Le football ne fait pas partie de mes passions. Mais je ne voulais pas râter cet événement « historique » de la vie stambouliote : l’inauguration du nouveau stade de Galatasaray.
Départ en métro à 16 heures pour un match commençant à 20h45… Les supporters sont prévoyants...
Le stade est grandiose, la cérémonie le fut aussi.
Danses, jeux de lumières, feux d’artifices...
Concert de Kenan Doğulu...
Certes, un spectacle inoubliable.
Si le stade est colossal (52000 places) et objectivement magnifique, il n’en reste pas moins que beaucoup de supporters ont été déçus. Parce que la rencontre avec l’Ajax s’est soldée par un match nul ? Non, pour d’autres raisons..
D’abord, sur le fronton du stade ne s’affiche pas le nom de « Galatasaray » mais celui de « Türk Telekom Arena. »
De plus, il fait froid, très froid dans cette cuvette de Seyrantepe. Une tenue de ski n'aurait pas été superflue...
Mais surtout, l’accès est malaisé. A l’aller, peu de difficultés. Le métro était bondé mais les arrivées échelonnées. Par contre, tous les spectateurs se demandaient comment ils allaient bien pouvoir retourner. En effet, les infrastructures n’étant pas terminées, actuellement, il n’y a que deux sorties possibles : soit prendre le métro, soit partir à pied, grimper une longue côte en terre battue et marcher deux kilomètres pour pouvoir regagner l’artère principale. Ce qui fait qu’une demi-heure avant la fin du match, le stade a commencé à se vider, tous redoutant de rester “coincés” en pleine nuit dans cette zone éloignée de la ville. Même si plus d’un quart des spectateurs du stade avait déjà quitté les lieux, la sortie à la fin du match fut impressionnante. Des milliers de personnes se dirigeant à grands pas vers la bouche de l’unique ligne de métro. Sans être agoraphobe, il y a de quoi hésiter. En ce qui nous concerne, nous avons donc préféré gravir la colline plutôt que de nous engouffrer dans le tunnel…
Les nostalgiques ne manqueront pas d’évoquer la larme à l’œil les souvenirs du stade de Ali Sami Yen. Quand on pouvait sauter dans un taxi à la dernière minute et assister quelques instants plus tard au premier coup de pied dans le ballon… Quand il suffisait de marcher quelques minutes pour retrouver les copains et copines (faire le tour du nouveau stade prend quand même une quinzaine de minutes)… Quand les tambours et la fanfare des supporters scandaient le match pour lui donner un air joyeux de fête foraine (A Seyrantepe, l’espace est si vaste qu’on les entend à peine).
Bref, quand on se sentait chez Cim Bom…
Stade de Ali Sami Yen, photo Internet
Le stade d'Ali Sami Yen dans FENÊTRES D’ISTANBUL ( Le roman est sorti en 2003 mais la description a été écrite en 1998)
Tiens, voilà Loup qui redescend. Il doit aller au match de foot, car il a revêtu les couleurs de l’équipe de Galatasaray, un anorak rouge, un bonnet de laine rouge et jaune. Au cou, une cordelière bicolore et à la main, un drapeau où l’on peut lire « Galatasaray Champion. » Il en a de la chance, celui-là, de pouvoir se payer une place au stade, c’est sûr même qu’il doit avoir acheté un fauteuil pour toute la saison. Une fois, il y a deux ans, il avait prêté sa carte à Brave. Parce que ce jour-là, il était occupé par une opération. C’était la première fois que Brave se trouvait au milieu de trente mille personnes oscillant au rythme des fanions rouges et jaunes et scandant les mots d’ordre :
« Galatasaray, le lion, Galatasaray, je mourrais pour toi ! »
Quand les clameurs de la foule ralentissaient, la fanfare entonnait l’hymne fétiche pour galvaniser les joueurs. C’était le théâtre inoubliable d’une vague hurlante scandée par le battement des tambours. Fasciné, saoulé par les vociférations de ses voisins, Brave n’avait pu se concentrer sur le jeu, le stade lui offrait le plus beau spectacle qu’il eût pu contempler dans sa vie. Il en était sorti heureux comme un enfant...