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19 avril 2023 3 19 /04 /avril /2023 09:24

Article publié dans Le Petit Journal d'Istanbul du 09.03.2023

À la découverte des sept collines d’Istanbul

Les sept collines d’Istanbul

 

La péninsule historique de la ville d’Istanbul fut, comme Rome, construite sur sept collines. À l’origine divisée en deux, à l’instar du Tibre, par la rivière Lycus, elle comptait sept buttes  tournées vers la Marmara ou la Corne d’Or, arasées au fil des siècles, bien que l’on puisse encore en deviner l’existence par les pentes et dénivelés. De nombreux changements ayant été effectués dans le temps, il n’est pas toujours aisé de reconstituer la typographie byzantine des « régions » de la cité, par comparaison avec celle de l’époque ottomane, en attribuant à chaque sommet ses constructions d’origine ; c’est ce que j’ai tenté de faire en consultant les écrits des spécialistes, mais le sujet ayant peu de sources détaillées pour les périodes les plus anciennes, qu’on me pardonne une éventuelle approximation de géographie…

À la découverte des sept collines d’Istanbul (1)

La première colline d’Istanbul : Sarayburnu

 

Comme la ville de Rome a débuté sur le mont Palatin, c’est, selon Eusèbe de Césarée,  sur la colline de la Pointe du Sérail, qui porte aujourd’hui le nom de « Sarayburnu », haute de trente mètres, que, selon la légende, Byzas, fils de Poséidon et Céroessa, fonda, au VIIème siècle, la cité de Byzance. A partir du premier siècle, la cité grecque tomba sous la domination de Rome et lorsqu’en 324, Constantin se mit à régner seul, il ordonna à ses architectes de transformer la ville délabrée par les guerres en capitale impériale, jusqu’à l’investiture officielle, le 11 mai 330, de Constantinople comme « Nouvelle Rome », la capitale de l’Empire romain. C’est donc sur cette première colline que seront élevés une multitude d’édifices, le Grand Palais impérial, Sainte-Irène et Sainte-Sophie, l’hippodrome et le temple abritant la borne du Million, qui, à l’instar du Milliaire de Rome, servait de point de départ pour calculer toutes les distances.

Sainte-Sophie

On y trouvait, de plus, les citernes destinées à pourvoir la ville en eau, comme la Citerne-Basilique (Yerabatan, dont l’emplacement est parfois attribué à la deuxième colline) et celle de Philoxenos ( Binbirdirek).

Citerne de Philoxenos

Lorsque Mehmet le Conquérant prit la ville en 1453, nouveau « César des Romains », il poursuivit la tradition en entamant, en 1462, la construction du palais de Topkapi sur la Pointe du Sérail. Au XVIIe siècle, le sultan Ahmed 1er édifiera, face à Sainte-Sophie, la célèbre mosquée portant son nom, surnommée « la Mosquée bleue » par référence à ses carreaux de faïence et pourvue de six minarets.

 

La deuxième colline d’Istanbul : Çemberlitaş

 

La deuxième colline d’Istanbul, celle de Çemberlitaş, plus haute de dix mètres que la précédente, était celle du Forum de Constantin, qui y fit ériger sa statue, couronnant une colonne de porphyre rouge venue du temple d’Apollon de Rome, aujourd’hui appelée la « Colonne de Çemberlitaş » ou « Colonne brûlée », suite à un incendie qui l’endommagea.

Elle comportait aussi la citerne de Théodose (Şerefiye), où se déroulent actuellement des spectacles d’animation lumineuse. C’est là aussi que se trouve le Grand Bazar, à l’entrée duquel les Ottomans, construisirent, au XVIIIe siècle, la mosquée de Nuruosmaniye, la première en style baroque. Au pied de la colline se tiennent la Mosquée Nouvelle et le Marché Egyptien.

 

La troisième colline d’Istanbul : Bayezid

 

La troisième colline, haute de cinquante mètres, est celle de Bayezid. A côté de l’emplacement correspondant à l’ancien Forum de Théodose, dont subsistent encore des colonnes brisées, fut édifiée, en 1506, la mosquée de Bayezid, et en 1846, l’université d’Istanbul, la plus ancienne de l’Empire ottoman, reconnaissable à son monumental portail d’entrée.

Vestiges du Forum de Théodose

Chez les Byzantins, se situait sur cette colline l’église Theotokos Kyriotissa, datant des IX et Xe siècles, celle de « la Mère de Dieu assise sur son trône », devenue mosquée Kalenderhane, qui a conservé des marbres colorés d’époque. Aujourd’hui, le lieu est souvent appelé aussi « Colline de Süleymaniye », car c’est à son sommet que se dresse, visible de loin, la merveilleuse mosquée de Soliman le Magnifique, terminée en 1557 par l’architecte Sinan.

 

À la découverte des sept collines d’Istanbul (1)

La quatrième colline d’Istanbul : Fatih

La quatrième colline, celle de Fatih, est, comme la première, particulièrement riche en édifices historiques de plusieurs époques. En effet, chez les Byzantins, elle comportait le monastère du Christ Pantépoptès, « celui qui voit tout », dont l’église est devenue la mosquée Eski Imaret, à l’architecture byzantine presque intacte ; le monastère de Lips ou mosquée de Fenari Isa ; et surtout, l’ancien monastère du Christ Pantocrator ou mosquée de Zeyrek, un des plus extraordinaires monuments byzantins d’Istanbul.

À la découverte des sept collines d’Istanbul (1)

Avant la conquête, c’était aussi sur la quatrième colline que se situait la plus importante église byzantine après Sainte-Sophie,  celle des Saints-Apôtres, aujourd’hui disparue, qui servit de modèle à la basilique Saint-Marc de Venise. Elle abritait des reliques insignes volées pendant la quatrième croisade et fut utilisée comme nécropole impériale pendant plusieurs siècles ; on peut encore en voir certains sarcophages de porphyre rouge à l’entrée du Musée archéologique d’Istanbul. C’est sur ses restes que Mehmet II édifia sa monumentale mosquée de Fatih ou Mosquée du Conquérant, entourée de jardins comportant des mausolées, dont le sien.

Mosquée de Fatih

Mosquée de Fatih

Suite dans le second article : 

À la découverte des sept collines d’Istanbul (2)

http://gisele-ecrivain-istanbul.over-blog.com/2023/04/a-la-decouverte-des-sept-collines-d-istanbul-2.html

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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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