Je n’avais pas prémédité d’écrire Janus Istanbul.
Contrairement à mes autres livres qui, généralement, correspondent à la concrétisation d’un projet, celui-ci s’est imposé à moi. Il m’est « tombé dessus » un soir de juin 2010 ; je me suis assise devant mon ordinateur et sans en comprendre la raison, j’ai commencé à écrire un texte théâtral intitulé Janus, étonnée moi-même de m’atteler à un nouveau travail de façon si inopinée. Il fut aussi, d’emblée, évident que la pièce serait musicale. Mon fils cadet, Erol, a alors accepté de collaborer avec moi pour en composer la musique. C’était le début d’une aventure qui allait durer un an et demi.
Je me suis donc jetée à corps perdu, durant l’été 2010, dans l’écriture de la première version de la pièce et des chansons mais sans avoir le sentiment que la production soit achevée, d’autant plus que je mets toujours deux ou trois ans pour écrire un livre.
Puis, à l’automne la collaboration avec Erol s’est enrichie d’un nouvel objectif : publier avec le livre un CD des musiques et chansons. Je dois avouer que nous avions le sentiment de nous atteler à une entreprise un peu trop ambitieuse pour nous mais la foi, la persévérance et la passion que nous y avons mises, compenseront, nous l’espérons, les petits défauts qu’on pourrait nous reprocher.
Cependant, si j’étais véritablement enchantée par les musiques de la pièce, il n’en était pas de même pour le texte ; je savais qu’il y « manquait quelque chose ». En janvier 2011, je l’ai donné à lire à mon fils aîné, Aksel, qui s’initiait au travail d’éditeur, en le priant d’en effectuer la critique. Je le remercie car il m’a donné l’idée qui allait modifier tout l’ouvrage : faire interpréter le personnage de Janus par deux acteurs.
Emballée par cette perspective, je me suis donc remise à la tâche : Janus Istanbul en est le fruit.
Je sais que l’on va me demander si cette pièce est autobiographique, ne serait-ce que par le fait que je vis depuis longtemps à Istanbul. Elle l’est en partie. Pas du tout, je le précise, en ce qui concerne les réactions des familles, car j’ai eu personnellement la chance d’avoir des parents qui, grâce à leur amour bienveillant, ont entièrement respecté ma décision de vivre dans une culture différente de la mienne et une belle-famille qui m’a accueillie avec tolérance.
Si, cependant, plusieurs épisodes s’inspirent de mon vécu, en vérité, la pièce s’en évade largement pour s’enrichir de celui de nombreuses autres personnes avec lesquelles j’ai eu l’occasion d’échanger mon expérience.
Finalement, à la question : « Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? », je répondrais : « Parce qu’il était indispensable pour moi… »
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