Chaque année se déroulent le 25 avril les cérémonies de commémoration des martyres de la bataille terrestre des Dardanelles ou Campagne de Gallipoli, qui opposa les soldats anglais, russes et français aux troupes de l’Empire ottoman, de l’Allemagne et de l’Empire Autro-Hongrois, entre le 25 avril 1915 et le 9 janvier 1916 et se termina par la victoire de l’Empire ottoman.
(Toutes les illustrations de cet article sont copiées sur Internet, merci aux auteurs)...
Le mausolée face à la mer...
Le 25 avril, jour du débarquement franco-britannique, est aussi « la Journée de l’Anzac », celui du débarquement du Corps armé australien et néo-zélandais.
Le cimetière des Anzac...
Cette année, date du centenaire, les cérémonies revêtent une solennité particulière et des touristes et journalistes du monde entier sont venus se recueillir sur le site pour honorer la mémoire des dizaines de milliers de morts au combat.
Mustafa Kemal aux Dardanelles...
Le cimetière français des Dardanelles
Texte copié sur le site de l’Ambassade de France à Ankara :
« La France était représentée par son ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, qui a présidé la cérémonie au cimetière français, et par le vice-amiral d’escadre Yves Joly, commandant la zone, la région et l’arrondissement maritime Méditerranée, représentant le chef d’Etat-major des Armées. Des soldats français de la base de l’OTAN d’Izmir, des marins de la frégate Cassard, positionnée au large du cimetière français, ainsi que des membres d’associations d’anciens combattants étaient également présents. »
Extraits du discours de Jean-Yves Le Drian (copiés sur le site de l’Ambassade de France à Ankara).
« Cent ans après, les croix de fer de Seddülbahir et les tombes blanchies par le soleil de la péninsule rappellent le sacrifice de ces soldats.
En ce jour solennel, la France rend hommage à ses poilus du front d’Orient, aux 80 000 hommes du Corps expéditionnaire d’Orient et de la Marine française qui sont venus défendre leur patrie sur cette terre lointaine, théâtre de l’un des épisodes les plus tragiques de notre histoire. Marins, zouaves, tirailleurs sénégalais, algériens, légionnaires, 10 000 soldats français et coloniaux sont tombés devant Gallipoli. Ni l’ampleur des pertes, ni la violence de la guerre, n’ont diminué la bravoure de ces hommes. Leur courage et leur sens du sacrifice ne seront jamais oubliés.
Je pense également aux soldats anglais, australiens, néo-zélandais, mais aussi aux combattants turcs qui ont perdu la vie dans ces mêmes combats.
Le 25 avril ne célèbre pas une victoire. Il commémore la bataille des Dardanelles telle qu’elle s’est jouée ici. Il honore la mémoire de toutes les nations qui ont combattu, et c’est bien là le sens que Mustapha Kemal avait voulu donner à cette cérémonie.
Gallipoli incarne donc aujourd’hui, plus que jamais, la réconciliation des belligérants d’hier, la fraternité de nos peuples, la détermination de nos pays à lutter de longue date ensemble en faveur de la paix… »
Un soldat français aux Dardanelles
Paix aux âmes de ces soldats de tous les bords qui ont tant souffert et sont venus mourir sur cette presqu’île de Gallipoli, parfois si loin de leur terre natale…
Émile Verhaeren, Les Ailes rouges de la guerre, « La patrie aux soldats morts », 1016.
Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,
Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans
Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
Où plus que jamais douce apparut la lumière.
On n’osait plus songer au réveil des champs d’or
Que l’aube revêtait de sa gloire irisée ;
La guerre occupait tout de sa sombre pensée
Quand au fond des hameaux on apprit votre mort.
Depuis votre départ, à l’angle de la glace,
Votre image attirait et les cœurs et les yeux,
Et nul ne s’asseyait sur l’escabeau boiteux
Où tous les soirs, près du foyer, vous preniez place.
Hélas ! où sont vos corps jeunes, puissants et fous,
Où, vos bras et vos mains et les gestes superbes
Qu’avec la grande faux vous faisiez dans les herbes ?
Hélas ! la nuit immense est descendue en vous.
Vos mères ont pleuré dans leur chaumière close ;
Vos amantes ont dit leur peine aux gens des bourgs ;
On a parlé de vous tristement, tous les jours,
Et puis un soir d’automne on parla d’autre chose.
Mais je ne veux pas, moi, qu’on voile vos noms clairs.
Vous qui dormez là-bas dans un sol de bataille
Où s’enfoncent encor les blocs de la mitraille
Quand de nouveaux combats opposent leurs éclairs.
Je recueille en mon cœur votre gloire meurtrie,
Je renverse sur vous les feux de mes flambeaux
Et je monte la garde autour de vos tombeaux,
Moi qui suis l’avenir, parce que la Patrie.
Un beau roman en anglais sur cette période :
Leyla Yidirim
Gallipoli 1915 : Unfulfilled Promesses, Editions GiTa, 2014