La colline de la sultane Adilé, appelée aussi "Validebag" est le second espace vert de la rive asiatique d’Istanbul, classé comme site naturel depuis 1999, avec ses dix hectares plantés d’arbres séculaires.
Il y a deux cents ans, le sultan Selim III (1798-1807) y fit édifier pour sa mère, la sultane Mihrichah, un kiosque de campagne, qui fut plus tard offert par Abdulmecit à sa propre mère, Bezmialem. Cette dernière, important des milliers d'espèces venues de tout le pays et de l’étranger, convertit le parc en jardin botanique. Il échut ensuite en héritage à la famille Altunizade, qui y édifia le kiosque d’Ismail Zuhtu Pacha, qui l’offrit au sultan Abdulaziz. Enfin, ce dernier en fit cadeau à sa fille Adilé, pour laquelle l’architecte Nigogos Balyan construisit un merveilleux petit palais, aujourd’hui employé comme « maison des professeurs » (en Turquie, les professeurs ont des « maisons » dans lesquelles ils peuvent, à prix modestes, aller se restaurer ou demeurer quelques jours comme dans un hôtel ; certaines d’entre elles sont situées dans des édifices historiques).
Quelles sont donc les richesses de la colline de la sultane Adilé, un des poumons verts d’Istanbul ?
Environ sept mille arbres, dont des cèdres de l’Atlas et de l’Himalaya, toutes sortes de pins, des paulownias, des hêtres, des arbres fruitiers ; 117 espèces d’oiseaux venant y nicher, dont des rossignols ; des milliers de plantes et d’insectes.
Quel est le sujet de la colère des amoureux des arbres ?
La construction d’une mosquée et de parcs à voitures. La colline avait déjà fait en 2006, l’objet d’un projet d’aménagement qui, suscitant la colère des riverains, avait été abandonné. Puis, en, 2009, un parcours de course y a été aménagé, c’est là qu’a eu lieu le championnat de cross européen. Finalement a été crée la « Fondation des Volontaires de Validebag » pour protéger le site.
Depuis une semaine, suite à un début d’arrachage des arbres, les volontaires (accusés par leurs adversaires de s’opposer à la construction d’une mosquée mais affirmant qu’ils ne font que défendre la nature et les arbres) se mobilisent jour et nuit, dans le froid et la pluie, pour s’opposer aux bulldozers et occupent le site. De nombreux affrontements ont déjà eu lieu avec les forces de l’ordre. Les voitures placées en barrière pour empêcher le passage des bulldozers ont été enlevées par la fourrière.
Comment cette histoire se terminera-t-elle ? On sait, depuis les événements du Parc Gezi en juin 2013, qu’à Istanbul, le sujet de la coupe des arbres est particulièrement sensible. On sait aussi que la ville d’Istanbul sera candidate, en 2017, au titre de « capitale européenne verte ».
Souhaitons que tout finisse dans la concorde et la survie des arbres…
Aux dernières nouvelles, mardi 28 à 15 heures, les manifestants ont été repoussés par des balles en plastique et les bulldozers sont entrés sur le site...
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