos de migrants noyés en Méditerranée, bien souvent des enfants. Ces naufrages se sont multipliés, en particulier depuis avril, l’arrivée de la belle saison encourageant ces pauvres gens à tenter leur chance sur les flots. On ne parvient plus à compter les victimes, dont le chiffre s’est parfois élevé jusqu’à 400 personnes d’un coup.

(La terrible photo de cette réfugiée luttant contre la noyade, à bout de forces, a été publiée la semaine dernière, je l'ai copiée sur des journaux turcs, j'en ignore l'auteur...)

Et jusque là, rien n’a changé. L’horreur s’est banalisée à tel point qu’on tourne vite la page et on vaque à ses occupations.

Jusque là ? Jusqu’à ce que le cadavre d’Aylan, immortalisé par la photographe turque Nilufer Demir, ne fasse le tour du monde et ne suscite enfin un sentiment oublié :

la compassion !

la Une du Times

la Une du Times

La Une du journal Hurriyet

La Une du journal Hurriyet

Aussitôt, partout, des artistes ont réinterprété la photo, dont voici deux exemples réalisés en Turquie :

Dessin de Murat Sayin, 3 septembre 2015

Dessin de Murat Sayin, 3 septembre 2015

Dessin d'Omer Tosun, 3 septembre 2015

Dessin d'Omer Tosun, 3 septembre 2015

La Méditerranée-tombeau (2) : Et pourtant, ne le savait-on pas déjà ?

Pourquoi ce cliché plutôt qu’un autre ? La semaine dernière, n’avait-on pas déjà pu voir des dizaines de clichés de petits noyés ?

Peut-être parce que la vague avait placé ce petit bonhomme dans la position du sommeil, que l’on connaît bien chez les bambins, sur le ventre, le postérieur relevé ?

Ou qu’il paraissait si fragile qu’on s’imaginait en train de le prendre dans les bras ?

Ou parce sa petite tête ronde semblait appeler une main pour la caresser ?

Ou plus prosaïquement, parce que ses habits bien propres, et ses baskets à la mode l’assimilaient à un enfant « de chez nous » et que soudain, le monde occidental a pu se dire, « Ce pourrait être mon enfant » ?

Ou parce que l’agence de presse à laquelle appartient la photographe est assez puissante pour avoir pu diffuser la photo internationalement ?

La Méditerranée-tombeau (2) : Et pourtant, ne le savait-on pas déjà ?

Quoi qu’il en soit, on ne peut que remercier la photographe turque Nilufer Demir d’avoir réalisé ces clichés. Tout le monde sait qu’en 1972, la photo de Nick Hut montrant des enfants brûlés au napalm, dont une petite fille horrifiée, courant nue sur la route, avait contribué à faire changer l’opinion des Américains sur la Guerre du Vietnam.

Espérons que la photo de Taylan Kurdi, adorable bambin de trois ans mort à cause de la folie des hommes, inscrive une nouvelle date dans l’Histoire. On n’a pas beaucoup d’espoir… On sait bien qu’à partir du moment où les pays dits développés fabriquent des armes, il leur faut des champs de bataille pour les écouler ! On veut espérer quand même…

Sinon, nos descendants diront de nous : « A cette époque, des milliers de touristes se baignaient en Méditerranée et à quelques mètres d’eux, il y avait des enfants fuyant la guerre qui se noyaient mais ça n’émouvait personne ! »

Et ils nous citeront en exemple de la barbarie !

Magnifique dessin montrant les animaux marins versant des larmes, j'ignore le nom de l'auteur mais je l'ajouterai dès que je l'aurai trouvé....

Magnifique dessin montrant les animaux marins versant des larmes, j'ignore le nom de l'auteur mais je l'ajouterai dès que je l'aurai trouvé....

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 14:55
« Necromare », la Méditerranée-tombeau, notre honte à tous !

Le monde entier a pu voir sur les réseaux sociaux la photo d’Aylan, petit réfugié syrien de trois ans échoué comme un poisson mort sur une plage de Bodrum.

Nous en avons tous été bouleversés. Ce joli petit bonhomme, avec ses jolies petites chaussures, apporté par la vague dans la position d’un bébé qui dort ! Innocent !

Un petit ange noyé suite au naufrage du bateau gonflable qui devait conduire en Grèce un groupe de douze réfugiés syriens, dont huit enfants, sur une embarcation défectueuse, sans doute vendue à prix d’or par des trafiquants infâmes.

Dessin de l'égyptien Islam Gawish, publié sur les réseaux sociaux...

Dessin de l'égyptien Islam Gawish, publié sur les réseaux sociaux...

Certains se sont insurgés, au nom de leur âme sensible, contre le caractère atroce des photos. « Non, ne nous les montrez pas, nous ne voulons pas les voir ! »  D’autres les ont « signalées »  sur Facebook pour les faire effacer. D’autres les ont floutées !

Pourtant, ce ne sont pas les photos qui sont atroces, c’est la réalité !

La journaliste de groupe de presse turc Dogan (DHA), Nilufer Demir, a expliqué pourquoi, passé le choc émotionnel, elle avait décidé de photographier le cadavre d’Aylan : pour alerter le monde entier ! Et elle a eu raison, à mon avis. Plus personne ne peut dire : « Je ne savais pas » !

« Necromare », la Méditerranée-tombeau, notre honte à tous !

Ces clichés se multiplient depuis des mois : pour ne citer qu’un exemple, le 30 août, nous avions déjà eu le cœur broyé par des images semblables d’enfants jetés comme du bois flotté sur le sable du rivage.

Désolée de publier ces photos horribles mais il me semble que notre devoir est de ne pas nous taire, de parler, de hurler et surtout, de ne pas jouer à l’autruche. Car des Aylan, il y en a eu des dizaines, il y en a chaque jour !

23700 migrants se sont noyés en Méditerranée ces dernières années selon les chiffres de l’Onu.

« Nous ne sommes pas responsables » disent certains, disons-nous.

Certes, nous ne le sommes pas au niveau individuel, nous « ne pouvons rien faire », mais nous le sommes au niveau des états qui nous représentent !

Combien de temps encore la communauté internationale va-t-elle se « laver les mains » de ces drames ?

Les états, si vigilants quand leurs intérêts sont menacés, semblent s’accommoder de ces tragédies. L'horreur se banalise !

« Necromare », la Méditerranée-tombeau, notre honte à tous !

Ce jeune homme ne fait pas de tourisme ; sur une chambre à air, avec une paire de tongs comme rames, il tente de gagner l’île de Kos ; il a eu la chance d’être remorqué par un voilier de touristes ; mais d’autres n’auront pas cette opportunité…

Les pays limitrophes de la Syrie ont accueilli quatre millions de réfugiés : deux millions en Turquie, un million cent mille au Liban, sept cent mille en Jordanie (chiffres ONU août 2015). La Grèce a fait rentrer cette semaine à Athènes, venant de l’île de Midilli,  4200 personnes.

La minuscule île grecque de Kos, débordée par 6000 migrants,  s’est vue l’objet non pas de la compassion mais de la réprobation des touristes, qui disent que c’est « le bazar » et que c’est gênant, tous ces miséreux qui vous regardent quand vous mangez un bon repas au restaurant !

Quand les pays riches et dits « développés », si prompts à donner des leçons de droits de l’homme à leurs voisins, vont-ils entamer une action commune pour faire cesser cette ignominie et porter secours à ces malheureux avant que la mer ne les engloutisse encore  ? 

Notre belle Méditerranée, berceau de tant de civilisations, devra-t-elle désormais s’appeler « Necromare » ?

Ce n’est pas seulement le petit corps de Taylan qui s’est échoué sur la plage, c’est l’humanisme !

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 21:47
Turquie : et si on protégeait les arbres ?

Lors de la première semaine de novembre, une nouvelle a fait la une des journaux turcs : l’arrachage de 6000 oliviers à Yirca, près de Manisa, en vue de la construction d’une centrale thermique. Toutes les télés ont montré le film du maire du village et des paysannes en train de pleurer. Finalement, le Conseil d’Etat a décidé d’interrompre les travaux, mais les oliviers avaient été déracinés…

La Turquie fait partie des cinq premiers producteurs mondiaux d’huile d’olive. Ce dramatique épisode de l’arrachage des oliviers de Yirca, qui a bouleversé le pays tout entier, tant la détresse des paysannes et du maire était touchante, est emblématique : il est urgent de protéger les arbres en Turquie !

Turquie : et si on protégeait les arbres ?
Turquie : et si on protégeait les arbres ?

A Istanbul, on a tellement déboisé le bout du Bosphore que la semaine dernière, un sanglier est venu se perdre dans le village de Bebek… Faute de trouver des glands, les sangliers se convertissent en citadins pour fouiller les poubelles…

Aujourd’hui encore, les mauvaises nouvelles concernant les arbres affluent : à Yalova, un projet de route nécessitant la coupe de deux cents arbres a provoqué la colère des habitants ; hier, les journaux révélaient qu’un million et demi de mètres carrés de la forêt de Fatih allaient peut-être faire l’objet d’un projet immobilier ; que la presqu’île de Datça, une merveille de la nature sauvage, allait être ouverte à la construction ; qu’à Marmaris, on envisagerait de vendre l’île de Karaca…

La beauté inégalée de Datça, photo Internet, merci aux auteurs...

La beauté inégalée de Datça, photo Internet, merci aux auteurs...

Pourtant, la Turquie possède une flore exceptionnelle, avec une multitude d’espèces d’arbres, différentes en fonction des régions.

Un platane "orientalis" colossal, en Thrace...

Un platane "orientalis" colossal, en Thrace...

Les arbres majestueux du parc de Tarabya, à Istanbul

Les arbres majestueux du parc de Tarabya, à Istanbul

Les épicéas des montagnes de  la Mer Noire

Les épicéas des montagnes de la Mer Noire

Les envoûtantes frondaisons des monts de la Mer Noire, vers Camlihemsin…

Les envoûtantes frondaisons des monts de la Mer Noire, vers Camlihemsin…

Certains arbres sont si anciens et gigantesques qu’on les a nommés « arbres commémoratifs »…

Les arbres séculaires du palais de Topkapi...

Les arbres séculaires du palais de Topkapi...

Jardins de Topkapi...

Jardins de Topkapi...

Turquie : et si on protégeait les arbres ?

Souhaitons que la protection et la sauvegarde du patrimoine naturel devienne une priorité en Turquie…

Turquie : et si on protégeait les arbres ?

Et pour finir, ces quelques vers d’Hugo dédiés aux arbres :

Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,

Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,

Dans votre solitude où je rentre en moi-même,

Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime!

L'arbre de vie, un des motifs traditionnels de l'art turc

L'arbre de vie, un des motifs traditionnels de l'art turc

Dryade, sur le site mythobyfleur

Dryade, sur le site mythobyfleur

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 11:00

La colline de la sultane Adilé, appelée aussi "Validebag" est le second espace vert de la rive asiatique d’Istanbul, classé comme site naturel depuis 1999, avec ses dix hectares plantés d’arbres séculaires.

Photo du site Agaclar.net, merci aux auteurs

Photo du site Agaclar.net, merci aux auteurs

Il y a deux cents ans, le sultan Selim III (1798-1807) y fit édifier pour sa mère, la sultane Mihrichah, un kiosque de campagne, qui fut plus tard offert par Abdulmecit à sa propre mère, Bezmialem. Cette dernière, important des milliers d'espèces venues de tout le pays et de l’étranger, convertit le parc en jardin botanique. Il échut ensuite en héritage à la famille Altunizade, qui y édifia le kiosque d’Ismail Zuhtu Pacha, qui l’offrit au sultan Abdulaziz. Enfin, ce dernier en fit cadeau à sa fille Adilé, pour laquelle l’architecte Nigogos Balyan construisit un merveilleux petit palais, aujourd’hui employé comme « maison des professeurs » (en Turquie, les professeurs ont des « maisons » dans lesquelles ils peuvent, à prix modestes, aller se restaurer ou demeurer quelques jours comme dans un hôtel ; certaines d’entre elles sont situées dans des édifices historiques).

Photo de Remzi Aydin sur le site Panoramio

Photo de Remzi Aydin sur le site Panoramio

Quelles sont donc les richesses de la colline de la sultane Adilé, un des poumons verts d’Istanbul ?

Environ sept mille arbres, dont des cèdres de l’Atlas et de l’Himalaya, toutes sortes de pins, des paulownias, des hêtres, des arbres fruitiers ; 117 espèces d’oiseaux venant y nicher, dont des rossignols ; des milliers de plantes et d’insectes.

Quel est le sujet de la colère des amoureux des arbres ?

Dryade, madame Thenadier, Deviant Art
Dryade, madame Thenadier, Deviant Art

La construction d’une mosquée et de parcs à voitures. La colline avait déjà fait en 2006, l’objet d’un projet d’aménagement qui, suscitant la colère des riverains, avait été abandonné. Puis, en, 2009, un parcours de course y a été aménagé, c’est là qu’a eu lieu le championnat de cross européen. Finalement a été crée la « Fondation des Volontaires de Validebag » pour protéger le site.

Photo du site Panoramio

Photo du site Panoramio

Depuis une semaine, suite à un début d’arrachage des arbres, les volontaires (accusés par leurs adversaires de s’opposer à la construction d’une mosquée mais affirmant qu’ils ne font que défendre la nature et les arbres) se mobilisent jour et nuit, dans le froid et la pluie, pour s’opposer aux bulldozers et occupent le site. De nombreux affrontements ont déjà eu lieu avec les forces de l’ordre. Les voitures placées en barrière pour empêcher le passage des bulldozers ont été enlevées par la fourrière.

Photo du journal Vatan du mardi 28 octobre

Photo du journal Vatan du mardi 28 octobre

Istanbul : Mobilisation des amoureux des arbres

Comment cette histoire se terminera-t-elle ? On sait, depuis les événements du Parc Gezi en juin 2013, qu’à Istanbul, le sujet de la coupe des arbres est particulièrement sensible. On sait aussi que la ville d’Istanbul sera candidate, en 2017, au titre de « capitale européenne verte ».

Souhaitons que tout finisse dans la concorde et la survie des arbres…

Istanbul : Mobilisation des amoureux des arbres

Aux dernières nouvelles, mardi 28 à 15 heures, les manifestants ont été repoussés par des balles en plastique et les bulldozers sont entrés sur le site...

Arbre qui pleure,  document Internet

Arbre qui pleure, document Internet

Magic the Gathering: Dryad Arbor by Cryptcrawler, Deviant Art

Magic the Gathering: Dryad Arbor by Cryptcrawler, Deviant Art

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 14:36

Republication d'anciens articles que la nouvelles version d'overblog a jetés aux oubliettes....

Je dédie cet article à Nina d’Istanbul, dont je partage l’amour pour les arts traditionnels….

 

Ce sont des créations de femmes, un art du quotidien, perpétué depuis des siècles. Un art populaire souvent jugé comme mineur, déconsidéré, parfois. Pourtant, ce sont tout simplement des œuvres d’art. Ils se nomment en turc “Yemeni” ou “Yazma”.

 

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        STP64151

 

Certains semblent dessiner les pétales de la passion

 

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             Combien d’heures de travail pour inclure ces perles, boutons et coquillages ?

 

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Certains s’ornent de perles

   

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D’autres de paillettes

 

 

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Un coffre venu de Maras qui, grâce à ses parois vitrées, laisse admirer les dentelles

 

 

A SUİVRE...

 

 

Lien vers mes livres sur Amazon.fr link

Ataturquie.fr link

En Turquie, Editions GiTa  link

Lien vers le site Gisèle, Ecrivain français d’Istanbul link
 

 

 

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 14:32

Republication d'anciens articles que la nouvelle version d'overblog a jetés aux oubliettes...

  J’admire particulièrement les femmes d’Anatolie car elles sont capables de soulever des montagnes. Au village, elles prennent en charge la plupart des travaux, la maison, les enfants, les champs, les animaux ; elles cousent, brodent, tricotent, portent leur un univers à bout de bras ; elles savent tout faire. Tout en parlant, sans même regarder leur ouvrage, elles font naître sous leurs doigts des rivières de fleurs, de fruits ou de motifs géométriques.

 

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      Quand elles s’installent à Istanbul, elles travaillent encore, se battent comme de petites guerrières pour faire étudier leurs filles et souvent, elles y arrivent. Elles ont compris une chose, c’est que la liberté des femmes passe par l’école puis par l’indépendance économique. Ces femmes-là, rien ni personne ne pourra les faire retourner en arrière ni les replonger dans un quelconque asservissement.

 

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Mais dès que la vie citadine leur offre un instant de répit, leurs doigts de fées se remettent à faire danser le crochet avec le fil.

 

Brodeuses de foulard, j’aime les fleurs nées de vos rêves…

 

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 Ceux-la ont presque quatre-vingt-dix ans, ils ont été témoins de la naissance de la république turque

  

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Ceux-la datent de l’époque ottomane, leur soie est si fragile qu’on craint de les manipuler.

 

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Au sujet des foulards, le début de la nouvelle "Jülide", dans Mes Istamboulines (2010, Editions GiTa, en vente en France sur Amazon.fr et Ataturquie.fr) link

 

 

Cela faisait vingt-trois ans qu’elle préparait le trousseau de sa fille Jülide. Plus exactement, depuis le jour où cette seconde Jülide avait vu le jour, un an  après que la première, une petite  magnifique, n’eut été emportée par une maladie mystérieuse que l’on avait attribuée au mauvais œil.

Le trousseau contenait tout ce qu’une Anatolienne peut s’enorgueillir de confectionner pendant deux décennies, dessus de lit, draps brodés, serviettes de toilette gansées de dentelle, rideaux de cuisine, housses ouvragées pour les machines, napperons, plus une batterie de cuisine complète et un service en porcelaine. Au fil des ans, la collection s’était accrue de tous les cadeaux qu’elle avait pu recevoir. Chaque fois qu’on lui offrait un objet qu’elle trouvait joli, elle disait avec fierté : « Je le garde pour le trousseau de Jülide.» Son appartement d’Istanbul étant trop exigu, elle s’empressait chaque été de transporter au village, où elle partait en vacances, toute nouvelle pièce ajoutée au trésor. Il dormait dans des coffres de bois fermés à clé, si nombreux qu’on avait dû leur consacrer une chambre complète, elle-même soigneusement verrouillée.

Conserver, préserver, telle était sa devise. Il y avait aussi les cent vingt foulards de tête en étamine bordée de dentelle à l’aiguille. Elle se disait parfois que Jülide, élevée à Istanbul et habituée à y vivre tête nue, n’en aurait pas l’usage mais c’était un détail superflu, l’important était qu’on puisse les exposer le jour venu, avec le reste du trousseau, dans la maison du village où on se rendrait pour les noces. Et les voisines défileraient pour contempler ces merveilles.

Et chacun commenterait : « Voilà un trousseau de princesse ! »

 

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Lien vers Mes Istamboulines sur Amazon.fr link

Ataturquie.fr link

En Turquie, Editions GiTa  link

Lien vers le site Gisèle, Ecrivain français d’Istanbul link
 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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