(RE)
Le 17 décembre, pour célébrer l’anniversaire de la mort de Mevlânâ (Rumi), ont lieu dans de nombreux endroits de Turquie, les cérémonies nocturnes de Şeb-i Aruz, soit, la “nuit de noces”, appelée ainsi par les croyants puisqu’il s’agit de la date où Mevlânâ a rejoint Dieu.
L’occasion m’a été fournie l'an dernier d’assister à cette envoûtante célébration non pas dans une salle où les “derviches tourneurs” se produisent en “spectacle” mais dans un lieu où d’authentiques “semazen” (ceux qui pratiquent la danse giratoire appelée “sema”) célébraient de tout leur cœur la mémoire du célèbre philosophe qui, au XIIIe siècle, créa leur confrérie.
Précisons que les “semazen” dont je parle sont éloignés de tout fanatisme religieux, ont la particularité de vénérer la République fondée par Atatürk, dont ils prient pour le repos de l’âme et considèrent les femmes comme leurs égales, ce qu’ils prouvent en les acceptant dans la cérémonie du “sema”, ce qui n’est pas le cas de tous les derviches tourneurs. Ils se nomment eux-mêmes les « amoureux universels de Mevlânâ », dont ils propagent le message de paix, fraternité, tolérance et amour.
Pour tenter de faire comprendre leur passion, je me contenterai de citer une anecdote que m’a racontée un « semazen » avec lequel j’ai eu la chance de parler :
Un homme, arrivant près du couvent de la confrérie, remarque des tombes sur lesquelles figurent des dates de mort telles que : « 3 ans », « 7 ans », « douze ans »…
Intrigué, il demande aux membres de la confrérie pourquoi leur cimetière renferme tant de tombes d’enfants. Y-a-t-il eu une catastrophe ? Une épidémie ?
-Non, répond un derviche. C’est que la date réelle de la naissance d’une personne ne signifie rien pour nous. Pour nous, la vraie date de naissance, c’est celle où la personne a « rencontré » Mevlânâ. C’est pour cela que nous indiquons la durée de vie en nombre d’années passées à pratiquer le « sema »…
Que cette « nuit de noces » soit l’occasion de délivrer un message de paix, de tolérance et de fraternité pour toute notre planète en souffrance…
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