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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 23:00

 

Tamaris, le petit Bosphore de Michel Pacha...(1)

 

 

Marius Michel, capitaine au long cours sur les paquebots-poste reliant Marseille au Proche-Orient, est nommé à trente-six ans Directeur des Phares et Balises de l’Empire ottoman. Sa mission : parsemer de phares les rives de la Mer Noire, de la Marmara, de la Méditerranée et de l’Egée puis construire plus tard le port de Galata. La fortune colossale qu’il édifie à Istanbul lui permettra dans sa vieillesse de réaliser son rêve : reconstituer un « Petit Bosphore » dans la baie de Tamaris, au sud de la France...

 

 

Marius Michel contemplait les eaux sombres, le gris et le bleu tournoyaient sous la crête blanche des vagues façonnées par le vent. Son yacht approchait de Tamaris et il allait enfin retrouver son château (…)

Marius Michel se souvint tout  coup de sa luxueuse demeure de Constantinople, dans le quartier européen de Çukurcuma. Parfois, il s’en allait à pied, incognito, aux Petits Champs, pour  prendre le tramway à chevaux.

 

RUE-DES-PET-TS-CHAMPS.jpg

 

Il aimait à observer les dames turques, dans leurs manteaux de soie multicolores, la bouche dissimulée sous une voilette de mousseline transparente ou les Grecques aux extravagants chapeaux confectionnés par des modistes aux surnoms parisiens.

 

phebus.jpg

Puis, il se rendait sur la place de Beyazid, chez le célèbre photographe Nicolas Andriomeno et se faisait photographier en costume ottoman.

 

andrıomeno

 

  Mais tout cela était si loin tout à coup, tant d’années avaient passé… Il se remémora soudain l’allumage des phares du Bosphore.

 

962 001

 

 

Le premier contrat signé entre la France et la Sublime Porte prévoyait trente-six phares. Une année plus tard, une vingtaine avaient déjà été crées ou restaurés (…)

A cet instant, la nostalgie le saisit quand remonta le souvenir magique des nuits de Constantinople. Les Turcs aimaient organiser ce qu’ils nommaient les « Fêtes du clair de lune. » Les soirs d’été où la lune inondait de sa lumière les eaux du Bosphore, des centaines de caïques voguaient nonchalamment autour de barques où des orchestres rivalisaient de concerts de musique. Les échos des mélodies se mêlaient au froufroutement des bateaux sur les flots.

 

 michel pacha 004      Les Stambouliotes raffolaient des promenades en caïque, on n’y pratiquait pas la séparation des sexes, c’était l’occasion pour les hommes de tenter d’apercevoir un visage et pour les femmes de découvrir le leur en feignant une chute accidentelle de leur voile. Parfois s’offrait au regard des curieux le caïque impérial, long d’environ trente-cinq mètres, un aigle d’or posé sur la proue, actionné par une trentaine de rameurs ; tous les Stambouliotes espéraient apercevoir le Padichah, assis dans son kiosque doublé de soie et rebrodé de pierreries, ou les princes impériaux, reconnaissables au velours bleu de leur embarcation. D’autres soirs, les promeneurs se rendaient en calèche sur la colline de Mirhabad, au-dessus de la baie de Kanlica, réputée pour être le promontoire d’Istanbul offrant le plus beau spectacle lunaire sur les eaux.

 

Sultan-Abdulhamit-copie-2.jpg

 

Quand on passait à l’obscur, les palais et les yalis des dignitaires étaient ornés de chandelles brûlant dans des coquilles de moules flottant sur les eaux et on tirait des feux d’artifice dans les anses du détroit. Avec le recul du temps, la féerie des jeux de lumière nocturnes de Constantinople émergeait comme un de ses plus enchanteurs souvenirs.

 

A suivre...

 

L'incroyable destin de Michel Pacha fait l'objet d'un des quatre chapitres du roman Secrets d'Istanbul, Editions GiTa Yayinlari, 2009, en vente en France sur Amazon.fr link Ataturquie.fr link, en Turquie dans toutes les librairies et sur gitayayinlari.com.link

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Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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