L'article que je viens d'écrire sur Carlos Gardel m'a fait penser à mon cher professeur d'accordéon... C'est pourquoi je republie cet article de 2014...
Monsieur Agop Setyan, qui nous a quittés en septembre 2014, était l’un des plus célèbres accordéonistes de Turquie.
Monsieur Agop en avril 2013, jouant sur un de mes accordéons. Ses accordéons personnels étaient un Scandalli et un Paolo Soprani.
Né le 10 octobre 1936, descendant d’une ancienne famille arménienne d’Istanbul, il a appris, dans son enfance, l’accordéon, avec un professeur hongrois résidant en Turquie, Citra Pandelli.
Puis, il a étudié le français dans une école franco-turque, le lycée Saint-Benoît, et les ritournelles de l’Hexagone n’avaient pas de secrets pour lui.
Devenu adulte, il s’est mis à travailler dans le commerce familial, mais bien vite, sa passion du piano à bretelles l’a emporté et il a décidé de consacrer sa vie à l’accordéon.
A la mort de Pandelli, il reprend la centaine d'élèves de son professeur.
Accordéoniste dans l’orchestre de l'Akdeniz, un paquebot reliant la Turquie à la France, il s’est ensuite produit dans toutes les ambassades d’Istanbul, ainsi qu’à la radio et à la télévision et a donné de nombreux concerts.
Marié et père de deux filles, Monsieur Agop était aussi professeur.
Plusieurs accordéonistes professionnels de Turquie ont été ses élèves.
Toujours bienveillant, il savait encourager l’apprentissage et confectionnait des partitions en fonction du niveau de ses élèves, si bien que ces derniers, au bout de quelques cours seulement, avaient la joie de pouvoir interpréter un petit morceau.
J’ai été l’élève de Monsieur Agop pendant de longues années et j’ai eu le bonheur, bien que dilettante à côté d’un virtuose, de pouvoir jouer avec lui à deux accordéons.
A partir de 2009, il a aussi enseigné l'accordéon à mon fils cadet, Erol, musicien, et nous avons alors souvent joué à trois accordéons.
Monsieur Agop a été mon père spirituel musical.
Sa curiosité sans bornes lui faisait sans cesse rechercher de nouveaux morceaux, si bien qu’il avait développé un répertoire sans limites : musique classique, tangos argentins, valses de Vienne, musette français, airs des Balkans, mélodies Kletzmer, jazz, musique turque.
Il avait cependant, une prédilection pour le tango.
Et sa fine connaissance de l’harmonie lui permettait de reconstituer et d’écrire, à main levée, toute la partition d’un morceau qu’il venait d’entendre.
Mon très cher professeur d’accordéon, Agop Setyan, repose en paix, toi, le virtuose du piano à bretelles.
C’est toi qui m’as appris l’accordéon, je ne t’oublierai jamais et je ne trouverai jamais assez de mots pour exprimer ma gratitude envers toi. (sur la photo, mon accordéon, désormais "orphelin"...)
Que les anges te protègent, là où tu es parti, et t’apportent toute l’affection de tes élèves en deuil.
En espérant que là-bas, aussi, tu joueras des tangos…
Ajout du 5 novembre : le numéro de novembre 2014 de la revue "Paros" a consacré un bel article, écrit par Öjeni Höllüksever, et intitulé "Une étoile de plus a disparu", à Agop Setyan.
J’ai été très émue en découvrant que la photo d’illustration de son travail de professeur d’accordéon était celle d’un cours avec moi, en 2003…
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