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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 11:55

Le 17 décembre, pour célébrer l’anniversaire de la mort du célèbre poète et philosophe mystique Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ,  ont lieu dans de nombreux endroits de Turquie, les cérémonies nocturnes de Şeb-i Aruz, soit, la « nuit de noces » ou « la nuit de l’union », appelée ainsi par les croyants qui considèrent que c’est la date à laquelle Mevlânâ a rejoint Dieu.

 

Cette envoûtante cérémonie est effectuée par des « derviches tourneurs » qui sont d’authentiques « semazen », ceux qui pratiquent la danse giratoire appelée « sema », célébrant ainsi de tout leur cœur la mémoire du célèbre philosophe qui, au XIII e siècle, créa leur confrérie.

Précisons que les « semazen » dont je parle sont éloignés de tout fanatisme religieux, ont la particularité de vénérer la République fondée par Atatürk, dont ils prient pour le repos de l’âme et considèrent les femmes comme leurs égales, ce qu’ils prouvent en les acceptant dans la cérémonie du « sema » ( ce qui n’est pas le cas de tous les derviches tourneurs). Ils se nomment eux-mêmes les « amoureux universels de Mevlânâ », dont ils propagent le message de paix, fraternité, tolérance et amour.

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Pour tenter de faire comprendre leur passion, je me contenterai de citer une anecdote que m’a racontée un « semazen » avec lequel j’ai eu la chance de parler :

Un homme, arrivant près du couvent de la confrérie, remarque des tombes sur lesquelles figurent des dates de mort telles que : « 3 ans », « 7 ans », « douze ans »…

Intrigué, il demande aux membres de la confrérie pourquoi leur cimetière renferme tant de tombes d’enfants. Y-a-t-il eu une catastrophe ? Une épidémie ?

-Non, répond un derviche. C’est que la date réelle de la naissance d’une personne ne signifie rien pour nous. Pour nous, la vraie date de naissance, c’est celle où la personne a « rencontré » Mevlânâ.  C’est pour cela que nous indiquons la durée de vie en nombre d’années passées à pratiquer le « sema »…  

 

Je n’oublierai jamais la première fois où je me rendis à Konya, au début de mon installation en Turquie. A cette époque, je ne savais presque rien de Mevlânâ, sauf qu’il était le fondateur de l’ordre des Derviches Tourneurs. Mais lorsque je fus entrée dans le mausolée, appelé « türbe », j’ai été si impressionnée par l’atmosphère qui s’en dégageait que j’ai tout de suite éprouvé le besoin de mieux connaître ce poète et philosophe. Je me suis alors plongée dans la lecture de ses livres essentiels, le Mesnevi et le Divan-ı Kebir que depuis, je n’ai jamais cessé de relire.

           Ancienne carte postale de la tombe de Mevlânâ

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Si on me demandait ce que la lecture de Mevlânâ a apporté à ma vie, la première réponse serait : il m’a émerveillé par sa tolérance. Au XIIIe siècle où, dans le reste du monde, on se battait souvent au nom de la religion, il n’hésite pas à prêcher l’amour et le respect de l’autre, quel qu’il soit. D’ailleurs, sa citation la plus célèbre, que l’on trouve reproduite dans une infinité de livres n’est-elle pas : « Viens, viens, viens ! Qui que tu sois, viens ! Que tu sois infidèle, idolâtre, païen, viens ! Notre confrérie n’est pas la confrérie du désespoir. Même si tu as renié cent fois ta parole, viens quand même… »

C’est après avoir effectué des recherches sur Mevlânâ que j’ai ensuite écrit deux romans historiques sur les Seldjoukides d’Anatolie, La Sultane Mahpéri et Sultane Gurdju Soleil du Lion…, dont Mevlânâ est un des personnages puisqu’il inspire tous ceux et celles qui le rencontrent…

 

A l’automne 2018, j’ai eu la chance d’être invitée par l’université de Selçuk à Konya pour parler de mes livres.
 

 

Les personnes qui m’ont merveilleusement reçue m’ont conduite dans tous les lieux « mystiques » de Konya, pour les voir ou revoir…

Ici, sur la tombe d'Eva de Vitray-Meyerovitch, la grande spécialiste du soufisme, qui avait émis le voeu d'être inhumée à Konya non loin du mausolée de Mevlânâ...

...

 

Le merveilleux musée de Konyanuma qui offre des panoramas géants sur l’histoire du lieu…

 

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  • : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d’Istanbul
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  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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