Les Iles des Princes doivent leur nom au fait que, chez les Byzantins, elles servaient de terre d’exil aux princes tombés en disgrâce. Mais chez les Ottomans, qui les désignaient par l’appellation des « Iles rouges », à cause de la couleur de leur terre, elles n’abritèrent plus que des hameaux de pêcheurs et des monastères. A partir du Tanzimat, en 1839, qui accorde aux étrangers le droit d’acquérir des propriétés, on les surnomme les « Iles françaises », car ce sont les Français qui, les premiers, les choisissent comme lieu de villégiature.
Et à partir de 1846, lorsqu’un bateau à vapeur les relie à Kadikoy, le destin de cinq de ces neuf îles disposées en anneau au large d’Istanbul va définitivement changer.
La seconde partie du XIXe siècle voit alors fleurir de fabuleuses demeures en bois à colonnades, de style néobaroque, néoclassique ou d’inspiration anglaise. Des architectes grecs, arméniens et italiens (car ce sont essentiellement les minoritaires qui fréquentent les îles) rivalisent pour édifier ces somptueux manoirs à deux ou trois étages, souvent dotés de façade à encorbellement décorées de dentelle de bois, au milieu de jardins entourés de grilles en fer forgé ouvragé
Plus tard, au XXe siècle, apparaîtront de grands chalets inspirés de l’Art Nouveau mais le style des ouvrages est assez éclectique et reflète plus souvent la créativité des architectes. Notons que Buyukada comporte un bâtiment spectaculaire, celui de l’orphelinat grec, crée par l’architecte levantin Alexandre Vallaury à la fin du XIXe, et qui est considéré comme la deuxième plus grande construction en bois du monde.
Durant de longues années, bien que les îles aient toujours eu leurs inconditionnels, certaines demeures ont été laissées à l’abandon. Cependant, de nombreux Stambouliotes aisés ont peu à peu racheté ces manoirs fantômes, témoins des fastes d’un autre siècle, si bien que la côte de ces merveilles a grimpé jusqu’à atteindre des millions de dollars.
Ayant eu récemment l’occasion d’en visiter une, je n’ai pu qu’y admirer le mélange subtil du nouveau et de l’ancien : habillage de bois neuf pour la façade, confort moderne à l’intérieur, carrelage copie conforme de l’original, rampes d’escalier, mobilier et lustres d’époque…
Si vous aimez rêver et vous croire soudain transporté cent cinquante ans auparavant, rien de tel qu’une promenade dans les îles en hiver.
Sur les coussins d’un phaéton qui vous conduit au trot dans des allées au charme suranné, vous pourrez accomplir un romantique voyage dans le temps.
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Un roman sur l'Istanbul de jadis :
Le Jardin fermé, de Marc hélys
Un autre beau roman sur l'Istanbul de jadis
L'Homme qui assassina, de Claude Farrère
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