Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mars 2022 2 15 /03 /mars /2022 20:30

Ballade contre la guerre en Ukraine ou comment on se fait arnaquer, nous, les humanistes pacifistes…

On a grandi dans le refrain du « plus jamais ça ».

Quarante ans après, nos grands-mères stockaient encore le tissu dans l’armoire,

Le savon sous le lavabo

Et chuchotaient toujours le martyre d’Hélène Vagliano,

A Cannes, son corps brûlé au fer des forçats,

Villa Montfleury de maudite mémoire.

Nos parents effaçant la vengeance

Fredonnaient « Give Peace a Chance ».

Le soir, il y avait un vieux copain de mon père qui venait boire

pour oublier ses cauchemars

D’Indochine et quand il était ivre,

Il racontait des histoires d’infirmières empalées

sur des bambous poussant d’un mètre en une nuit, 

D’araignées géantes tuées au fusil.

Moi, je jouais avec mon livre.

On disait : « Elle est trop petite, elle ne peut pas comprendre, elle lit ses contes de fées »…

Après, nos profs en hypokhâgne disaient qu’il n’y aurait plus jamais de guerre

Parce qu’on était tous solidaires.

Mais quand on regardait les livres sur l'étagère,

Il y avait des listes : Israël, la Corée, l’Algérie, le Vietnam, le Liban, le Biafra  et chaque jour la mort de Gavroche.

Il y avait les « boat people », les caboches écrasées au Cambodge à coup de  pioche.

Je me revois un dimanche dans la rue avec ma tirelire, « Un franc pour un enfant »…

Puis, la vie a continué cahin-caha, bon an, mal an, 

Avec l’Afghanistan, l’Iran et l’Irak, le Golfe, la Yougoslavie, la Tchétchénie,

Le Zaïre, l’Irak, le Tchad, la Somalie, le Yemen,  la Syrie, la Lybie, le Mali

Et Dieu sait combien j’en omets

Tant sont nombreux ceux qui se sont étripés.

Les migrants, on leur a vendu des gilets de sauvetage bourrés de coton

Des pneumatiques à l’abandon.

Pendant qu’on sirotait un pot au bord de mer,

On envoyait des mercenaires

Pour couler leurs bateaux

En Méditerranée-tombeau,

Ou on les a vendus aux portes de l’Europe,

Contre un migrant, un euro et des breloques.

Cedric Herrou a été jugé, Carola Rackete interpellée

Délits de solidarité.

Aujourd’hui, on exhume la hache mal enterrée

Le calumet a cessé de fumer.

Il y en a qui veulent la guerre en feignant d’œuvrer  pour la paix.

Et nous, marionnettes manipulées

On n’a plus qu’une seule vérité,

Un monolithe manichéen

Corseté d’airain.

Pourtant, la vérité  n’est ni blanche ni noire elle est multicolore ou grise.

Je hais les propagandes et leur emprise.

Ça me laisse perplexe que des dames qui auraient laissé crever de faim un migrant sur leur seuil

Cousent de petits sacs à dos 

Et des drapeaux

A clouer sur les cercueils.

Tant mieux si les cœurs cadenassés se déverrouillent

Mais ils ne s’ouvrent qu’à l’endoctrinement

Parce qu’ils ont vu les réfugiés avec des chats blancs

Et des chiens morts de trouille.

Pauvres civils ukrainiens suppliciés,

Immolés par la grande assemblée des nations

« On n’arrive pas à faire de négociations »,

Rackettés par des bandits

« File-moi tes dollars ou ton cul et je t’emmène loin d’ici »,

De quelle machination êtes-vous le jouet ?

A qui profite le chaos ?

Demain, lorsque les marchands d’armes et les va-t’en guerre auront gagné

Quand on sera étranglé au garrot,

Ukraine exterminée, Russie anéantie, Europe ensevelie, Afrique affamée,

On pourra toujours faire apprendre aux enfants « Barbara » de Prévert.

« Oh Barbara

Quelle connerie la guerre »…

 

 

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 21:04

Il y a bien longtemps, lorsque, fraîchement arrivée de Cannes, je me suis installée à Istanbul, je ne connaissais rien encore des quartiers de la ville. Il faut dire que j’habitais alors un appartement loué par un ami dans le quartier de Fatih, au rez-de-chaussée d’un immeuble traditionnel. En face, l’épicier, assis du matin au soir sur un petit tabouret. Il ne quittait son siège que pour remplir le panier d’osier accroché à une corde que les femmes faisaient descendre par leur fenêtre en criant : «  Kémal, un kilo de riz ! » Et moi, étrangère venue de la Côte d’Azur, je ne me lassais pas d’observer avec étonnement ce spectacle...

« La femme au panier », tableau de ma regrettée amie, l’artiste peintre Sedef Atabek.

 

 

Mais le soir où on m’invite à dîner dans un immeuble de Nişantaşi,  j’éprouve un coup de foudre pour cet endroit inconnu et je décide de venir m’y installer. Cela fait maintenant trois décennies que je suis devenue « Nişantaşli» et c’est là que bat le cœur de mon Istanbul.

Les palais à chats dans mon quartier

Au début, j’ai aimé ce quartier parce qu’il était particulièrement européanisé et surtout parce que des gens d’origines différentes y vivaient dans la plus parfaite harmonie. Puis, un jour, une dame âgée de mes voisines, me dit : « Savez-vous qu’à quelques mètres de l’endroit où a été construit notre immeuble se trouvait dans ma jeunesse un merveilleux manoir entouré de tilleuls ? » Ma surprise fut telle que je me suis alors plongée dans les livres d’histoire pour mieux connaître le passé du secteur. A partir de ce moment, je me suis mise à rêver sur Nişantaşi jusqu’à en faire un des lieux où se déroule mon premier roman, Fenêtres d’Istanbul.

 

Au XVIIIe siècle, le quartier n’est qu’une étendue campagnarde où se trouvent des fermes produisant lait, yaourt et fromages. L’absence d’habitations et le caractère sauvage des lieux font que le sultan Selim III les choisit pour terrain de chasse et d’entraînement pour le tir. A l’époque, les "Padischah" ont coutume de commémorer par une pierre de tir soit l’endroit qu’ils ont pris pour cible soit celui où leur flèche est tombée. C’est dans les années 1790 que le sultan Selim III plante la première pierre de tir (dikilitaş, en turc), d’où le quartier tirera son nom. De plus, pour effectuer sa prière lors de ses promenades, il y édifie une petite mosquée en bois qui est le premier bâtiment du lieu.

 

La mosquée actuelle...

La mosquée actuelle...

Lorsque le sultan Abdülmecit quitte Topkapı pour s’installer au palais de Dolmabahçe et qu’il fait également édifier pour ses promenades le petit château d’Ihlamur Kasrı, ses proches et les dignitaires du palais commencent à édifier des manoirs, appelés «konak», à Nişantaşi pour se rapprocher de lui. A l’emplacement de la petite mosquée de Selim III, Abdülmecit fait d’ailleurs élever en 1854 la belle mosquée de Teşvikiye, où l’on peut voir aujourd’hui les célèbres pierres commémorant les tirs de Selim III et Mahmud II. De plus, en octroyant aux étrangers, à l’époque du Tanzimat, le droit de s’installer dans le secteur, le sultan donne naissance au quartier de Teşvikiye et en symbolise la création par la pose de deux autres pierres, l’une que l’on peut voir aujourd’hui devant le commissariat de Teşvikiye, l’autre au carrefour des rues de Teşvikiye et de Valikonağı, portant l’inscription : «Le quartier de Tesvikiye, fruit de l’amour sans borne du sultan Abdülmecid »…

La popularité de Nişantaşi et Teşvikiye ne cessera après de grandir avec l’installation d’Abdülhamid à Yıldız. C’est pour cela que jusqu’aux années trente, le quartier demeurera célèbres pour ses luxueuses demeures.

 

Mais après l’avènement de la République, les manoirs, désormais privés de leur raison d’être, s’envolent en fumée, tombent en ruine et vont laisser la place à des immeubles modernes. Bien vite, la zone devient une des plus connues d’Istanbul pour ses constructions dernier cri. Puis, dans les années 1970, les magasins de luxe désertant Beyoglu viennent s’y installer. Mais en dépit de cette modernisation et de la perte d’une partie de leur âme, ces quartiers ont conservé leurs amoureux inconditionnels, dont je suis.

 

La belle porte d'un immeuble ancien

La belle porte d'un immeuble ancien

Aujourd’hui, lorsque je vois une des pierres de tir, j’imagine le sultan entouré de sa troupe de cavaliers. Quand je passe devant le lycée de Sişli Terakki, je me dis qu’à son emplacement se dressait le somptueux château du Pacha Halil.

Le manoir du Pacha Halil en 1900

Ou lorsque j’aperçois, près du Centre commercial City’s, l’Académie de mode d’Istanbul, je me souviens que la demeure appartenait à l’un des plus célèbres ministres du sultan Abdülhamid, Sait Pacha, connu pour avoir fait édifier sur la place le manpird’Izmir la légendaire Tour de l’Horloge.

Le manoir de Sait Pacha 

La rue où j’habite se nommait jadis « Rue des potagers ». Cela m’a rappelé que le célèbre poète français Lamartine, se rendant en 1850 de Taksim à Ihlamur Kasri, le Château des tilleuls, qu’il nomme « Kiosque de Flamour », pour rencontrer le sultan Abdülmecid,  emprunte ce qu’il appelle « la route des collines » (ma rue) et décrit en ces termes son passage à Nişantaşi : « Nous nous serions crus dans une vallée de Suisse... on n’entendait aucun bruit que le murmure d’un filet d’eau sur les cailloux et des oiseaux chantant dans les feuilles. On n’apercevait aucun mur, aucun toit, aucune barrière, aucune trace d’habitation... » 

 

Le Nişantaşi que j’aime n’est pas seulement celui des immeubles bourgeois et des boutiques de luxe. C’est aussi celui dans lequel dort le souvenir nostalgique des palais de bois sculpté et des jardins pleins de glycines et de tilleuls. Avec un peu d’imagination, peut-être pourrons-nous voir passer le fantôme d’un pacha ou la silhouette d’une dame à la voilette rose...

 

Une autre belle porte ancienne...

Une autre belle porte ancienne...

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 12:18

MES LIVRES

La trilogie d’Istanbul

 

La Trilogie d’Istanbul est une somme romanesque se déroulant à Istanbul entre 1985 et 2008.

 

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Fenêtres d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2003) : Dans une rue enneigée d’Istanbul, Brave, l’épicier, observe les fenêtres de l’immeuble d’en face dont il connaît tous les occupants. C’est alors qu’apparaît le Tambour du Ramadan, un va-nu-pieds aux allures de Pacha… Une fiction sur l’Istanbul de la fin du XXe siècle, déchiré entre modernisme et traditions, avec son foisonnement baroque, ses paradoxes dans la condition des femmes, son incroyable diversité, sa mosaïque de croyances... Un conte moderne, à la fois réaliste et poétique, loin des stéréotypes sur la Turquie.

Grimoire d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2006) : Alice, franco-turque de 35 ans, prisonnière d’un passé qui la hante, regagne Istanbul, sa ville natale. Sa mission : remplacer un archéologue assassiné dans d’étranges circonstances. Dès lors, sa route va croiser celle de plusieurs personnages, tous en quête, pour des mobiles différents, d’un manuscrit ancien… Un roman d’aventures entraînant le lecteur sur les sites de Turquie témoins des débuts du christianisme ; un roman psychologique sur la complexité des sentiments et du désir, sur les fantômes du passé ; une réflexion éthique sur la tentation...

Secrets d’Istanbul, (GiTa Yayınları, 2009) : Alice trouve un jour dans un sac de voyage un mystérieux carnet qui va bouleverser son existence. Cette découverte marque le début d’une enquête où secrets de famille et tabous voleront en éclats… Un roman  mettant en scène des héros torturés par un secret de famille… Leur quête de la vérité et de l’amour les contraindra à fouiller le passé pour élucider les mystères liés à leurs ancêtres, sur les traces de cinq personnages historiques connus pour avoir échafaudé des “châteaux en Turquie” : un soi-disant messie, un illustre poète français, un bâtisseur de phares, un peintre de la cour ottomane…

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Deux romans historiques sur la Turquie du moyen-âge

Les deux romans La Sultane Mahpéri et Sultane Gurdju Soleil du Lion constituent les deux tomes de la suite romanesque « Dynasties de Turquie médiévale ». Ils se passent au XIIIe siècle à l’époque des Seldjoukides d’Anatolie et mettent en scène deux personnages historiques célèbres, la sultane Mahpéri et la sultane Gurdju.

La Sultane Mahpéri, (GiTa Yayınları, 2004) : Ce roman, fruit de longues années de travail, fait revivre quelques grands personnages historiques du Moyen Age turc : Alaeddin Keykubad, sultan prestigieux, infatigable bâtisseur, amoureux des arts et des lettres ; la princesse de Candélore, plus connue sous le nom de Sultane Mahpéri ; Saadeddin Köpek, architecte du palais de Kubad Abad ; le « Sultan des Savants, » père du célèbre poète Mewlânâ… Amour, haine, jalousie, ambition, intrigues, goût du pouvoir, les passions inassouvies conduisent à la violence et au crime...

Sultane Gurdju Soleil du Lion (GiTa Yayinlari d’Istanbul et Ataturquie, Paris, 2015) : A la mort de son époux, la sultane Mahpéri engage une lutte sans merci contre le redoutable vizir Kopek, pour fortifier le pouvoir de son fils, Giyaseddin. Lorsque le jeune sultan épouse la princesse géorgienne Tamara, désormais appelée Sultane Gurdju, un calme précaire s’installe. Mais d’effroyables dangers surgissent et vont précipiter l’Empire de Roum dans  le chaos : la rébellion du derviche Baba Resul, les complots, l’attaque des Mongols… Ce deuxième tome des « Dynasties de Turquie médiévale » présente une autre héroïne inoubliable du XIIIe siècle turc, Sultane Gurdju, disciple du grand mystique Mevlânâ…

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

 Mes Istamboulines

Mes Istamboulines, (GiTa Yayınları, 2010), est un recueil d’essais, récits et nouvelles de A à Z, entièrement illustré par d’anciennes cartes postales sur la ville d’Istanbul. « Un jour, j’ai découvert une ville qui m’émerveillait, me fascinait et parfois me chagrinait. Il s’est établi une correspondance parfaite entre ma sensibilité profonde et cette mégapole baignant dans l’eau, pétrie de souvenirs de toutes les cultures, constituée d’une mosaïque de gens différents. C’est la ville qui m’inspire en tant qu’écrivain. Je la ressens comme « ma » ville. Ce livre est le fruit de mes étonnements, de mes doutes et de mes bonheurs. Le miroir de l’Istanbul de Gisèle, stambouliote d’adoption. »

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Janus Istanbul, théâtre musical, livre avec CD, musique et interprétation des chansons : Erol Köseoglu, (GiTa Yayınları, 2011)

Janus, le dieu aux deux visages, s’ennuie, les humains l’ont oublié. Jusqu’au jour où s’installe dans la maison construite sur les ruines de son temple, un jeune couple mixte, Chloé et Hakan. Voilà de quoi redonner de l’énergie, mais aussi des tourments, à ce gardien de la diversité. Car une nouvelle mission va lui incomber : aider Petit Janus, l’enfant du couple, à assumer la richesse de ses origines différentes. Mêlant satire et poésie, drame et comique, la pièce de théâtre musical, Janus Istanbul, soutenue par les compositions d’Erol Köseoglu, pose le problème de l’identité dans le mélange des cultures, de la tolérance et de l’acceptation des différences. Mais en musique…

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu

Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère, L’Homme qui assassina, Roman et analyse. Edition Aksel Köseoglu  (GiTa Yayınları, 2013)

 

L’Homme qui assassina, chef-d’œuvre turc de Claude Farrère, publié en 1907, est un roman de l’ombre. La ville d’Istanbul ensorcelle sur-le-champ Renaud de Sévigné et va définitivement bouleverser sa vie. Jusqu’où cet attaché militaire près l’Ambassade de France en Turquie va-t-il s’égarer, en compagnie de l’envoûtante Lady Falkland, dans la magie du vieux Stamboul ?

Le livre, entremêlant histoire d’amour, roman d’espionnage, intrigue policière et récit exotique, met en scène un univers romanesque inquiétant, évoqué avec passion par Claude Farrère, celui de la ville d’Istanbul dans les derniers fastes de l’Empire ottoman …  Un roman culte pour les amoureux de l’Istanbul de Jadis…

 

 La Côte d’Azur, guide touristique en turc, édition Aksel Köseoglu  (GiTa Yayınları, 2018) : Ce guide de voyage en turc sur la Côte d’Azur a été écrit spécialement pour les voyageurs venus de Turquie à qui nous faisons partager notre longue expérience de cette région : moi parce que j’en suis native et m’y suis beaucoup promenée et Taceddin Koseoglu parce qu’il la visite depuis plus de trente ans…

 

 

 

Ecrivaine française d'Istanbul, Gisèle Durero-Koseoglu
Partager cet article
Repost0
4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 20:28

(Suite des deux journaux du confinement du 25.03.2020  et 28.04.2020)

1 mai-3 mai : trois jours de couvre-feu

Une fois de plus, la ville d’Istanbul a été plongée dans le silence trois jours. Mais il est à noter que certains ont attendu la levée du couvre-feu dimanche à minuit pour s’empresser de sortir et aller manger un « kebab » à une heure du matin ! Ou se sont précipités dans les bus en pleine nuit pour aller « prendre l’air » ! En réalité, ce sont des exceptions car la plupart des gens respectent parfaitement les consignes.

Une rue déserte de mon quartier, d’habitude très animée…

Il a été annoncé que le confinement du week-end se poursuivrait jusqu’à la fin mai. La bonne nouvelle est que le nombre de contaminations quotidiennes diminue : 126045 cas, 3397 morts dont 61 aujourd’hui 3 mai, cependant le nombre de victimes quotidiennes a baissé et celui des guéris est de deux fois et demi supérieur à celui des nouveaux infectés… 

Comme toujours, les Turcs ne sont pas en reste pour concevoir de nouveaux objets en fonction des circonstances : visières, casquettes et chapeaux à visière (1.80 euros la visière)  deviennent, en plus des masques,  les accessoires « in » de la pandémie !

Voilà la tenue des caissiers-caissières, livreurs, pharmaciens etc

5 mai 2020

Une série de mesures de « déconfinement » progressif ont été annoncées hier soir par le gouvernement pour le lundi 11 mai, tout en précisant qu’en cas d’affaiblissement de la vigilance , on retournerait aussitôt à des plus règles plus strictes : réouverture des magasins, des coiffeurs et centres commerciaux à condition de respecter certaines mesures d’hygiène ; levée de l’interdiction des déplacements inter cités pour sept provinces sauf pour Istanbul, Ankara et Izmir  mais le couvre-feu du week-end sera maintenu dans 21 grandes villes ; permission aux 65 ans et plus, qui étaient en confinement total, de sortir le dimanche de 11h à 15h, aux moins de 14 ans de sortir quatre heures le vendredi et aux 14-20 ans, quatre heures le mercredi. Les universités pourront reprendre leur calendrier, en particulier, pour les examens, le 15 juin mais les écoles demeurent fermées jusqu’en septembre.

On se déguise...

9-10 mai : deux jours de couvre-feu

Quand on n’est pas obligé de sortir pour aller travailler, on ne parvient plus à faire la différence entre la semaine et le week-end et on perd la notion du temps. Quelle est la question récurrente du matin : quel jour sommes-nous aujourd’hui ? Car les jours se suivent et se ressemblent ! Je crois que ce qui me manque le plus est de me promener dans la nature ou d’effectuer des visites des quartiers insolites d’Istanbul comme nous le faisions régulièrement avec mon époux.  Cependant, le confinement me pèse moins qu’à d’autres car de toute façon (en dehors de mes heures de travail de professeur de littérature qui me faisaient traverser une partie de la ville) cela fait des années que j’ai l’habitude de me « confiner » pour écrire…

 

11 mai : « déconfinement » partiel mais poursuite des mesures d’hygiène

Les magasins et les coiffeurs ont ouvert aujourd’hui en Turquie comme en France et les grands centres commerciaux, dont la réouverture avait été controversée, ont connu l’affluence dès le matin, avec de longues queues. Le ministre de la santé a mis en garde dès hier soir sur Twitter : Il faut continuer à rester à la maison si on n’est pas obligé de sortir…

D’ailleurs, les mesures sanitaires continuent : les mairies désinfectent rues,  parcs, jardins d’enfants et transports en commun...

Photo Hurriyet

Les coiffeurs ont adopté des mesures sanitaires inédites : réception d’une seule personne à la fois, port du masque et de la visière, désinfection des sièges et des surfaces avant et après le passage de la personne et abandon du brushing pour éviter, en cas de maladie, de propager le virus dans l’air…

Photo Haberturk

Dans la rue, presque tout le monde porte un masque ; les habitants de la Turquie respectent bien les mesures sanitaires et on se sent en sécurité…

16 au 19 mai : quatre jours de couvre-feu pour le 19 mai

La fête nationale du 19 mai se trouvant un mardi, un pont a été décidé du 16 au 19, pas pour partir en vacances mais pour un couvre-feu de quatre jours ! Il fait un temps resplendissant à Istanbul cependant, tout le monde est cloîtré à la maison. De plus, le masque, qui était déjà obligatoire dans les magasins, les transports en commun, les banques, les coiffeurs, devient obligatoire pour sortir dans la rue dans 28 villes de Turquie. Le ministre de la santé avait déjà prononcé plusieurs fois cette phrase : « Désormais, le masque doit faire partie de votre garde-robe » ! Si je me fie à la réactivité et à la créativité habituelle des Turcs, dans pas longtemps, on vendra les robes avec le masque assorti !

Voilà une robe de mariée de circonstance dans une vitrine de mon quartier…

La fête de la jeunesse et des sports est une date importante dans l’histoire de la république turque car Mustafa Kemal, parti en ferry-boat de Bandirma, débarqua à Samsun le 19 mai 1919 pour y commencer la Guerre d’Indépendance turque.

Rappelons qu’à la fin de la Première Guerre mondiale,  l’Empire ottoman, vaincu, perd une grande partie de ses territoires et que des zones d’influence sont attribuées aux Français, aux Italiens, aux Britanniques et aux Grecs, qui occupent une partie de la Turquie. Mustafa Kemal, qui refuse les clauses du traité de Sèvres, devient le leader de la résistance armée en organisant les congrès d’Erzurum et de Sivas stipulant que la Turquie est une et indivisible. En dépit de l’opposition du sultan qui met sa tête à prix, Mustafa Kemal lève une armée pour s’opposer au gouvernement officiel. Peu à peu, de nombreux Turcs se rallient à sa cause et les forces de Mustafa Kemal gagnent la guerre le 11 octobre 1922. Le traité de Sèvres est remplacé en 1923 par celui de Lausanne, qui rend à la Turquie une partie de ses territoires.

Ce soir, tous les  Turcs confinés se sont mis aux fenêtres pour chanter leur hymne national afin de commémorer cette date symbolisant la reconquête de leur indépendance.

23 au 26 mai : quatre jours de couvre-feu pour la Fête du Sucre

Les autorités sanitaires redoutant que la Fête du Sucre, marquant la fin du Ramadan, ne soit l’occasion, comme le veut la tradition, de nombreuses visites familiales et amicales ne permettant pas le respect de la distanciation sociale, un nouveau-couvre-feu a obligé les Turcs à rester à la maison ; seuls les plus de 65 ans, confinés totalement depuis plus de deux mois, ont eu le droit de sortir pendant 8 heures dimanche.

Le 25 mai, le nombre total des contaminations s’élevait à 157814 et celui des victimes depuis le début à 4369 ; mais la bonne nouvelle est que l’épidémie s’est affaiblie. Cependant, le ministre de la santé a précisé qu’il faut continuer à « apprécier la valeur de sa maison » ! Il est donc probable que les moins de 20 ans et les plus de 65 ans vont encore rester confinés un certain temps… Mais précisons que ceux qui doivent sortir en urgence peuvent le faire : ils appellent un numéro, donnent leur nom et le motif de la sortie et arrive sur leur portable un SMS avec l’autorisation de sortie pour le cas où la personne serait contrôlée.

 

Mercredi 28 mai 2020

Je retourne du supermarché à 10h30 ; le magasin est presque vide le matin, seules deux « personnes âgées » se dépêchent de faire des courses en demandant au caissier de faire vite car elles doivent rentrer à la maison le plus rapidement possible sans se faire prendre (interdiction de sortir des plus de 65 ans et risque d'amende de plus de 400 euros) ; et un jeune avec le masque sous le menton… Visiblement, les gens qui ne sont pas obligés de sortir pour aller travailler continuent à rester chez eux.

Au retour, je continue les habitudes prises pendant la pandémie et adoptées ici par la plupart des femmes : laver avec du savon blanc type « savon de Marseille » tout ce qui vient du dehors…  

 

Vendredi 29 mai- dimanche 31 mai : dernier week-end de confinement

Les chanceux du confinement sont les oiseaux qui s’en donnent une fois de plus à cœur joie en chantant à tue-tête dès l’aube ; ou alors chantaient-ils avant mais les bruits de la ville empêchaient de les entendre…

La ville à 5 h du matin, seuls résonnent les chants d'oiseaux...

2 juin 2020 :  retour à la « vie normale »

Après huit week-end de couvre-feu, c’est une nouvelle étape qui s’amorce en Turquie puisque le « retour à la normale » est effectif aujourd’hui, sauf pour les plus de 65 ans et moins de 18 ans, qui restent confinés. Les déplacements à l’intérieur du pays sont désormais libres. Presque tout rouvre, en premier cafés et restaurants, sauf les théâtres, salles de spectacle ou concert (les spectacles en plein air sont néanmoins autorisés).

Les cafetiers et restaurateurs ont pris des mesures d’hygiène : espacement des tables, prise de température à l’entrée, masque et visière pour les serveurs.

Un magasin équipé de bâches, photo Internet

Dès le matin, c’est par un bruit dont on avait perdu l’habitude que s’est manifestée la résurgence de la vie dite « normale » ; alors que je me trouvais dans mon bureau, mon attention a été attirée par la sirène d’une ambulance au maximum du son et par un charivari de coups de klaxons. Un rapide passage à la fenêtre m’a permis de découvrir un embouteillage monstre dans ma rue, vision qu’on avait un peu oublié dans les matins bercés de chants d’oiseaux.

Un camionneur a fait la une des réseaux sociaux en peignant  à l’arrière de son camion une déclaration d'amour très inventive pour sa belle : "J'ai versé de l'eau de Cologne sur ta route, viens dans mes bras et sois mon Corona"…

Une page historique vint de se tourner avec la fin des restrictions d’urgence sanitaire mais le ministre turc de la santé ne cesse de rappeler que le virus est toujours présent et que même si le nombre de malades s’est considérablement affaibli, on doit redoubler de prudence et continuer à appliquer la désinfection des mains, le port du masque et la distanciation sociale. « Si on ne respecte pas les précautions, on risque de retourner au début », a-t-il conclu. Souhaitons que la discipline personnelle soit suffisante pour empêcher un rebond des contaminations…

En espérant que ce troisième volet du journal du confinement à Istanbul soit le dernier…

 

Partager cet article
Repost0
26 mai 2020 2 26 /05 /mai /2020 11:48

Nos vénérables académiciens ont tranché et nous ont annoncé que le genre du groupe nominal « Covid-19 » devrait être désormais le féminin ! LE Covid-19 mute en LA Covid-19 !

Leur argument : il s’agit d’un acronyme, le genre du mot principal l’emporte et comme on a traduit l’expression de l’anglais « Corinavirus Disease », le mot doit s’accorder avec « maladie » !

Crise du Covid-19 : Bien sûr, il fallait mettre au féminin ce faquin de fléau !

Depuis le début de la pandémie, en France, on a utilisé l’expression au masculin : « LE » Covid-19 ! Et alors qu’on considère généralement que l’usage doit primer, voilà qu’on cherche à modifier l’usage !

Ce relent de misogynie de l’Académie française nous étonne-t-il ? Que nenni !

On se souvient que l’Académie a résisté jusqu’en février 2019 à la féminisation des noms de métiers et des fonctions !

Autrefois, et toujours en grammaire ! le masculin « l’emportait ». En 1647, Vaugelas écrivait : « Le genre masculin étant le plus noble doit prédominer chaque fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble. »  Mais cette fois, c’est le féminin qui l’emporte, parce que, bien sûr, un fléau, ça ne peut être que féminin, comme les cyclones longtemps baptisés avec des prénoms de femmes ou les grandes maladies (certes, les Académiciens ne sont pas aujourd’hui responsables de l’étymologie…)  la peste, la lèpre, la variole, la tuberculose !

Rappelons qu’il n’y a eu que 9 femmes depuis 1980 admises à l’Académie -5 siègent actuellement- sur 40 académiciens ! Ceci explique cela !

Eh bien, chers académiciens, moi, je refuse vos discriminations inavouées et je continuerai à écrire « LE Covid-19 » !

Crise du Covid-19 : Bien sûr, il fallait mettre au féminin ce faquin de fléau !

Mon autre blog : Littérature au Firmament

https://giselelitterature.blogspot.com/

Partager cet article
Repost0
5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 12:10

En latin, le mot « derelectio » désignait un abandon complet ; puis, les  philosophes mystiques ont utilisé le mot « déréliction » pour qualifier l’état de ceux qui avaient perdu la grâce divine  et sombraient dans un état de solitude extrême. 

Aujourd’hui, c’est la crise du Covid-19 qui nous plonge dans la déréliction. Car oui, nous sommes seuls et abandonnés ! Il ne nous reste plus que notre conscience morale pour tenter de distinguer le vrai du faux, et, à défaut d’acquérir la moindre certitude, de nous définir chacun une attitude, en notre âme et conscience !

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…

D’abord, ce furent les mensonges de l’état affirmant que la maladie, qui n’était de toute façon qu’une « gripette », n’arriverait pas en France. Puis, sa décision de maintenir les élections à la veille de l’ordre de confinement, au grand dam d’une partie du monde médical. Qui croire ? Que croire ? Ensuite, ce furent les discours intempestifs des politiques et même de certains scientifiques en collusion avec le pouvoir, sur l’inutilité des masques alors que l’exemple du monde entier prouvait le contraire et qu’aujourd’hui, on a tourné casaque. Qui croire ? Que croire ? Pour continuer, ce furent les polémiques incessantes sur l’efficacité, l’utilité ou la nocivité de certains traitements contre le virus, avec le monde scientifique fracturé en deux, entre partisans et adversaires de la Chloroquine. Dans la foulée, alors que la loi juge l’homicide, même involontaire, comme un délit, nous avons  entendu avec effroi certains médecins italiens déclarer sur les ondes que faute de lits de réanimation, ils étaient contraints de choisir les patients à sauver ; après, on a  appris qu’en France, une ordonnance du 29 mars 2020 autorisait à utiliser dans les Ehpad le Ritrovil, un sédatif permettant de mourir sans souffrance, pour les personnes âgées, que, par manque de lits d’hôpitaux, on ne cherchait même pas à tenter de soigner ! Certains ont salué cet efficace soulagement de la douleur, d’autres l’ont affublé du sobriquet d’« euthanasie ». Qui croire ? Que croire ? On nous a convaincus que la France était la cinquième puissance mondiale, possédait une infrastructure médicale enviée par toute la planète et on s’est retrouvé avec une pénurie de matériel,  plus de 25000 morts et même les moqueries de certains pays « en voie de développement » qui s’en sortaient mieux que nous et se sont empressés de nous rappeler que nous sommes de bien piètres donneurs de leçons. Qui croire ? Que croire ? Maintenant, ce sont les débats sur l’opportunité de la réouverture des écoles le 11 mai, entre des pédiatres affirmant que cette mesure s’impose et d’autres médecins prévoyant les affres d’une seconde vague d’infection et l’Apocalypse pour la fin juin. Sans parler de l’arrivée sur le marché de la grande distribution de millions de masques à vendre, alors qu’il n’y a pas si longtemps, même le personnel soignant ne disposait pas de cet accessoire… Qui croire ? Que croire ?

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…

Quand je dis que toutes nos certitudes se sont effondrées, je n’exagère pas. Le vrai, déjà si malmené depuis les deux Guerres mondiales, s’est une fois de plus acoquiné avec le faux. Tout ce à quoi nous avons cru « dur comme fer » s’est révélé bancal, nous voilà désemparés, privés de convictions, rongés de défiance et la parole officielle, dorénavant, n’a pas plus de prix que les élucubrations de certains youtubeurs. 

Désormais, nous sommes seuls face à notre absence de foi et d’espoir,  un doute cruel nous gangrène et beaucoup d’entre nous rêvent de partir s’installer avec quelques proches et « happy few », pour reprendre une expression de Stendhal,  dans un hameau abandonné, avec un stock de bougies, trois chèvres et Les Pensées de Pascal comme unique bibliothèque, pour vivre loin de cette société dénaturée par les mensonges et la cupidité et y refaire une sorte de communauté hippie, loin des institutions et de leurs manipulations !

Que notre lucidité, les intuitions de notre for intérieur et ce qui nous reste d’éthique nous viennent en aide pour définir notre future ligne de conduite !

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…
Mon autre blog : Littérature au Firmament

Littérature au Firmament

 

Partager cet article
Repost0
4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 11:15

La fausse lettre de « confinement » de Madame de Sévigné diffusée sur les réseaux sociaux  (joli pastiche élaboré par Jean-Marc Banquet d’Orx, dans lequel l’épistolière écrivait à sa fille pour lui parler d’une épidémie, et si bien écrit qu’à première lecture, nombreux sont ceux et celles qui sont tombés dans le piège !) permet de rappeler, qu’en réalité, à l’époque de la marquise, et aussi au siècle suivant, on vit dans la terreur des épidémies ! En particulier celles de « La Petite Sœur », c'est-à-dire la variole, alors appelée « petite vérole ». Plusieurs fois, la marquise parle à sa fille de la maladie et lui donne des conseils pour qu’elle se tienne éloignée des lieux contaminés et ne risque pas de gâter sa beauté de  « plus jolie fille de France » !

Madame de Sévigné et les épidémies

En voilà quelques exemples :

6 mai 1671 : Mais, ma bonne, pourquoi avez-vous été à Marseille ? Monsieur de Marseille mande ici qu’il y a de la petite vérole : puis-je avoir un moment de repos que je ne sache comme vous vous portez ?

5 août 1671 : Je vous conjure, ma chère bonne, de vous bien conserver ; et s’il y avait quelques enfants à Grignan qui eussent la petite vérole, envoyez-les à Montélimar : votre santé est le but de tous mes désirs…

25 novembre 1671 : J’ai appris par mes lettres de Paris la mort de votre premier président… Je ne sais comment je n’ai pas eu l’esprit de vous conseiller ce que vous avez fait, moi qui craignais également de vous voir affronter la petite vérole à Aix, ou retourner sur vos pas à Grignan : il n’y avait qu’à ne bouger d’où vous êtes ; vous avez pris le bon parti…

18 décembre 1671 : M. de Coulanges m’attend pour m’amener chez lui, où il dit que je loge, parce qu’un fils de Madame de Bonneuil a la petite vérole chez moi. Elle avait dessein très-obligeamment d’en faire un secret, mais on a découvert le mystère…

10 février. 1672 : Ma chère fille, après bien des alarmes et de fausses espérances, nous avons perdu le pauvre Chevalier… La fièvre le prit en venant de Paris, et la petite vérole, avec une telle corruption, qu’on ne pouvait durer dans sa chambre…

13 avril 1672 : Vous m’obéissez pour n’être point grosse, je vous en remercie de tout mon cœur ; ayez le même soin de me plaire pour éviter la petite vérole…

5 février 1674 : On avait cru que Mademoiselle de Blois avait la petite vérole, mais cela n’est pas. On ne parle point des nouvelles d’Angleterre ; on juge par là qu’elles ne sont pas bonnes. On a fait un bal ou deux à Paris dans tout le carnaval ; il y a eu quelques masques, mais peu. La tristesse est grande…

24 juillet 1675 : Mme de Montlouet a la petite vérole : les regrets de sa fille sont infinis ; la mère est au désespoir aussi de ce que sa fille ne veut pas la quitter pour aller prendre l’air, comme on lui ordonne…

Madame de Grignan peinte par Mignard en 1669

Madame de Grignan peinte par Mignard en 1669

On voit que les épidémies sont une constante préoccupation pour la marquise. Car si tout le monde ne meurt pas de la maladie, dont la létalité est très élevée, ceux qui en réchappent restent marqués à vie ! Mademoiselle de Lespinasse, la Princesse Palatine, Mirabeau, font partie des « grêlés » ! Louis XIV, Voltaire, Chateaubriand, Goethe, contractèrent la maladie mais sans en conserver les stigmates.

Madame de Sévigné a-t-elle eu le pressentiment que la variole causerait des ravages dans sa famille ?  Car la petite vérole emporta non seulement l’épistolière en personne à Grignan en 1696, mais aussi son petit-fils Louis-Provence de Grignan en 1704 et sa fille Françoise 1705 à Marseille !

De quelques « grêlés » célèbres…

 

Lorsque Julie de Lespinasse, après avoir quitté le salon de Madame du Deffand, s’installe dans la demeure où elle passera les douze dernières années de sa vie, se produit un événement tragique : elle contracte la petite vérole ! Elle avait refusé l’inoculation, croyant déjà avoir attrapé la variole dans sa jeunesse. C’est D’Alembert, qui, au mépris de la contagion, se met à la veiller jour et nuit : « Elle est assez marquée de la petite vérole, écrit-il à Hume, mais sans en être défigurée le moins du monde »… Puis, il tombe malade lui-même, frôle la mort et c’est au tour de Julie de le veiller : «  Il faut, écrit-il, que le diable, qui nous guette l'un et l'autre, ne sache pas son métier… » Au dire des contemporains, Julie garda sur le visage de telles cicatrices que son teint en fut « gâté », ce qui n’éclipsa pas, cependant sa grâce de salonnière…

En ce qui concerne Voltaire, il contracte la maladie en 1723 et tombe malade au point de rédiger son testament. Plus tard, dans ses Lettres philosophiques, il consacrera de nombreuses lignes à vanter l’inoculation.

Quant à Mirabeau, on disait que sa légendaire laideur était encore accentuée par les profondes cicatrices de la petite vérole dont il avait souffert dans la petite enfance…

L’inoculation

Au XVIIIe siècle, les Turcs pratiquent ce que l’on nomme l’inoculation, ancêtre de la vaccination, procédé sans doute venu de Chine. En 1712, un voyageur, Aubry de la Mottraye, signale que les jeunes Circassiennes sont inoculées : « Les jeunes Circassiennes sont vendues par leurs parents en vue de peupler les harems des riches Turcs. Si leur visage n’est jamais grêlé, c’est que les vieilles du pays les piquent en cinq endroits différents et mêlent au sang de leurs plaies du pus d’un autre enfant déjà atteint de la petite vérole ».

Quelques années plus tard, Lady Montaigu, épouse de l’ambassadeur anglais, séjourne à Istanbul et s’émerveille de voir que l’on y pratique la vaccination contre la maladie ; elle fait même « inoculer » ses enfants…

Le médecin suisse Tronchin, qui eut les honneurs d’un article dans L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,  fut un des ardents défenseurs de l’inoculation en Europe et il la pratiqua en France en 1755 pour la première fois ; en 1774, Louis XVI et ses frères furent inoculés publiquement. De nombreux nobles invitèrent Tronchin à Paris pour faire vacciner leurs enfants, en dépit des résistances de la médecine officielle. Il fallut attendre 1864 pour qu’Ernest Chambon répande la « vaccine animale »…

 

Comme ces exemples le montrent, confiants dans les progrès de l’époque moderne, nous avons eu un peu tendance à oublier, dans les pays développés, que les épidémies ont jalonné notre histoire…

 

Mon autre blog : Littérature au Firmament

Partager cet article
Repost0
15 avril 2020 3 15 /04 /avril /2020 11:33

La crise du Covid-19 remet cruellement les pendules à l’heure ; ce ne sont pas les pays les plus développés qui se révèlent les mieux préparés face à une urgence sanitaire de cette ampleur ! Je n’en prendrais pour exemple que la désormais célèbre pénurie de masques qui touche certains pays européens, mais pas le monde entier, vu que des pays bien plus pauvres que les six premiers de la planète sont devenus les petits chanceux qui  avaient conservé leurs fabriques nationales de masques !

Ce que nous montre la crise, c’est que le discours des philosophes, que l’on rabâche dans les lycées juste pour préparer le Bac, sans vraiment jamais se l’approprier ni en digérer la « substantifique moelle », se révèle d’une amère actualité…

Jean-Jacques Rousseau, un des plus merveilleux auteurs non seulement du XVIIIe mais aussi de la littérature mondiale,  nous mettait en garde il y a plus de deux siècles :

« Le grand devient petit, le riche devient pauvre, le monarque devient sujet : les coups du sort sont-ils si rares que vous puissiez compter d’en être exempt ? »

Cette simple phrase s’applique si bien à la situation actuelle !

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

Nous avons honteusement développé un capitalisme barbare qui exploite les trois-quarts de la population pour que d’autres puissent se déplacer en hélicoptère privé ; selon les économistes, au début de 2019, 26 personnes possédaient autant d’argent que 3.8 milliards des plus pauvres de notre terre. Et chaque jour, d'après les Nations Unies, 25000 personnes meurent de la faim dans le monde ! Toutes les six secondes, un enfant décède de la malnutrition et de ses conséquences ! Cette idéologie dévoyée du rendement a mis au chômage des milliers d’ouvriers et d’ouvrières, faisant fi de leur désespoir et de leur misère, pour aller faire fabriquer nos produits à l’autre bout de la planète. Et cela pour enrichir toujours les mêmes personnes.  

Enfin, pour mettre en œuvre ce dogme de la rentabilité, nous avons honteusement pillé et massacré la nature et ses créatures ; elle prend sa revanche et nous rappelle que nous sommes impuissants face à elle ; tout le monde a pu voir sur les réseaux sociaux le cerf se promenant dans une église en France, les marsouins folâtrant dans les canaux de Venise, l’ours visitant une station de téléphérique et les dauphins s’ébattant dans les eaux du centre-ville en Turquie, les crocodiles vautrés sur les plages touristiques au Mexique…

Photo du journal Hürriyet

Photo du journal Hürriyet

Cela fait des années que les écologistes tirent la sonnette d'alarme et prônent la décroissance en nous rappelant que si nous continuons notre mode de vie actuel, notre avenir sera fait d’incendies géants, d’inondations, de cataclysmes de toutes sortes induits par notre destruction systématique de la nature.

Et voilà que soudain, la décroissance s’impose à nous ! L’économie mondiale est à l’arrêt  pour un virus alors que notre arrogance nous avait fait oublier que cent ans auparavant, vingt millions de personnes avaient perdu la vie dans la pandémie de grippe espagnole… Les pays les plus développés vacillent, le riche devient pauvre, comme le dit Rousseau ! Et l’on a vu aussi que dans les populations sur nourries, certaines personnes sont prêtes à se bagarrer avec leurs congénères pour un simple pain !

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

Alors, demain ?

Si, après qu’on ait réussi à éradiquer le virus, on reprend notre vie « d’avant » comme si de rien n’était, si on continue à n’avoir pour ambition que de remplir nos chariots de supermarché de marchandises cancérigènes aux emballages polluants ou à se procurer des appareils issus des dernières technologies en s’empressant de jeter les autres, devenus démodés ;  si on continue à faire travailler, pour des salaires de misère, ceux qui ont porté la société à bout de bras en période de pandémie pendant que d’autres se hâteront de recommencer à les exploiter ; si l’on se remet à couper les forêts et à polluer toute la planète par les pesticides, les fongicides, les engrais, le transport aérien des marchandises,  si, si si… il n’est pas difficile d’imaginer la suite : la vie au XXI e siècle risque de se changer en cauchemar  pour ceux et celles qui auront survécu à la pandémie. Car la nature n’a pas dit son dernier mot, elle peut élaborer d’autres virus, d’autres catastrophes planétaires voire éradiquer notre espèce en quelques décennies…

Souhaitons que la crise du Covid-19 incite les états à une réflexion réaliste sur l’état de notre monde et à en tirer les conséquences pour métamorphoser la société en retournant aux valeurs fondamentales. Ce ne sera pas chose aisée, les oppresseurs et les grands financiers tenteront de reprendre la main.

L’éthique, nue et timide,  va devoir se frayer un passage dans les broussailles piquantes du lucre…

Souhaitons cependant qu’un nouvel humanisme supplante enfin la mentalité du profit et de la rentabilité à tout prix…

Souhaitons, souhaitons…

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

Mon autre blog : Littérature au Firmament

https://giselelitterature.blogspot.com/

Partager cet article
Repost0
25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 14:19

Lundi 9 mars 2020 : la « quatorzaine » pour les retours de l’étranger

Le ministre turc de la santé demande à tous ceux et celles qui reviennent de pays où sévit le Coronavirus de rester à la maison 14 jours... Ainsi, les voyageurs venus de France, Italie, Allemagne etc ne doivent plus sortir et s'ils y sont obligés, on leur demande de porter un masque...

En ce qui me concerne, sur les conseils de médecins qui nous envoient des vidéos par Whatsapp, je commence à appliquer les grandes mesures d’hygiène (en plus de celles que l’on entend répéter en France)  :  en revenant des courses, jeter tout de suite les emballages et laver au savon tout ce qui vient du dehors, bouteilles, packs, fruits etc ; en plus des mains, se laver aussi le visage quand on rentre ; faire attendre la salade verte dans de l’eau vinaigrée en recommençant l’opération plusieurs fois ; ne jamais entrer dans la maison avec les chaussures venant du dehors et passer son entrée à la javel ; désinfecter toutes les surfaces lisses des immeubles, portes d’ascenseur, poignées, boutons ; se désinfecter tout de suite les mains après avoir touché l’argent… La paranoïa a commencé…

Grand lavage des achats mais aussi du sac des courses, des gants, des clés et des cartes...

Grand lavage des achats mais aussi du sac des courses, des gants, des clés et des cartes...

Mardi 10 Mars 2020 : Annonce officielle du premier cas de Covid-19

Alors que l’Italie a appliqué la quarantaine au pays tout entier et que le Covid-19 galope en France, c’est aujourd’hui, 10 mars 2020, que la Turquie a annoncé officiellement son « premier » cas de contamination au Covid-19. Bien avant cette information, de nombreux Stambouliotes manifestaient déjà de l’inquiétude et on avait déjà vu fleurir masques et gants dans certains quartiers ( pas tous, il est vrai, dans d’autres, la vie se poursuit comme si de rien n’était…) Précisons qu’ici, on n’a jamais comparé le virus à la grippe mais qu’on l’appelle « Pneumonie virale », ce qui en change la perception ; les médecins conseillent d’annuler les sorties et demandent aux retraités de se confiner.

A Istanbul, les transports en commun et les lieux de culte sont désinfectés toute la nuit par des équipes municipales et 65 distributeurs de gel hydrosoluble ont été placés dans des stations de métro et bus.

Photo Internet

Comme ailleurs, certains ont commencé à faire des provisions de nourriture pour ne plus avoir à sortir, même si la ruée sur les marchandises est moindre qu’en Europe. Ce qui cause des files d’attente inhabituelles aux caisses des supermarchés, devant lesquelles les gens s’agglutinent, collés les uns contre les autres…

Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai passé au micro-onde le pain et les brioches que j’avais achetées à la boulangerie…

 Jeudi 12 mars 2020 : annonce de la fermeture des établissements scolaires à partir du 16

La  Turquie a décidé de fermer tous les établissements scolaires, de la maternelle au lycée, à partir de lundi 16.  Quant aux universités, elles ferment pour trois semaines. Il est déconseillé aux fonctionnaires turcs de voyager à l'étranger, les matchs se joueront sans public jusqu'à la fin avril et les musées nationaux ferment leurs portes.

Ce matin,  le pharmacien de mon quartier portait non seulement un masque mais aussi, par-dessus, une sorte de tour de tête en plexiglas transparent.  «  Vous ne vous rendez pas compte, des centaines de gens défilent dans mon magasin toute la journée… m’a-t-il répondu, comme je lui en faisais en plaisantant la remarque. Précisons que la pénurie de masques et de gel hydrosoluble n’existe pas pour le moment en Turquie, on trouve facilement à en acheter du moins en ce qui concerne les masques chirugicaux simples, les docteurs réclament plus de ffp2... A retour, j’ai encore savonné mon portable, mes clés et ma carte de crédit. Voyons voir combien de temps elle résistera aux séances de hammam…

Une photo d'avant ...

Une photo d'avant ...

Dimanche 15 mars 2020 : promenades sur les rives du Bosphore et départs vers les résidences secondaires

En dépit de toutes les recommandations de rester à la maison, de nombreuses personnes ont interprété la fermeture des écoles comme des vacances et se sont empressées de partir séjourner dans leurs résidences secondaires au bord de l’eau ou à la campagne. De plus, comme il faisait très beau, on a pu voir des milliers de Stambouliotes faisant fi des mises en garde et se promener en famille sur les rives du Bosphore ou de la mer de Marmara…

En ce qui me concerne, je suis moins contrariée que beaucoup de personnes par la nécessité de rester à la maison car je passe mon temps à écrire…

Les caricatures fleurissent sur les réseaux sociaux  et voilà ma préférée : à  l'époque ottomane, quand une jeune fille se promenait et qu'elle croisait le garçon qui lui plaisait, elle faisait semblant de laisser tomber son mouchoir par mégarde pour qu'il puisse le ramasser et faire connaissance avec elle... En voilà la version « coronavirus »…

Journal : à Istanbul pendant le Covid-19, 10-25 mars 2020

Lundi 16 mars 2020 : suppression des vols avec l’Europe et fermetures partielles des lieux publics

Comme en France, où a été décidé le confinement, la journée s’est caractérisée par l’annonce de mesures de restrictions, même s’il ne s’agit pas d’un confinement généralisé.

La Turquie, qui avait déjà interrompu presque tous ses vols avec l’Europe, a annoncé la fermeture momentanée à partir de minuit de nombreux établissements : cafés, cinémas, salles de concert, salles de noces, théâtres, tavernes, casinos, bars à bière, salles de jeu, cafétérias, salons à narguilé, jeux d'enfants fermés, piscines, salles de gym, hammams, saunas, stations thermales....  Les prières collectives des lieux de culte sont suspendues, y compris la prière du vendredi dans les mosquées. Pour le moment, magasins et restaurants restent ouverts, ceci dit, dans mon quartier, les rues sont vides, on voit bien que ce ne sont que les gens qui sont obligés d'aller travailler qui sont dehors. Pour ceux dont le travail est suspendu, garçons de café, employés de musée, etc, les jours où ils sont mis au repos seront déduits de leurs vacances annuelles…

Moi, en scaphandrier...

Ce matin, je suis sortie faire quelques courses avec mon masque et je ne l'ai regretté car un malotru m'a carrément « toussé dessus »… Dorénavant, si je dois absolument quitter la maison, ce sera le matin tôt ou le soir juste avant la fermeture des magasins. Avec mon époux, nous avions déjà pris la décision déjà de sortir le moins possible et il s’est mis en télétravail…

 

Journal : à Istanbul pendant le Covid-19, 10-25 mars 2020

Jeudi 19 mars 2020 : fermeture spontanée de nombreux magasins et ovations au personnel soignant

De nombreuses chaînes de magasins et centres commerciaux ont fermé leurs boutiques pour protéger le personnel. Seuls demeurent ouverts les supermarchés, épiceries et pharmacies. Ce soir, en Turquie, on dénombre 359 cas de Coronavirus et déjà 4 morts.

Dans mon quartier d'Istanbul, la vie s'est arrêtée ; ceux qui ont au village une maison de famille y sont partis; ceux qui ont une résidence secondaire (c'est très fréquent en Turquie, même dans la toute petite bourgeoisie, d'avoir un pied à terre acheté par les parents dans les années 90) s'y sont réfugiés aussi. Pas de piétons, peu de voitures, la ville qui d'ordinaire grouille de monde jour et nuit semble s'être endormie même si des amis me disent que ce n'est pas comme ça dans leur quartier... 

Pour la première fois, les habitants ont applaudi à neuf heures le personnel soignant.

 

Mon quartier vide, les voirures sont à l'arrêt

Mon quartier vide, les voirures sont à l'arrêt

Vendredi 20 mars 2020 : conseil de rester à la maison

Le président, dans une allocution, a  demandé de ne sortir qu’en cas de nécessité absolue, par exemple pour aller travailler, et de respecter la distance d’un mètre entre les personnes,  car 670 personnes ont été testées positives et on dénombre  9 décès.

Bien que je sois confinée, j’ai dû sortir aujourd’hui pour effectuer quelques courses. Dans mon quartier, de nombreux piétons portent un masque et des gants et caissiers-caissières de supermarché, livreurs etc ont aussi été équipés ; pas de pénurie, la fabrication est locale. Mais là encore, on me dit que ce n'est pas partout pareil...... 

En ce qui me concerne, je portais mon masque mais pas de gants. Alors que j’étais en train de payer en liquide, un monsieur placé derrière moi s’est écrié : «  Quelle imprudence, vous touchez de l’argent, ouvrez vite vos paumes ! » Et sortant de sa poche une bouteille de gel hydrosoluble, il m’en a copieusement arrosé les mains en me disant « frottez fort, frottez fort ! »

Finalement, ayant appris que le tout petit supermarché de ma rue livre, j’ai pris la décision de ne plus sortir du tout ; à partir de ce soir,  mon confinement est TOTAL… Chaque matin, nous effectuons rapidement une multitude de tours de notre appartement, on arrive à 1450 pas dans la maison… Puis, séance de gymnastique.

 

 

Légende : reste à la maison !

Légende : reste à la maison !

Samedi 21 mars 2020 : confinement obligatoire pour les plus de 65 ans

On compte aujourd’hui 947 cas de contamination et 12 morts en Turquie, ce qui porte à 21 le nombre des victimes depuis le 10 mars.

Les personnes de 65 ans et plus, ainsi que celles souffrant d’une maladie chronique, ont donc ordre de rester à la maison, et de ne plus aller se promener dans les parcs et jardins, sous peine d’une lourde amende. Pour leurs courses, elles peuvent se faire aider en appelant des numéros de téléphone dédiés, des équipes viendront à leur secours.

Cette mesure s’accompagne de nouvelles règles pour les funérailles, de la fermeture des coiffeurs et instituts de beauté, de l’interdiction des réunions dans les parcs et des pique-niques, de la suppression de nouvelles liaisons aériennes.

De nombreuses pharmacies ont adopté une solution locale pour protéger leur personnel : travailler derrière des bâches transparentes en tendant les médicaments par une petite fenêtre !

 

Photos copiées sur Internet
Photos copiées sur Internet

Photos copiées sur Internet

Lundi 23 mars 2020 : l’annonce d’un protocole de traitement venu de Chine

Les policiers ont bien du mal à faire appliquer le confinement des plus de 65 ans ; d’une part parce que certains travaillent et d’autre part parce que la mentalité locale est assez fataliste. Après les mises en injonction, on rappelle aux réfractaires la mesure prévue : les amendes !

La Chine a envoyé gratuitement à la Turquie deux millions de kits de dépistage ; en 1940, l’Académie de médecine fondée par Atatürk lui avait envoyé de l’aide lors d’une immense épidémie de choléra. Du coup, bien qu’Atatürk soit mort en 1938, le bruit court que la Chine aurait dit  « C’est Atatürk qui les a payés »…

Et ce soir, le ministre turc de la santé a annoncé que «  le traitement des malades avec un médicament venu de Chine » vient de commencer….

 

Mercredi 25 mars 2020 : les écoles resteront fermées jusqu’au 30 avril

D’après l’OMS, il y a aujourd’hui presque 340000 personnes infectées dans le monde et on a noté 14602 décès. En Turquie, le nombre des malades est de 1529 et on déplore 37 décès depuis le début. A moment où je termine cet article, le ministre de la santé vient d'annoncer que les écoles resteront fermées jusq'au 30 avril... 

Et les agriculteurs s’inquiètent car c’est le moment de planter et si on ne le fait pas, on n’aura plus de produits frais cet été…

A Istanbul, on discute d’un fait-divers infime mais qui fait couler beaucoup d’encre : un retraité qui se trouvait dans la rue s’est vu affubler de force d’un masque par des inconnus trop zélés et arroser d’eau de Cologne.

Finalement, beaucoup de Stambouliotes, même parmi ceux qui respectent les consignes, demeurent stoïques face à la situation.  «  On en a vu d’autres… » disent certains, des coups d’état, des séismes, des pénuries passagères, des coupures d'eau, d'électricité »…

S’ennuie-t-on ? Non, mon époux travaille sur son ordinateur, et pour moi, je peux écrire toute la journée… Mais nous avons bien conscience d’être chanceux, ayant atteint un âge où nous ne sommes pas contraints d’aller travailler ;  nous pensons sans cesse avec empathie à toux ceux et celles que cette épidémie va plonger dans la détresse financière et qui ont des enfants à charge ou des dettes à rembourser, que le destin leur vienne en aide ! Et nous pensons aussi avec gratitude au personnel soignant, qui se dévoue jusqu’à l’abnégation, aux livreurs, aux caissiers et caissières, ouvriers  ouvrières, bref, à tous ceux et celles qui permettent à la société de ne pas s’effondrer…

Journal : à Istanbul pendant le Covid-19, 10-25 mars 2020

 

Mon autre blog : Littérature au Firmament

https://giselelitterature.blogspot.com/

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 15:55

Cela faisait longtemps que je souhaitais rencontrer Monsieur Armand Oliviero, mémoire vivante de Tende, pour lui faire part de mon admiration au sujet de son livre Souvenirs de la Roya, paru en 2012 aux Editions du Cabri.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

En effet, cet extraordinaire livre-album comporte 600 documents et photographies concernant les familles, les activités et les fêtes des villages de Breil-sur-Roya, Saorge, Fontan, La Brigue, Tende et leurs hameaux. 

Photo ancienne de la collection Oliviero

Photo ancienne de la collection Oliviero

Cet ouvrage constitue une œuvre mémorielle unique pour sauvegarder le passé de la Vallée de la Roya, qui était jadis un axe de communication majeur entre la Provence et le Piémont.  Et il permettra aux amoureux de cette belle région parfois injustement oubliée d’en retrouver désormais dans les bibliothèques le souvenir.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Si ce livre a été rendu possible, c’est grâce aux archives et aux collections personnelles de Monsieur Oliviero. Brocanteur à l’origine, il a collecté avec passion durant une quarantaine d’années les souvenirs de la vallée, parvenant à regrouper environ 15000 objets et 10000 documents, qu’il expose dans son Musée d’Art populaire à Tende.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Notons aussi que fin 2017, pour commémorer le soixante-dixième anniversaire du  rattachement de Tende et La Brigue à la France, la ville de Menton a exposé 500 précieux documents de la collection d’Armand Oliviero, dont le travail a été couronné par la Médaille du Département en 2014.  

Photo Nice-Matin de l'Exposition sur le rattachement

C’est donc par une neigeuse journée de janvier 2020 qu’avec mon cousin, nous nous sommes rendus à Tende pour rencontrer ce personnage emblématique de la Roya.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »
Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Très sympathique et éloquent, Monsieur Oliviero nous a fait visiter son musée et surtout découvrir  d’anciens documents, photographies d’époque et cartes postales que nous avons examiné plusieurs heures avec le plus grand intérêt.

 

Souhaitons longue et heureuse vie à Monsieur Oliviero et à son œuvre…

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

On ne peut que rendre hommage à son travail de collectionneur hors du commun…

Et acheter vite le magnifique livre Souvenirs de la Roya avant qu'il ne soit épuisé...

La carte publicitaire de mon trisaïeul, Francesco Durero (1842.1906), marchand de bois à Tende, que j’ai pu acheter chez Monsieur Oliviero et dont je suis désormais l’heureuse propriétaire…

 

 

PS : Collectionneurs passionnés par la Vallée de la Roya, sachez que Monsieur Oliviero vend une partie de ses documents et cartes postales…

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d’Istanbul
  • : Bienvenue sur le blog de Gisèle, écrivaine vivant à Istanbul. Complément du site www.giseleistanbul.com, ce blog est destiné à faire partager, par des articles, reportages, extraits de romans ou autres types de textes, mon amour de la ville d’Istanbul, de la Turquie ou d'ailleurs...
  • Contact

Gisèle Durero-Koseoglu Blog 1

  • Gisèle Durero-Koseoglu Blog 2
  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion. Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...

Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

Recherche

Liste Des Articles

Pages + Türkçe Sayfaları