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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 21:04

Il y a bien longtemps, lorsque, fraîchement arrivée de Cannes, je me suis installée à Istanbul, je ne connaissais rien encore des quartiers de la ville. Il faut dire que j’habitais alors un appartement loué par un ami dans le quartier de Fatih, au rez-de-chaussée d’un immeuble traditionnel. En face, l’épicier, assis du matin au soir sur un petit tabouret. Il ne quittait son siège que pour remplir le panier d’osier accroché à une corde que les femmes faisaient descendre par leur fenêtre en criant : «  Kémal, un kilo de riz ! » Et moi, étrangère venue de la Côte d’Azur, je ne me lassais pas d’observer avec étonnement ce spectacle...

« La femme au panier », tableau de ma regrettée amie, l’artiste peintre Sedef Atabek.

 

 

Mais le soir où on m’invite à dîner dans un immeuble de Nişantaşi,  j’éprouve un coup de foudre pour cet endroit inconnu et je décide de venir m’y installer. Cela fait maintenant trois décennies que je suis devenue « Nişantaşli» et c’est là que bat le cœur de mon Istanbul.

Les palais à chats dans mon quartier

Au début, j’ai aimé ce quartier parce qu’il était particulièrement européanisé et surtout parce que des gens d’origines différentes y vivaient dans la plus parfaite harmonie. Puis, un jour, une dame âgée de mes voisines, me dit : « Savez-vous qu’à quelques mètres de l’endroit où a été construit notre immeuble se trouvait dans ma jeunesse un merveilleux manoir entouré de tilleuls ? » Ma surprise fut telle que je me suis alors plongée dans les livres d’histoire pour mieux connaître le passé du secteur. A partir de ce moment, je me suis mise à rêver sur Nişantaşi jusqu’à en faire un des lieux où se déroule mon premier roman, Fenêtres d’Istanbul.

 

Au XVIIIe siècle, le quartier n’est qu’une étendue campagnarde où se trouvent des fermes produisant lait, yaourt et fromages. L’absence d’habitations et le caractère sauvage des lieux font que le sultan Selim III les choisit pour terrain de chasse et d’entraînement pour le tir. A l’époque, les "Padischah" ont coutume de commémorer par une pierre de tir soit l’endroit qu’ils ont pris pour cible soit celui où leur flèche est tombée. C’est dans les années 1790 que le sultan Selim III plante la première pierre de tir (dikilitaş, en turc), d’où le quartier tirera son nom. De plus, pour effectuer sa prière lors de ses promenades, il y édifie une petite mosquée en bois qui est le premier bâtiment du lieu.

 

La mosquée actuelle...

La mosquée actuelle...

Lorsque le sultan Abdülmecit quitte Topkapı pour s’installer au palais de Dolmabahçe et qu’il fait également édifier pour ses promenades le petit château d’Ihlamur Kasrı, ses proches et les dignitaires du palais commencent à édifier des manoirs, appelés «konak», à Nişantaşi pour se rapprocher de lui. A l’emplacement de la petite mosquée de Selim III, Abdülmecit fait d’ailleurs élever en 1854 la belle mosquée de Teşvikiye, où l’on peut voir aujourd’hui les célèbres pierres commémorant les tirs de Selim III et Mahmud II. De plus, en octroyant aux étrangers, à l’époque du Tanzimat, le droit de s’installer dans le secteur, le sultan donne naissance au quartier de Teşvikiye et en symbolise la création par la pose de deux autres pierres, l’une que l’on peut voir aujourd’hui devant le commissariat de Teşvikiye, l’autre au carrefour des rues de Teşvikiye et de Valikonağı, portant l’inscription : «Le quartier de Tesvikiye, fruit de l’amour sans borne du sultan Abdülmecid »…

La popularité de Nişantaşi et Teşvikiye ne cessera après de grandir avec l’installation d’Abdülhamid à Yıldız. C’est pour cela que jusqu’aux années trente, le quartier demeurera célèbres pour ses luxueuses demeures.

 

Mais après l’avènement de la République, les manoirs, désormais privés de leur raison d’être, s’envolent en fumée, tombent en ruine et vont laisser la place à des immeubles modernes. Bien vite, la zone devient une des plus connues d’Istanbul pour ses constructions dernier cri. Puis, dans les années 1970, les magasins de luxe désertant Beyoglu viennent s’y installer. Mais en dépit de cette modernisation et de la perte d’une partie de leur âme, ces quartiers ont conservé leurs amoureux inconditionnels, dont je suis.

 

La belle porte d'un immeuble ancien

La belle porte d'un immeuble ancien

Aujourd’hui, lorsque je vois une des pierres de tir, j’imagine le sultan entouré de sa troupe de cavaliers. Quand je passe devant le lycée de Sişli Terakki, je me dis qu’à son emplacement se dressait le somptueux château du Pacha Halil.

Le manoir du Pacha Halil en 1900

Ou lorsque j’aperçois, près du Centre commercial City’s, l’Académie de mode d’Istanbul, je me souviens que la demeure appartenait à l’un des plus célèbres ministres du sultan Abdülhamid, Sait Pacha, connu pour avoir fait édifier sur la place le manpird’Izmir la légendaire Tour de l’Horloge.

Le manoir de Sait Pacha 

La rue où j’habite se nommait jadis « Rue des potagers ». Cela m’a rappelé que le célèbre poète français Lamartine, se rendant en 1850 de Taksim à Ihlamur Kasri, le Château des tilleuls, qu’il nomme « Kiosque de Flamour », pour rencontrer le sultan Abdülmecid,  emprunte ce qu’il appelle « la route des collines » (ma rue) et décrit en ces termes son passage à Nişantaşi : « Nous nous serions crus dans une vallée de Suisse... on n’entendait aucun bruit que le murmure d’un filet d’eau sur les cailloux et des oiseaux chantant dans les feuilles. On n’apercevait aucun mur, aucun toit, aucune barrière, aucune trace d’habitation... » 

 

Le Nişantaşi que j’aime n’est pas seulement celui des immeubles bourgeois et des boutiques de luxe. C’est aussi celui dans lequel dort le souvenir nostalgique des palais de bois sculpté et des jardins pleins de glycines et de tilleuls. Avec un peu d’imagination, peut-être pourrons-nous voir passer le fantôme d’un pacha ou la silhouette d’une dame à la voilette rose...

 

Une autre belle porte ancienne...

Une autre belle porte ancienne...

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 15:55

Cela faisait longtemps que je souhaitais rencontrer Monsieur Armand Oliviero, mémoire vivante de Tende, pour lui faire part de mon admiration au sujet de son livre Souvenirs de la Roya, paru en 2012 aux Editions du Cabri.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

En effet, cet extraordinaire livre-album comporte 600 documents et photographies concernant les familles, les activités et les fêtes des villages de Breil-sur-Roya, Saorge, Fontan, La Brigue, Tende et leurs hameaux. 

Photo ancienne de la collection Oliviero

Photo ancienne de la collection Oliviero

Cet ouvrage constitue une œuvre mémorielle unique pour sauvegarder le passé de la Vallée de la Roya, qui était jadis un axe de communication majeur entre la Provence et le Piémont.  Et il permettra aux amoureux de cette belle région parfois injustement oubliée d’en retrouver désormais dans les bibliothèques le souvenir.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Si ce livre a été rendu possible, c’est grâce aux archives et aux collections personnelles de Monsieur Oliviero. Brocanteur à l’origine, il a collecté avec passion durant une quarantaine d’années les souvenirs de la vallée, parvenant à regrouper environ 15000 objets et 10000 documents, qu’il expose dans son Musée d’Art populaire à Tende.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Notons aussi que fin 2017, pour commémorer le soixante-dixième anniversaire du  rattachement de Tende et La Brigue à la France, la ville de Menton a exposé 500 précieux documents de la collection d’Armand Oliviero, dont le travail a été couronné par la Médaille du Département en 2014.  

Photo Nice-Matin de l'Exposition sur le rattachement

C’est donc par une neigeuse journée de janvier 2020 qu’avec mon cousin, nous nous sommes rendus à Tende pour rencontrer ce personnage emblématique de la Roya.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »
Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Très sympathique et éloquent, Monsieur Oliviero nous a fait visiter son musée et surtout découvrir  d’anciens documents, photographies d’époque et cartes postales que nous avons examiné plusieurs heures avec le plus grand intérêt.

 

Souhaitons longue et heureuse vie à Monsieur Oliviero et à son œuvre…

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

On ne peut que rendre hommage à son travail de collectionneur hors du commun…

Et acheter vite le magnifique livre Souvenirs de la Roya avant qu'il ne soit épuisé...

La carte publicitaire de mon trisaïeul, Francesco Durero (1842.1906), marchand de bois à Tende, que j’ai pu acheter chez Monsieur Oliviero et dont je suis désormais l’heureuse propriétaire…

 

 

PS : Collectionneurs passionnés par la Vallée de la Roya, sachez que Monsieur Oliviero vend une partie de ses documents et cartes postales…

 

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3 septembre 2019 2 03 /09 /septembre /2019 23:33

La bière entre dans l’Empire ottoman vers 1839 et s’y répand vite, puisqu’Istanbul et Izmir voient fleurir un grand nombre de brasseries.

Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti

Mais c’est en 1890 qu’est fondée, avec l’autorisation du sultan Abdülhamid,  la première grande fabrique de bière. Deux frères suisses, les Bomonti ( qui donneront leur nom au quartier), l’édifient à Ferikoy sur un terrain de quarante hectares planté d’arbres.

Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti

Si le bâtiment, flanqué d’une tour carrée, ressemble à un château, les techniques de production de la bière y sont des plus modernes, si bien que la « Bière Bomonti » devient vite la plus prisée du pays. 

Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti

Dans les années trente ouvrent même, dans l’immense parc, des brasseries en plein air alors nommées « jardins à bière ».

Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti

Gérée par le Tekel à partir de 1902, la fabrique en devient la propriété en 1938 et continuera sa production jusqu’à sa fermeture en 1991.

 

Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti

Ensuite, la « fabrique de bière de Bomonti » n’est plus qu’un édifice à l’abandon, dont tous les Stambouliotes déplorent la lente dégradation et elle ne sert plus que comme point de repère pour indiquer le chemin, comme dans l’expression « à côté de la fabrique de bière de Bomonti ».

En 2013, la bière Bomonti a refait son apparition sur les tables des cafés et des maisons : non filtrée, 100 pour 100 malt, très légèrement âpre, elle fait fureur auprès des amateurs de bière, qui saluent la résurrection de cette célèbre marque.

 

On n’a pu que se réjouir de voir, car ce n’est pas souvent le cas, un bâtiment historique renaître de ses cendres et perpétuer ainsi le passé d’Istanbul…

Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti

Depuis plusieurs années, les bâtiments de la fabrique de bière abritent bars, cafés, restaurants à la mode, salle de concert et galeries d'art ; l'été, une vie nocturne intense anime les terrasses ; l'emplacement est devenu un lieu incontournable de la jeunesse branchée stambouliote et incarne un parfait exemple de la reconversion de lieux industriels en espace festif et culturel.

 

Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti
Istanbul : Le destin mouvementé de la fabrique de bière de Bomonti

Mais les quotidiens ont annoncé hier l’attribution d'une partie des édifices de la fabrique de bière de Bomonti au ministère des Affaires religieuses  ! Même si les Stambouliotes ont du mal  accorder foi à cette nouvelle, la Chambre des architectes a déjà déclaré qu'elle suivrait le dossier pour que soit respectée l'originalité du bâtiment. Qu'en sera-t-il de la fabrication de la bière et des bars à vin ? Affaire à suivre donc...

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18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 16:27
Le célèbre pianiste Fazil Say joue sur le Mont Ida de Troade

Venues de tous les coins de Turquie, des milliers de personnes ont afflué aujourd’hui sur le Mont Ida de Troade (Kaz Daglari en turc), pour assister au récital de piano que le célèbre pianiste et compositeur turc Fazil Say a donné à 11 heures, en faveur de la sauvegarde du Mont Ida.

Fazil Say aujourd'hui au Mont Ida, photo Internet, merci aux auteurs...

Fazil Say aujourd'hui au Mont Ida, photo Internet, merci aux auteurs...

Rappelons que depuis un mois déjà, des citoyens tentent de s’opposer à l’exploitation d’une mine d’or qui entraînerait la coupe de centaines de milliers d’arbres et l’empoisonnement du sous-sol au cyanure (accusations que réfutent cependant les chercheurs d’or, il faut le signaler) …

Photo actuelle du Mont Ida déjà dépouillé d'une partie de ses arbres sur le site Habertürk

Photo actuelle du Mont Ida déjà dépouillé d'une partie de ses arbres sur le site Habertürk

Le chanteur Zülfü Livaneli a même demandé à l’Unesco d’inscrire le site sur la liste du Patrimoine naturel de l’humanité.

Certains sympathisants n’ont pas hésité à effectuer une longue route, parfois trois jours de vélo, pour venir écouter le célèbre pianiste et soutenir la cause des écologistes.

Fazil say, en plus de nombreux morceaux classiques, a joué sa nouvelle composition, la « Marche du Mont Ida ».

« Aujourd’hui, le fait qu’il y ait autant de monde réuni pour protéger la nature, qu’autant de gens éclairés se réunissent, m’émeut et me rend heureux ; aujourd’hui, je suis fier du peuple turc. En réalité, au 24ème jour de la mobilisation en faveur du Mont Ida,  je veux remercier les défenseurs de la nature pour leur action dès le premier jour. Ils nous ont montré le chemin et m’ont inspiré ce concert.

Notre but, en ne les laissant pas seuls, est que, si en tant qu’humains de cette planète, nous voulons léguer quelque chose au futur, nous nous devons de protéger les végétaux et les animaux. Nous devons choisir le côté de la vie », a-t-il déclaré (traduction personnelle).

Son épouse a publié sur Instagram les photos du récital, avec une citation de Nazim Hikmet : « Vivons comme un arbre, seul et libre mais fraternellement comme une forêt ».

Photo copiée sur Internet, merci à l'auteur

Photo copiée sur Internet, merci à l'auteur

Rappelons que le Mont Ida de Troade est une chaîne montagneuse de la région de Troie et que selon la mythologie, c’est dans ce cadre idyllique que Pâris, fils cadet du roi de Troie, fut abandonné par ses parents à la naissance à cause d’un funeste présage, y fut allaité par une ourse et sauvé par un berger ; c’est là aussi qu’il effectua le fameux « jugement de Pâris », où, sommé par les déesses Aphrodite, Héra et Athéna, de les départager dans un concours de beauté, il offrit la pomme d’or lancée par la Discorde à Aphrodite, qui lui avait promis l’amour de la plus belle des femmes. On connaît la suite : Pâris enlève Hélène, la femme du roi grec Ménélas, et c’est le début de la fameuse Guerre de Troie, dans laquelle les déesses Héra et Athéna, qui n’avaient pas oublié l’affront de Pâris, s’acharnent contre les Troyens…

 

Le célèbre pianiste Fazil Say joue sur le Mont Ida de Troade

Actuellement, le Mont Ida est considéré comme l'une des réserves de biosphère de Turquie…

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 15:44

 Le site de Sagalassos, situé à sept kilomètres en haut du village d’Aglasun, dans la province de Burdur, s’est ajouté à la longue liste des merveilles archéologiques de la Turquie, qui en comporte 138.

 

Turquie : Sublime Sagalassos

 

Depuis sa conquête par Alexandre le Grand, qui dépité par sa défaite à Termessos,  attaque la cité en 333 av J-C, jusqu’à son abandon au septième siècle, suite à un immense séisme, la ville, à qui les Romains avaient octroyé le titre de « Première cité de Pisidie »,  connut une longue période de prospérité dont témoignent les somptueux édifices mis à jour.

Turquie : Sublime Sagalassos

La première impression lorsque l’on visite le site est l’émerveillement devant l’étendue de la ville, édifiée en terrasse sur le flanc abrupt d’un mont du Taurus bénéficiant d’un grandiose panorama. Ou devant la beauté sans pareille de l’Agora supérieure, dont la monumentale fontaine ornée de statues de Dionysos et de Némésis a été remise en eau...

Turquie : Sublime Sagalassos

Ou devant la majesté du théâtre…

Turquie : Sublime Sagalassos

L’endroit offrait la particularité de comporter une multitude de sources, ce qui avait sans doute déterminé son choix, si bien que les fontaines y abondaient.

Une autre fontaine, en cours de restauration...

Une autre fontaine, en cours de restauration...

On peut s’empêcher de penser aussi aux esclaves qui édifièrent ces merveilles, en transportant sous le soleil des pierres jusqu’à l’altitude moyenne de 1500 mètres, et qui ont dû être parmi les plus malheureux de la terre…

La merveilleuse fontaine dorique où l’eau coule de nouveau dans des tuyaux vieux de 1400 ans…

La merveilleuse fontaine dorique où l’eau coule de nouveau dans des tuyaux vieux de 1400 ans…

La localisation de la ville en altitude et sa difficulté d’accès l’ayant préservé des pillages destinés à récupérer des matériaux de construction, elle a conservé ses merveilles presque intactes, ensevelies durant des siècles sous des mètres de terre.

Turquie : Sublime Sagalassos

Ce fut le voyageur français Paul Lucas, qui au début du XVIIIe siècle,  fut le premier à découvrir les ruines de Sagalassos, figurant désormais sur la liste indicative du Patrimoine mondial de l’Unesco.  Fouillé depuis 1985 par  les équipes anglaises, belges et turques dirigées par Stephen Mitchell puis Marc Waelkens, le site a été merveilleusement reconstitué par ces archéologues et leurs aides (on peut admirer dans le bâtiment à l’entrée les photos de ce phénoménal chantier de reconstruction). Chaque bloc a été replacé à sa place initiale avec des ajouts de pierres contemporaines sculptées à la main pour combler les manques. On dit généralement qu’il faut deux heures pour visiter l’endroit mais nous en avons passé au moins quatre, émerveillés par toutes les surprises qu’il présente ; la promenade est aisée, les équipes de chercheurs ayant construit partout des chemins à espaliers constitués de pierres enchâssées dans des traverses de bois, dont la couleur se fond parfaitement dans le paysage, pour faciliter la visite.

Turquie : Sublime Sagalassos
Turquie : Sublime Sagalassos

Sachez qu’aujourd’hui, le village d’Aglasun, où vécurent les habitants après l’abandon de la ville haute, se trouve juste au pied de la route qui conduit au site. Rien de tel pour visiter cet endroit unique que de s’installer au confortable hôtel Sagalassos Lodge, au cœur d’un écrin de calme et de verdure et dont la table offre toutes les richesses de la gastronomie locale.

Turquie : Sublime Sagalassos
Turquie : Sublime Sagalassos

On dit que les travaux de reconstruction vont durer encore plusieurs décennies, mais dans son état actuel, le site peut  déjà être considéré comme un trésor surgi de l’Antiquité…

La statue originale de Némésis ornant la fontaine est au Musée de Burdur, les statues du site sont des copies...

La statue originale de Némésis ornant la fontaine est au Musée de Burdur, les statues du site sont des copies...

Turquie : Sublime Sagalassos
Turquie : Sublime Sagalassos
Turquie : Sublime Sagalassos

Si vous aimez lire sur la Turquie, voilà mes livres :

 

La Trilogie d’Istanbul ( Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul,  Secrets d’Istanbul) La Sultane Mahpéri, Sultane Gurdju Soleil du Lion, Mes Istamboulines, Janus Istanbul…

Et les rééditions que j’ai effectuées en collaboration avec mon fils Aksel Koseoglu, aux Editions GiTa d’Istanbul, d’anciens livres portant sur la ville d’Istanbul : Le Jardin fermé de Marc Hélys, L’Homme qui assassina, de Claude Farrère, Un Drame à Constantinople, de Leïla Hanoum, La Rive d’Asie, de Claude Anet.

 

Turquie : Sublime Sagalassos
Turquie : Sublime SagalassosTurquie : Sublime Sagalassos
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13 mai 2017 6 13 /05 /mai /2017 22:04

Urbex-Istanbul I

Est-ce vraiment de l’Urbex (exploration urbaine) ? Non, si l’on considère que nous ne nous sommes jamais introduits dans des lieux interdits et que nous ne prenons aucun risque…Non, en comparaison des incroyables expéditions organisées par les "pros" de l'Urbex et de leurs époustouflantes photographies...  Oui, si l’on accepte que l’Urbex consiste à se lancer sur les traces de lieux abandonnés, étranges ou décalés, parfois simplement offerts au regard de tous, parfois difficiles voire très malaisés d’accès…

Si tel est le cas, cela fait des années que nous pratiquons modestement, mon époux et moi, l’Urbex à notre façon, arpentant la ville d’Istanbul pour y dénicher l’insolite.

Voilà quelques clichés de nos provendes (photos d'amateur)...

Vieille maison ottomane

Vieille maison ottomane

Vestiges d'un palais byzantin

Vestiges d'un palais byzantin

Yali du Bosphore

Yali du Bosphore

Intérieur d'un manoir abandonné

Intérieur d'un manoir abandonné

Bas relief du visage d'Hannibal

Bas relief du visage d'Hannibal

Cimetière déserté

Cimetière déserté

Bric à brac

Bric à brac

Tombes ottomanes

Tombes ottomanes

Une citerne byzantine peu connue

Une citerne byzantine peu connue

Carreaux de faïence

Carreaux de faïence

La voûte à demi enterrée est celle d’une chapelle byzantine

La voûte à demi enterrée est celle d’une chapelle byzantine

Un nichoir à oiseaux en haut du mur d'une mosquée

Un nichoir à oiseaux en haut du mur d'une mosquée

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3 février 2017 5 03 /02 /février /2017 21:43

La photographie d’une petite bergère de 11 ans habitant un village des hauteurs de Rize a battu, cette semaine, tous les records de partage sur les réseaux sociaux.

S’étant rendue compte qu’une de ses chèvres avait mis bas dans la neige et qu’elle risquait de mourir de froid avec son chevreau, la petite fille se demandait comment elle allait pouvoir transporter à la fois la mère et le bébé.

Aussi a-t-elle couru à la maison pour chercher des sacs et quelle solution a-t-elle trouvé ?

Photos copiées sur Internet

Photos copiées sur Internet

Elle porte la chèvre dans un sac à dos et fait porter le chevreau par son chien Tomi dans son sac d’école !

Turquie : la petite bergère vedette des réseaux sociaux

Un bel exemple d’amitié entre les humains et les animaux !

Turquie : la petite bergère vedette des réseaux sociaux

C’est pourquoi, partagée des milliers de fois, la photo a fait le tour de la Turquie et part même faire le tour du monde !

Turquie : la petite bergère vedette des réseaux sociaux
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9 janvier 2017 1 09 /01 /janvier /2017 12:10

C’est vendredi soir que la neige a commencé à tomber sur Istanbul et  la ville s’ensevelit peu à peu sous une cape blanche, qui, si elle suscite l’admiration des esthètes  par la magnificence des paysages, n’en constitue pas moins un problème pour la majorité des Stambouliotes devant se rendre au travail.

Le paysage de ma fenêtre ce matin à 9 heures…
Le paysage de ma fenêtre ce matin à 9 heures…

Le paysage de ma fenêtre ce matin à 9 heures…

Car la couche a atteint ce matin 75 centimètres et la température de -1 la fige sur place, paralysant les ruelles de la cité dont beaucoup sont en pente. Les Stambouliotes se rendant au travail en voiture n’ont pu dégager leurs véhicules, les camions de livraison n’ont pas pu accéder aux magasins,  une partie des vols de THY ont été annulés, plus de 5000 personnes sont en attente dans les aéroports, certaines ayant été dirigées vers des hôtels mais d’autres ayant dû passer la nuit dans les halls...

Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…
Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…

Bref, si la neige à Istanbul est un merveilleux spectacle, il n’en reste pas moins que la plupart des gens espèrent que la chute prendre vite fin (elle diminuera demain, semble-t-il).

Les rues de mon quartier, paralysées dans le blanc…
Les rues de mon quartier, paralysées dans le blanc…

Les rues de mon quartier, paralysées dans le blanc…

Les plus heureux sont les écoliers, collégiens et lycéens, dont certains font de la luge dans leur rue, le préfet de la ville ayant fermé les écoles, pour ne pas faire circuler les transports scolaires.  

De belles pentes pour la luge... La nuit ne décourage pas les amateurs de glissades...
De belles pentes pour la luge... La nuit ne décourage pas les amateurs de glissades...

De belles pentes pour la luge... La nuit ne décourage pas les amateurs de glissades...

Certains téméraires ont chaussé leurs skis...

Photo copiée sur Internet : un skieur au centre ville...

Photo copiée sur Internet : un skieur au centre ville...

En ce qui me concerne, c’est équipée de mes bottes de neige à crampons rétractables (achetées au printemps dernier non pas pour aller au ski mais pour affronter les neiges d’Istanbul) que j’ai effectué une petite marche dans mon quartier…

Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…
Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…

Un bain de neige sur la terrasse...

Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…
Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…

Si vous souhaitez contempler les merveilles des sites historiques vus du ciel sous la neige, voilà un lien donné par le Petit Journal d’Istanbul :

http://www.lepetitjournal.com/istanbul/a-voir-a-faire/loisirs/267434-sous-la-neige-la-peninsule-historique-d-istanbul-vue-du-ciel

Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…
Istanbul : « Mais tombe la neige,  impassible manège »…

Un invité surprise dans le quartier de Maslak...

Photo Internet

Photo Internet

De nombreuses personnes ont exercé leurs talents pour créer des bonhommes de neige inédits...

Photos copiées sur Internet
Photos copiées sur InternetPhotos copiées sur Internet

Photos copiées sur Internet

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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 12:40

En ce début de semaine de Toussaint et de Fête des Défunts, voilà une petite visite mémorielle dans le très célèbre cimetière du Château de Nice.

Si je lui ai attribué le qualificatif de « marin », c’est qu’il offre un imprenable panorama sur la baie de la ville et laisse entrevoir, entre les branches des arbres, le bleu de la mer.

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

Elevé en 1783 sur les ruines de la citadelle détruite par Louis XIV, il possède autour de 2800 tombes disposées en terrasses, dont certaines sont de véritables mausolées ; d’autres sont ornées de statues gigantesques dont les sculpteurs ont remporté huit Prix de Rome et qui permettent de le comparer au cimetière de Gênes.

Le mausolée Grosso, surmonté d'un ange gigantesque...

Le mausolée Grosso, surmonté d'un ange gigantesque...

Un bel éphèbe appelé le "gardien des cendres"...

Un bel éphèbe appelé le "gardien des cendres"...

On y trouve beaucoup de sépultures de personnages historiques (Léon Gambetta, Emil Jellinek, fondateur de Mercedes…),  célébrités du monde des arts (Alfred Van Cleef, joaillier, Gaston Leroux, écrivain, René Goscinny, auteur de bandes dessinées, Georges Lautner, cinéaste) ou Anglais qui ont fait la réputation de la Côte d’Azur. Notons que même dans certaines tombes récentes, les familles perpétuent la tradition de la statuaire.

Le mausolée Delfin symbolisant les étapes de la vie…

Le mausolée Delfin symbolisant les étapes de la vie…

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…
Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…
Des vers de Leconte de Lisle...

Des vers de Leconte de Lisle...

A côté se trouve le cimetière juif, dont l’entrée se caractérise par un cénotaphe à la mémoire des déportés.

« Cette urne contient des cendres de nos martyrs assassinés dans les chambres à gaz et les fours crématoires d’Auschwitz, Pologne »

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

La deuxième colonne grave dans le marbre le souvenir des horreurs de la guerre : « Cette urne contient du savon à la graisse humaine fabriqué par les Allemands du III e Reich avec les corps de nos frères déportés. »

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

Une stèle qui a attiré mon attention par le nom des Camondo, célèbre famille ottomane qui avait émigré en France au XIXe siècle (où leurs descendants ont connu un tragique destin, cent ans plus tard, lors de la Seconde Guerre mondiale, disparaissant tous à Auschwitz…) et dont plusieurs monuments perpétuent encore le souvenir à Istanbul, comme  l’Escalier Camondo, l’Immeuble Camondo ou le mausolée d’Abraham Camondo...

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

Je finirai par quelques vers de Baudelaire enjoignant à ne pas oublier les défunts :

 Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille...

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…
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2 octobre 2016 7 02 /10 /octobre /2016 14:45

Pour savourer les douceurs de l’été indien, quoi de mieux que d’explorer les environs d’Istanbul, qui  offrent au promeneur curieux et avide des beautés de la nature de nombreuses possibilités d’excursions, réalisables en une seule journée le week-end (prévoyez quand même un retour assez tardif au début de la nuit).

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu

Une de mes expéditions préférées est la promenade passant par Tekirdag et se poursuivant sur les rives sauvages de la Mer de Marmara jusqu’à Şarköy (comme la route est longue, il est conseillé au retour de rentrer par l’autoroute).

Raisins rouges de la Marmara

Raisins rouges de la Marmara

La ville de Tekirdağ, sur les rives de la Marmara, n’a rien à envier aux stations balnéaires plus célèbres. Particulièrement agréable à visiter, elle possède encore d’anciennes maisons de l’époque ottomane et un joli port. 

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu

Sans compter qu’il s’agit d’une étape gastronomique, avec les fameux Köfte de Tekirdağ !

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu

Et si vous ne craignez pas pour votre ligne, vous pouvez aussi goûter le fameux « Helva de fromage » !

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu

En continuant vers Şarköy (non pas sur la nouvelle route mais sur l’ancienne, assez longue et tortueuse, qui traverse de riantes campagnes) vous arriverez au village d’Uçmakdere, connu pour sa beauté ; bien qu’il ait beaucoup changé depuis trois ans, avec de nouvelles constructions, il a cependant conservé l’essentiel de son charme d’antan. 

La photo date d'il y a trois ans ; depuis, des immeubles ont malheureusement fait leur apparition...

La photo date d'il y a trois ans ; depuis, des immeubles ont malheureusement fait leur apparition...

A l’entrée du village se dresse un extraordinaire platane séculaire vieux de 500 ans, dans le tronc creux duquel les enfants viennent jouer (les grands aussi).

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu

La route entre Uçmakdere et Şarköy, qui ne cesse de grimper à des hauteurs vertigineuses et de redescendre, offre de sublimes panoramas sur la Mer de Marmara dont la beauté sauvage et authentique a été miraculeusement préservée, sans doute à cause des difficultés d’accès. 

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu

Seules des guérites de pêcheurs construites de bric et de broc ponctuent les rives.

Voir mon article de septembre 2104 : Excentriques cabanes de pêche en Mer de Marmara http://gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com/2014/09/turquie-excentriques-cabanes-de-peche-en-mer-de-marmara.html

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu
Voir mon article de 2014, "

Voir mon article de 2014, "

Sachez aussi que cette région constitue la « route des vins de Turquie » et comporte de nombreux domaines vinicoles.

Une halte dans le château « Barbare », pour déguster la nouvelle cuvée…   (enfin, pas trop, car la route du retour est très longue et un test positif vous coûtera votre permis…)

Une halte dans le château « Barbare », pour déguster la nouvelle cuvée… (enfin, pas trop, car la route du retour est très longue et un test positif vous coûtera votre permis…)

En ce qui me concerne, j’adore ce périple, que je refais environs tous les deux ans parce qu’il alterne le vert et le bleu,  paysages de campagne et étendues marines ; une seule journée sur les rivages de la « mer de marbre » vous donnera l’impression d’être parti en vacances !

Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu
Turquie : Magnifique Marmara entre le vert et le bleu
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  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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