Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 avril 2021 4 15 /04 /avril /2021 10:51

L’évènement littéraire de ce début de printemps 2021 en Turquie est la sortie du roman d’Orhan Pamuk Veba Geceleri, soit, Les Nuits de la Peste (pas encore traduit en français).

Le célèbre écrivain a publié ces derniers jours une série de vidéos dans lesquelles il présente sa nouvelle œuvre à ses lecteurs. C’est pourquoi j’ai écrit cette petite synthèse de ses commentaires pour ceux et celles de ses lecteurs qui ne parlent pas le turc…

Cet article a été publié dans Le Petit Journal d'Istanbul le 28 avril 2021...

https://lepetitjournal.com/istanbul/actualites/decouvrez-les-nuits-de-la-peste-le-nouveau-roman-dorhan-pamuk-303986

Les Nuits de la Peste, nouveau roman d'Orhan Pamuk

Un roman sur une épidémie de peste

Il se passe dans l’île ottomane imaginaire de  Minger, en 1901, dont la population est moitié musulmane, moitié chrétienne, lors d’une épidémie de peste appelée « la troisième pandémie de peste ».  Orhan Pamuk a voulu relier des événements historiques réels à des héros nés de son imagination. A partir de la deuxième moitié du roman, dit-il, le roman prend des allures de conte… Orhan Pamuk définit son œuvre comme un roman d’amour, un roman policier et un roman historique. Il pense qu’à ce titre, il offre un dernier panorama de l’Empire ottoman.

Des héros imaginaires

Tous les héros du roman sont imaginaires et le romancier crée trois couples emblématiques de son histoire :

-Le préfet de l’île de Minger, Salih Pacha et sa maîtresse cachée Marika.

-Le jeune officier Kamil natif de l’île, qui est tombé amoureux de Zeynep et souhaite l’épouser.

-La sultane Pakize, troisième fille du sultan Murat V, enfermé au palais de Ciragan ; elle est mariée avec le spécialiste des quarantaines, le docteur Nuri , que le sultan Abdulhamit II, qui est aussi un des héros du roman (réel, celui-là), envoie sur l’île de Minger pour combattre la peste.

Orhan Pamuk explique qu’au-delà des faits de l’épidémie, son souci était de traduire le monde sentimental et spirituel des héros face à la pandémie. Car la force de l’amour va parfois se trouver en butte à la peur de la mort qui va être plus forte que le romantisme...

 Les conditions d’écriture du roman : une pandémie survient alors qu’il était en train de décrire une pandémie !

« Ce que j’ai écrit dans mon roman était devenu vrai… »

Ce roman, auquel il pensait depuis quarante ans, lui a demandé cinq ans de travail. Il explique que lorsqu’il a commencé le livre, tout le monde lui demandait pourquoi il avait choisi ce sujet puisque les épidémies appartenaient au passé ; il répondait que l’on pouvait trouver des similitudes avec le monde moderne dans  la coercition exercée par les pachas pour imposer la quarantaine. Puis, l’apparition de la pandémie de Covid-19 l’a bouleversé ! Il travaillait depuis plus de trois ans sur un sujet qui lui était propre et soudain, le sujet lui échappait et devenait celui de tout le monde. Il s’est alors vite rendu compte que la pandémie de Covid-19 renvoyait aux mêmes angoisses que celles qu’il décrivait dans son roman, comme les doutes sur l’origine de la maladie, la peur de la mort, le confinement forcé, le couvre-feu, les hôpitaux et les cimetières débordés… et il a donc retravaillé son roman en fonction de cette nouvelle expérience…

Les Nuits de la Peste, nouveau roman d'Orhan Pamuk

Ce que la pandémie de Coronavirus a apporté à son roman

Tout le monde lui a posé la question :

-Est-ce que l’épidémie de Coronavirus t’a appris quelque chose ?

-Oui, a-t-il répondu, la peur, la peur de la mort !

« J’avais compris cette peur en lisant les livres mais je ne l’avais pas vraiment imaginée. Car on n’apprend pas la peur de mourir dans une épidémie dans les livres… A cause de cela, j’ai terminé le roman dans l’émotion et l’urgence », explique-t-il.

 

Les Nuits de la Peste, nouveau roman d'Orhan Pamuk

Une immense recherche documentaire

Le grand écrivain qualifie la multitude de recherches qu’il a dû effectuer par la métaphore de « creuser un puits avec une aiguille ». Il a consulté des livres d’histoire, de science, des brochures, des journaux de cette époque. Il explique qu’il a acquis des connaissances « encyclopédiques » sur les efforts de modernisation de l’Empire ottoman dans ses institutions, en parlant de sujets peu connus, la pharmacie, le fonctionnement des anciens hôpitaux, postes, prisons, forteresses. Il y analyse aussi les relations entre deux frères qui ont chacun été sultan,  Murat V et Abdülhamid II, qui au début s’entendent mais ensuite deviennent ennemis, l’un tenté par la modernisation, l’autre par le conservatisme.

Orhan Pamuk a aussi consulté d’anciennes photos et cartes postales. Rappelant que dan sa jeunesse, il voulait devenir peintre, ce roman lui a donné l’occasion de faire de multiples dessins, celui de la couverture et d’autres qu’il utilise dans ses vidéos.

Les Nuits de la Peste, nouveau roman d'Orhan Pamuk

Que peut-on observer de semblable ou de différent dans les pandémies ?

Au final, quelle que soit l’époque et le lieu, les réactions du peuple face à l’épidémie sont semblables. D’abord les états n’acceptent pas et nient, et pendant ce temps, l’épidémie s’est répandue ; ensuite, se répandent les rumeurs, les commérages, les accusations, les soupçons des complotistes ; les états se replient sur eux-mêmes et favorisent la nationalisme ; puis, les commerçants se dressent contre le confinement qui ruine leurs affaires et éclatent des émeutes contre les quarantaines, si bien que le pouvoir devient de plus en plus autoritaires et répressif . Mais bien sûr, la grande différence est qu’une personne sur trois mourait de la peste , les médecins ne tentaient que de soulager les douleurs alors que la plupart des gens qui attrapent le Covid 19 s’en sortent. Mais la peur est commune. C’est parce que les gens ont peur qu’ils obéissent aux ordres de confinement. D’ailleurs, Orhan Pamuk plaisante en conseillant pas aux lecteurs de lire son livre la nuit car d’un certain côté, c’est un roman d’épouvante !

Les Nuits de la Peste, nouveau roman d'Orhan Pamuk

Le livre renferme-t-il des allusions politiques ?

Citation résumée : « Je  n’ai pas hésité à faire des renvois à la politique d’aujourd’hui mais le  but d’un roman sur lequel vous avez réfléchi pendant 40 ans ne peut pas être de critiquer le gouvernement du moment ! » commente-t-il .Certes, il est possible que sur la colère contre le pouvoir à cause du couvre-feu, le nationalisme, la laïcité, l’islam politique, la liberté d’expression, les minorités, on puisse trouver des ressemblances avec la situation d’aujourd’hui mais ce n’est pas le but du roman… »

*

On attend avec impatience la traduction en français. Il ne fait aucun doute que le roman Les Nuits de la Peste s’annonce comme un chef-d’œuvre et qu’il se rangera dans les grands classiques utilisant l’épidémie comme allégorie, comme La Peste de Camus, le Hussard sur le toit, de Giono ou Némésis, de Philipp Roth…

 

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 15:18
« Une impression étrange dans ma tête », le nouveau roman d’Orhan Pamuk

L’événement littéraire du mois de décembre en Turquie est la sortie du nouveau roman d’Orhan Pamuk, grand romancier turc, lauréat du  Prix Nobel de littérature en 2006.

L’événement littéraire du mois de décembre en Turquie est la sortie du nouveau roman d’Orhan Pamuk, grand romancier turc, lauréat du  Prix Nobel de littérature en 2006.

Le titre en turc est, Kafamda bir tuhaflık, ce que l’on peut traduire par :

 

Une impression étrange dans ma tête

Une impression bizarre dans ma tête

Quelque chose d’étrange dans ma tête

Une chose étrange dans ma tête

Une étrangeté dans ma tête

 

Il me semble que les quatre premiers sont les meilleurs pour rendre au plus juste ce que dit le turc, le dernier passant mal en français. On verra quel titre choisira la maison Gallimard, qui édite en français les œuvres d’Orhan Pamuk.

L’autre événement était la séance de  dédicace organisée dans la librairie Yapi Kredi, à Istiklal Caddesi, par l’éditeur de Pamuk, les Editions Yapi Kredi ; événement, car Orhan Pamuk ne fait presque jamais de dédicaces en Turquie.

Photo du Journal Hurriyet

Photo du Journal Hurriyet

La séance était prévue à 14H30 mais dès 13H, des files d’admirateurs s’étaient formées devant la librairie pour faire dédicacer le livre.

Photo copiée sur le site du Journal Hurriyet

Photo copiée sur le site du Journal Hurriyet

Combien de livres Orhan Pamuk a-t-il dédicacé en l’espace de deux ou trois heures ? Autant qu’il est possible d’en signer à la chaîne… Il y avait tellement de monde qu’il avait émis le souhait que ses lecteurs ne lui demandent pas d’écrire leur prénom…

En ce qui me concerne, j’aurais bien voulu le photographier en train de dédicacer le livre mais c’était impossible, vu la foule… C'est pour cela que j’ai pris les photos du journal Hurriyet…. 

 

Le roman raconte l’histoire de Mevlut, un vendeur de « boza », cette boisson turque confectionnée à base de céréales fermentées ; plus généralement, il met en scène les habitants d'Istanbul entre 1969 et aujourd'hui…

Je vous en dirai plus lorsque que je l’aurai lu...

Affiche d'annonce de la dédicace d'Orhan Pamuk

Affiche d'annonce de la dédicace d'Orhan Pamuk

« Une impression étrange dans ma tête », le nouveau roman d’Orhan Pamuk

Mine Sarikaya, des Editions GiTa, avec le livre dédicacé d'Orhan Pamuk...

« Une impression étrange dans ma tête », le nouveau roman d’Orhan Pamuk

J'emporte aussi mes deux livres dédicacés ; bon, dès ce soir, je commence ma lecture... en turc !

Partager cet article
Repost0
22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 13:18

Il est certain qu’Orhan Pamuk n’était pas venu donner des recettes mais plutôt faire part de es impressions sur le sujet et aussi de son expérience, puisqu’il a expliqué qu’après avoir passé toute la première partie de sa vie à écrire, il a commencé, il y a huit ans, à donner des cours de littérature à l’Université de Columbia.  

Photo copiée sur le site du Lycée Sainte-Pulchérie

Photo copiée sur le site du Lycée Sainte-Pulchérie

Je vous livre donc quelques unes des notes que j’ai pu prendre lors de son intervention en turc, il ne s’agit pas d’une traduction exhaustive mot à mot mais plutôt d’un résumé des idées qu’il a exposées.

Sur les professeurs

« Je vais parler du fond du cœur. Il y a des professeurs qui influencent une dizaine de classes, c’est ce que j’espère être lorsque  j’exerce le métier de professeur. »

Orhan Pamuk explique que, depuis huit ans, à Columbia, il fait ses cours avec les livres qu’il aime. Il fait beaucoup de préparations et tente de faire partager ce qu’il a éprouvé. Selon lui, le professeur doit parler d’un livre qu’il aime et a lu plusieurs fois.

La littérature ne doit jamais être employée comme un moyen de sélection pour séparer les bons des mauvais élèves.  C’est trop souvent le cas, on donne un livre à lire et celui qui ne l’a pas lu va échouer ou redoubler. De plus, on a souvent le tort de dérouler l’histoire de la littérature depuis le début et quand on arrive vers la fin de l’année scolaire, on n’a plus de temps de lire les modernes, le semestre est fini. On peut très bien commencer par Sait Faik Abasiyanik pour éveiller le plaisir de la littérature. Orhan Pamuk précise qu’aucun professeur ne lui a donné le goût de la littérature.

Orhan Pamuk ne croit pas que le goût de lire soit  vraiment en baisse. Il précise que lorsque la télévision est sortie, on a prophétisé la mort du livre ; pourtant, il y a encore des gens qui lisent. Selon lui, rien n’a vraiment changé ; il y a toujours eu des personnes qui aimaient lire et d’autres pas. Dans n’importe quelle classe, il y a toujours au moins trois élèves qui aiment les livres ; si le professeur arrive à faire passer son amour de la littérature, ce chiffre peut monter jusqu’à treize. Il ne faut pas se fâcher si un élève jette le livre ; il y aura toujours des lecteurs, n’y en ait-il que deux ou trois sur cinquante.

Pour faire lire, il faut susciter chez l’élève l’envie du livre (kitap ozlemi)

Ce qui fait lire

Ce qui nous motive au départ, c’est l’envie ; de même que vous pouvez très bien ne pas vous intéresser à une fille et soudain tomber amoureux d’elle parce qu’un autre homme l’admire. On lit par envie du livre.

Il raconte aussi que, lorsqu’il était enfant, son père, grand lecteur, l’appelait parfois pour lui lire une phrase qu’il avait aimée ; par la magie de ces phrases, il comprenait alors que la vie serait plus intéressante et plus profonde avec les livres ; cela lui apprenait que la vie vaudrait d’être vécue s’il y avait des symboles, des dessins, des phrases pour ne pas sombrer dans la monotonie.

Ce qui fait écrire

Grand lecteur de Flaubert, Orhan Pamuk définit la passion de l’écriture avec des mots rappelant ceux de « l’Ermite de Croisset » :

Etre là et en même temps, avoir l’impression qu’on n’est pas exactement à sa place. Sentir qu’on ne correspond pas exactement à l’endroit où l’on est. Dehors, il y a le monde mais il y a aussi une sorte de tourment (en turc : huzursuzluk) dans votre tête.

L’art et la littérature sont le signe d’une mésentente avec le monde dans lequel on vit.

C’est comme si on était assis sur une épine ; la littérature travaille sur cette épine.

Pour qui écrit-il ?

Il écrit pour  un lecteur idéal qui correspondrait au jeune qu’il a été, révolté, qui ne sait pas exactement ce qu’il veut faire mais qui a aussi faim de sens et d’art. Il précise que pour lui, il est important qu’un jeune d’aujourd’hui, avec ses interrogations et ses états d’âme, lise ses livres.

Qu’est-ce qu’un livre ?

Il existe des romanciers qui écrivent d’une traite, qui ne se posent pas trop de questions, et d’autres qui accomplissent de longs travaux. Il y a donc les « naïfs », les inspirés, comme Schiller et il y a aussi les « tourmentés » (ou calculateur, « hesapli » en turc), ceux qui sont dévorés par le doute et qui prennent du recul, repassent, réécrivent. Un romancier doit être en même temps naïf et calculateur.

Le livre doit-il correspondre à son époque ? Bien sûr, on peut se révolter contre une situation politique mais les colères politiques sont toujours les mêmes. Kafka est devenu célèbre uniquement en raison de la transcription de son monde intérieur.

Un roman, ce n’est pas seulement une anecdote, une histoire. C’est surtout une façon de raconter. Il y a des écrivains qu’on ne lit que pour leur style, quel que soit leur sujet.

Partager cet article
Repost0
22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 14:24

"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?", demandait Lamartine.

C’est la réponse à cette question que l’on peut rechercher dans un des lieux les plus insolites du quartier des antiquaires et brocanteurs à Çukurcuma, le fameux Musée de l’Innocence, crée l’an dernier par l’écrivain Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006.

Orhan Pamuk dans son musée, crédit photo Internet

Orhan Pamuk dans son musée, crédit photo Internet

Dans cette ancienne maison typique de l'endroit, Orhan Pamuk a réuni une immense collection d’objets des années 1960 à 1980 environ.

Istanbul : le Musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk

L’originalité de ce musée ? Il constitue la face matérielle du roman Le Musée de l’innocence, une histoire d’amour déjantée et géniale, où le narrateur collectionne tous les objets ayant appartenu à l’univers de la femme qu’il aime….

Jusqu’aux 4213 mégots des cigarettes qu’elle a fumées, illustrés chacun par une phrase du roman et exposés au rez-de-chaussée dans une monumentale vitrine.

Les 83 vitrines du musée portent le nom de chacun des 83 chapitres du livre et contiennent des objets dont on parle dans le passage concerné.

Couverture du roman en turc

Couverture du roman en turc

Istanbul : le Musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk

"J'ai écrit le roman tout en collectionnant les objets que je décris dans le livre… Le musée n'est pas une illustration du roman, et le roman n'est pas une explication du musée, tous deux sont intimement liés". (Orhan Pamuk)

Quelles sont donc les vitrines qui m’ont le plus intéressé dans cet univers proustien ou plutôt « pamukien » ?

Vitrine 2 : « La boutique Şanzelize », contenant un sac de femme portant l’inscription « Jenny Colon » (on ne peut s’empêcher de penser à la Jenny Colon de Gérard de Nerval… ), une ceinture et une chaussure jaune d’or. Dans le roman, le narrateur entre dans la boutique et demande à acheter le « sac à main Jenny Colon couleur crème ». Puis, il découvre celle dont il va tomber amoureux, Füsun, qui porte une « chaussure jaune à talon »…

Vitrine 9 : « F », qui expose des objets disparates comme un vieux transistor, des réveils, une flûte, coincés par des boulons sous les ressorts de métal d’un lit en fer… Ces choses représenteraient-elles l’impossibilité de comprendre la femme aimée ou d’être compris par elle ?

Vitrine 16 : « Jalousie », qui explique en turc « Les emplacements du chagrin d’amour dans le corps humain » et qui montre un mannequin de femme aux entrailles ouvertes et au cœur brisé, de façon à établir un lien entre la souffrance amoureuse et certains endroits du corps.

Photo que j'ai scannée sur le livre

Photo que j'ai scannée sur le livre

Istanbul : le Musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk

Vitrine 29 : « Il ne se passe plus une minute sans que je pense à elle », qui comporte une étrange machine que je n’ai pas pu identifier mais dont la forme mystérieuse s’accorde parfaitement aux affres du chagrin d’amour.

Vitrine 32 : « Ombres et fantômes de Füsun », qui réunit une multitude d’anciennes photos sur lesquelles on distingue une silhouette de femme qu’à chaque fois, le narrateur a pris de loin pour la femme aimée...

Vitrine 42 : « Mélancolie d’automne », qui présente, sur fond de promenade en barque sur le Bosphore, un yali, des verres de raki, un vieux radiateur électrique, des robinets anciens et évoque la nostalgie de l’ancien Istanbul…

Vitrine 53 : « La bouderie et la souffrance d’un cœur brisé ne sont d’aucune utilité à personne », qui présente un cœur coupé en deux dont le sang est symbolisé par un ruban rouge.

Vitrine 54 : « Le temps », qui nous explique que « le bonheur ne consiste qu’à être près de la personne qu’on aime »

Vitrine 64 : « Incendie sur le Bosphore », qui nous fait imaginer des gens attablés en train de manger au bord de l’eau et qui soudain, assistent, surpris, à l’incendie d’un yali qui brûle au loin…

A la fin, plusieurs vitrines contenant des rideaux rouges d’anciens théâtres et cinémas commémorent le souvenir de lieux disparus de Beyoğlu…

Istanbul : le Musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk

"Le but de la littérature et de l’art est de rendre inhabituelles et étranges les choses les plus familières." (Orhan Pamuk)

Ps : J’ai utilisé pour les citations l’édition française du roman Le Musée de l’Innocence, Gallimard, traduction de Valérie Gay-Aksoy

Istanbul : le Musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk

Pour moi, fanatique de maisons d’écrivains et autres lieux de littérature, ce musée, carte de Tendre des objets ou promenade dans la géographie du cœur d’un créateur, me touche par son “surréalisme raisonné”.

Il fait désormais partie des grandes étapes littéraires de la ville d’Istanbul…

Partager cet article
Repost0
22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 14:49

Le célèbre romancier turc Orhan Pamuk s’est une fois de plus identifié à Gustave Flaubert en faisant cette très savoureuse déclaration au journal italien La Repubblica :

 

«  J’étais  l’idiot de la famille mais après, j’ai gagné le Nobel »

 orhan-pamuk.jpg

 

Se référant à la fameuse biographie écrite par Jean-Paul Sartre sur Gustave Flaubert et intitulée L’Idiot de la famille, Orhan Pamuk a comparé sa situation familiale d’antan à celle de Flaubert ; en effet,  le frère aîné de Flaubert était un médecin connu alors que Gustave était un jeune homme maladif, pas très enclin à se faire une situation sociale. Orhan Pamuk a donc expliqué que dans une famille classique turque, on attend toujours que le fils aîné prenne des responsabilités, fasse de brillantes études et  accède à une carrière socialement reconnue, par exemple celle d’ingénieur. Mais on n’en demande pas tant au fils cadet.

 

pamuk-2cf7d.jpg

 Orhan Pamuk à Paris, en octobre 2012, recevant la Légion d'Honneur des mains de la Ministre de la Culture

 

«  Quand on allait quelque part, pendant que mon frère aîné cherchait le chemin, moi, je musardais, je faisais les vitrines, je rêvais. Il y a des désavantages à être le cadet mais aussi des avantages. Le second mûrit plus tard. »

 

« L’imagination vous fait agir mais elle ne vous aide pas à devenir une personne sociale. Parfois, on apprend certaines choses à six ans mais moi, j’ai soixante ans et je suis comme je suis. Mon  frère aîné est un être social et moi, je suis resté asocial. »

 

fft16_mf979760.jpg

 Orhan Pamuk dans son Musée de l'Innocence, à Istanbul, photo du journal Radikal

 

A la question lui demandant ce qu’il est en train de faire, Orhan Pamuk a répondu :

« Je suis en plein milieu d’un nouveau roman. … Le Prix Nobel n’a pas émoussé ma volonté d’écrire, au contraire, je continue à travailler assidûment. S’il me reste moins de temps à vivre,  il me reste néanmoins beaucoup de choses à écrire ».

 

Espérons que la fulgurante phrase d’Orhan Pamuk redonne espoir à tous ceux (et celles) que leur entourage considère comme l’idiot de la famille !

 

 

Partager cet article
Repost0
3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 22:31

Cette semaine se tient au Lycée Notre Dame de Sion, à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Rousseau, le colloque littéraire “Rousseau et la Turquie”, organisé par Martin Stern et  Rémy Hildebrand.

Image--33--copie-1.jpg

 L’exposition, inaugurée ce soir, est l’occasion pour les passionnés de Rousseau de découvrir des pièces inédites. Ce que j’ai personnellement le plus aimé ? Des manuscrits de Rousseau, en particulier celui du Contrat social et de La Profession de foi du Vicaire savoyard, qui permettent d'admirer la belle écriture de Jean-Jacques ; des gravures, des partitions mais surtout, un recueil de chansons composées par Rousseau et intitulé : Les Consolations des misères de ma vie ou recueil de romances !  

SAM_1085.JPG

Et un portrait d’Atatürk en train de lire Le Contrat social.

SAM_1094.JPG

Pour ceux qui l’ignorent encore, précisons que Le Devin du village, opéra de Jean-Jacques, sera joué à Notre-Dame de Sion le jeudi 10 mai et que  le jeudi 31 mai aura lieu un spectacle de récitation de textes  sur de  la musique de Rousseau.

Le Musée de l’Innocence, d'Orhan Pamuk, a ouvert ses portes à Çukurcuma. Je ne manquerai pas de vous en donner bientôt un compte-rendu…

Hurriyet-14-avril-2012.jpg

 Photo du quotidien Hürriyet

Mon coup de foudre du mois, les tableaux du peintre orientaliste Emile Eisman Semenovsky : 

eisman-semenowsky-8.jpg

Une quatrième édition en turc pour La Sultane Mahpéri, et une nouvelle couverture :

Nouvelle édition d'octobre 2011 en français :

mh-11-07-25-01-on.jpg

Nouvelle édition mai 2012 en turc mais avec deux couvertures, en fonction des endroits de distribution : la couverture "seldjoukide" (identique à celle de l'édition en français) pour les amateurs d'authenticité et la couverture ci-dessous,  considérée "grand public" :

mh_tr_12_05_02_01-1--4-bas-m.jpg 

 Les amateurs de “Turqueries” apprécieront le rococo  de ces meubles vus chez un brocanteur. “Vendus”. Qui donc a acheté cette colossale salle à manger aux fauteuils de sultan ? le propriéaire d’un yali ?

SAM_1075.JPG

Les éditions Everest n'ont pas lésiné sur la réclame du dernier livre d'Ahmet Ümit. Cette publicité flotte comme un immense drapeau au-dessus de Rumeli Caddesi, une des rues les plus fameuses du quartier de Nişantaşı :

SAM_1097.JPG

 Et pour finir, un supporter "pur et dur" de l’équipe de  Galatasaray, le gardien des lavabos d'un village de brocanteurs : “ Les toilettes = 50 centimes mais pour les partisans de Fenerbahçe, une lira !”

SAM_1069.JPG

           

Partager cet article
Repost0
24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 23:00

      Mon rêve du jour : des chaises en attente

            Cette photo, je l’ai prise à Tarabya, le lendemain de la neige. Elle me fait rêver.  Chaque fois que je la regarde, j’ai envie d’écrire… Ah ! Quelle nouvelle on pourrait imaginer à partir de ces sièges enneigés !

 SAM_0312.JPG

       Mon accordéon du jour

hiver-2011-2012 0006

Une séance de musique à trois accordéons avec mon cher professeur Hagop Setyan (à gauche) et mon fils Erol…. Deux « chefs » et au milieu, « le petit mitron » (moi)…

       Ma chronique littéraire du jour

Quand les muses des écrivains se prennent pour Némésis... Les actualités littéraires de cette semaine en Turquie sombrent dans les commérages de bas étage avec les révélations fracassantes d’une dame peintre, qui se dit ancienne « amie » du grand écrivain et prix Nobel de littérature (2006) Orhan Pamuk, et jette en pâture aux journalistes ses souvenirs intimes.
         Voilà qui m’agace : si le monsieur avait été le menuisier du coin, est-ce que la dame aurait ameuté l’opinion publique ? Ceux ou celles qui tentent de profiter de la gloire d’un écrivain pour se rendre célèbres me semblent bien pitoyables !
  

Nobel

  Orhan Pamuk recevant le Nobel, photo Internet

Bon, ce ne sera pas la première fois qu’un grand écrivain devient la cible d’une femme dépitée. Dans ce cas précis, je ne peux m’empêcher de comparer, une fois de plus, Orhan Pamuk à Flaubert (Rappelons au passage qu’Orhan Pamuk avait déclaré à Rouen, en 2009, « Monsieur Flaubert, c’est moi ! »).  

RouenOrhan Pamuk, Docteur Honoris causa de l'université de Rouen en 2009, photo Internet 

En effet, abandonnée par « l’homme-plume », Louise Colet se vengea de Flaubert en écrivant le roman Lui, où elle dressait son portrait-charge en le mettant en scène sous les traits de Léonce, un écrivain égoïste, avare, incapable d’aimer. Mais il y a une grande différence entre les deux anecdotes : Louise Colet avait du talent et sa vengeance avait un certain panache ! dag

Flaubert sur un daguerréotype, à 27 ans, document Internet

louise 4Louise Colet

Ceci dit, on se souvient de Flaubert et bien peu de Louise (que personnellement, j’adore, on le sait, mais pas sur ce sujet…) Morale de l’histoire : les œuvres des grands écrivains restent mais les turpitudes de leurs détracteurs s’envolent ! Gageons qu’Orhan Pamuk pourra plaisanter de cette histoire en disant comme Flaubert : « Voilà ce que c’est que d’avoir coïté avec des Muses ! » ( Lettre à Ernest Feydeau » du 12 novembre 1859).

 

             Mon éditeur préféré 

       Mon fils Aksel dans l'antre à livres des Editions GiTa. Aksel Köseoglu est l'éditeur de Tango Galata, Badem Şekeri, de la nouvelle édition de La Sultane Mahpéri et, en tant que responsable de la collection "Istanbul de Jadis", du beau livre de Marc Hélys, Le Jardin fermé. Il sera bientot celui de Janus Istanbul...  Ah, mis à part les professionnels, qui peut imaginer combien d'heures de travail sont nécessaires pour éditer un livre...  

SAM_0337-copie-1.JPG 

   Ma photo du jour

Elle fut réalisée par un des plus célèbres photographes d’Istanbul, Andriomenos, vers 1880.  Né en 1851, Nicolas Andriomenos apprit la photographie chez les Frères Abdullah. En 1879, il ouvre sur la place de Beyazit un studio dans lequel viendront se faire photographier les célébrités de l’époque. En 1909, il déménage au 162 de la Grande Rue de Péra où il exercera son art jusqu’à sa mort, en 1929.  Qui était donc ce joli petit garçon sur la photo « carte de visite » ? En quelles circonstances l’avait-on amené chez Andriomenos ? 

Andriomenos-copie-1.jpg

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d’Istanbul
  • : Bienvenue sur le blog de Gisèle, écrivaine vivant à Istanbul. Complément du site www.giseleistanbul.com, ce blog est destiné à faire partager, par des articles, reportages, extraits de romans ou autres types de textes, mon amour de la ville d’Istanbul, de la Turquie ou d'ailleurs...
  • Contact

Gisèle Durero-Koseoglu Blog 1

  • Gisèle Durero-Koseoglu Blog 2
  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion. Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...

Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

Recherche

Liste Des Articles

Pages + Türkçe Sayfaları